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Articles

Affichage des articles du mars, 2013

L'hiver indien, on en parle ?

L e printemps n'est pas là. Le mois de mars est particulièrement glacé - il n'a pas fait aussi froid en mars depuis 1987, dans le nord de la France. Il fait gris, encore et toujours. Les gens sont tristes. Les visages sont fermés. Les arbres hésitent à habiller leurs branches de feuilles. Les bourgeons sont repliés sur eux-mêmes.  On annonce de la pluie pour le week-end de Pâques. Un long week-end de pluie, de bourrasques et d'hiver. C'est l'hiver indien, en quelque sorte. Marine Le Pen était l'invitée de France Inter ce matin. Le genre d'interview qui ne met pas franchement la pêche. La classe politique s'invective. Le Parisien titre aujourd'hui : “Pierre Moscovici : "non, je ne suis pas un salopard !"”.  Hors contexte, c'est assez sidérant . Mais ça en dit long. Me voilà, dépression L'équipe de France de football a perdu face à l'Espagne malgré un arbitre vendu qui nous a épargné par deux fois un pénalt

Un Secret

V oici le premier poème appris par cœur, lorsque j'avais neuf ou dix ans. Je m'en souviens encore . Son auteur est assez méconnu, et je n'ai jamais lu de lui que ce poème, intitulé “Un Secret”, mais il m'a accompagné longtemps durant mon adolescence : Mon âme a son secret, ma vie a son mystère Un amour éternel en un instant conçu : Le mal est sans espoir, aussi j'ai dû le taire, Et celle qui l'a fait n'en a jamais rien su. Hélas ! J'aurai passé près d'elle inaperçu, Toujours à ses côtés, et pourtant solitaire. Et j'aurai jusqu'au bout fait mon temps sur la terre, N'osant rien demander, et n'ayant rien reçu. Pour elle, quoique Dieu l'ait faite douce et tendre Elle ira son chemin, distraite et sans entendre Ce murmure d'amour élevé sur ses pas. À l'austère devoir, pieusement fidèle, Elle dira, lisant ces vers tout remplis d'elle “Quelle est donc cette femme ?” - et ne comprendra pas.

Vous êtes ici chez moi

E ncore sous la couette, dans une petite chambre parisienne, encombrée de bouquins, de bibelots, de dvd, de fringues éparses, je me connecte à ce blog. C'est aussi chez moi, ce blog : une autre chambre où s'entassent souvenirs, espérances, impressions et envies, depuis plusieurs années maintenant . Une chambre dans laquelle je peux inviter des gens, au hasard de leur connexion, pour leur faire faire un tour. Pour leur montrer tel objet, leur lire tel recueil, leur donner telle idée qui vient de me passer par la tête. Comme si j'ouvrais ma porte aux passants Par politesse, je ne veux pas qu'ils repartent bredouille. Je veux qu'ils emportent avec eux quelque chose, et si possible pas n'importe quoi . Bien sûr, chacun est libre. C'est sur place ou à emporter . On peut très bien consommer ces lignes et repartir rassasié, sans plus y penser ensuite. Mais j'aime me dire qu'il arrive, quelque fois, qu'une phrase demeure à l'esprit de

Je ne regrette rien

J e n'ai aucun regret aujourd'hui, aucun remord. Je pourrais, pourtant… Je pourrais regretter tout ce temps passé sur Internet durant mon adolescence, à débattre avec des trolls, avant de comprendre l'inutilité d'une telle activité. Je pourrais regretter d'avoir si souvent accordé mon temps à des choses dont je ne suis pas particulièrement fier : regarder telle émission de télévision, suivre l'affaire DSK de près, taper “ clash ” dans le moteur de recherche de Youtube, ou connaître le nom de Cortex, par exemple. Je pourrais regretter tous ces savoirs inutiles, ceux de la “culture générale” niveau zéro , dont la télé-réalité est le reflet le plus fort : “ allo, t'es une fille t'as pas de shampoing ”. Ces phrases qui s'imposent à vous, que vous retenez malgré tous vos efforts, et qui s'inscrivent quelque part dans votre cerveau, entre la phénoménologie de l'esprit et la liste des courses à faire en rentrant du travail. Je me fous

Pourquoi je vis

P ourquoi que je vis Pourquoi que je vis Pour la jambe jaune D'une femme blonde Appuyée au mur Sous le plein soleil Pour la voile ronde D'un pointu du port Pour l'ombre des stores Le café glacé Qu'on boit dans un tube Pour toucher le sable Voir le fond de l'eau Qui devient si bleu Qui descend si bas Avec les poissons Les calmes poissons Ils paissent le fond Volent au-dessus Des algues cheveux Comme zoizeaux lents Comme zoizeaux bleus Pourquoi que je vis Parce que c'est joli. Boris Vian

Finalement, j'aime bien le dimanche…

S 'éveiller à la campagne, rester un moment dans son lit, entendre le ronronnement du chat, voir le soleil qui passe son bras par la fenêtre, n'avoir aucun impératif, aucun programme déterminé pour la journée. Prendre son temps, se faire un café, discuter avec quelques personnes sur Twitter, sortir dans le jardin. S'installer au coin du feu. Se laisser hypnotiser par le mouvement des flammes… Il faut savoir apprécier le dimanche à sa juste valeur. Si l'on considère ce jour comme la veille d'une semaine de travail, on prend le risque de ternir vingt-quatre heures de bonheur. Il m'arrive de ne pas aimer le dimanche, car tout est trop calme, et que le lundi est trop proche. C'est dommage, comme il est dommage d'avoir un sentiment de spleen à la fin de ses vacances, par exemple. On n'est pas triste à la fin du repas, quand on arrive au dessert. Ni quand on approche du générique d'un film qu'on prend plaisir à regarder. La fin d'u

SxSW : l'avenir omniprésent (ou pas)

L 'année dernière, j'avais la chance d'aller à Austin (Texas), pour le festival interactive SxSW . Je découvrais cette ville sous son meilleur jour, donc, avec l'atmosphère singulière d'innovation et d'inventivité propre à cet événement qui réunit tous les geeks du monde entier pour une semaine de conférences et de festivités. Comme chaque année, on se demandait quelle nouvelle application, quel nouveau réseau social, allait faire parler de lui. Le futur était omniprésent . On parlait géolocalisation, open data , ville connectée ,  je rencontrais le créateur d'Instagram , j'écoutais avec attention une conférence sur la musicalité des marques sur les médias sociaux … C'était pour ainsi dire passionnant, et je suis rentré à Paris avec de nombreuses idées en tête. Mais aucune application, ni aucun réseau social, n'avait réellement fait mouche cette année-là. Pas de nouveau Twitter, ou de nouveau Foursquare à l'horizon. L'appli m

Cette inconnue, renversée sous mes yeux

D imanche dernier, une femme que je ne connais pas a voulu traverser trop rapidement une avenue parisienne pour prendre son bus qui arrivait. Elle se précipita, et fut heurtée par une voiture qui arrivait dans l'autre sens. Il y eut le bruit du pare-choc, son corps fut projeté sur la chaussée. Il y eut les cris des passants, l'agitation, l'inquiétude dans les regards . Je vis cette femme sur le sol, le sang sur le bitume, la foule autour d'elle. J'appelais les secours au téléphone, qui étaient déjà en chemin, prévenus par le chauffeur du bus. Et je me retrouvais là, comme tous ces autres, à contempler ce spectacle qui n'en était pas un. À voir cette femme que je ne connaissais pas, inconsciente, sur le boulevard, pour avoir voulu, inconsciente, traverser ce même boulevard, précipitamment. Pour gagner peut-être cinq ou six minutes dans sa vie, elle venait de la mettre en péril. Ce que ces accidents peuvent sembler stupides, après coup ! Risquer sa peau

Sonnet

J e vis, je meurs : je me brûle et me noie, J'ai chaud extrême en endurant froidure ; La vie m'est et trop molle et trop dure, J'ai grands ennuis entremêlés de joie. Tout en un coup je ris et je larmoie, Et en plaisir maint grief tourment j'endure ; Mon bien s'en va, et à jamais il dure, Tout en un coup je sèche et je verdoie. Ainsi Amour inconstamment me mène Et, quand je pense avoir plus de douleur, Sans y penser je me trouve hors de peine. Puis, quand je crois ma joie être certaine, Et être en haut de mon désiré heur, Il me remet en mon premier malheur. Louise Labé.

Hello Darkness

À quoi tu penses ?

“D is, à quoi tu penses ?” Cette question vient rompre un silence qui s’installait doucement. Elle me regarde, me sourit, puis me repose la question. Ce n’est pas facile d’y répondre, car il faut renouer avec le fil de mes pensées, qu’elle a précisément interrompu en m’interrogeant. Pense bête En soi, d’ailleurs, ce n’est pas évident de savoir à quoi l’on pense . À partir de quand le flux incessant de choses qui nous passent par la tête peut-être considéré comme une “pensée”, à part entière ? La plupart des idées qui naissent dans un cerveau ne se se conçoivent ni ne s’énoncent clairement.  Je vous renvoie à Sartre ou à Nietzsche . Ce que je pense, pourtant !  Cogito ergo sum J’ai l’impression que je pense tout le temps , que ça ne s’arrête jamais. Des images, des fantasmes, des projets, des envies, des regrets, des souvenirs, des impressions, des jugements, des doutes, des inquiétudes, des désirs, tout cela m’habite, se bouscule à l’intérieur de ma boi

Ce qu'il m'aura fallu de temps pour tout comprendre [extrait]

C e qu'il m'aura fallu de temps pour tout comprendre Je vois souvent mon ignorance en d'autres yeux Je reconnais ma nuit je reconnais ma cendre Ce qu'à la fin j'ai su comment le faire entendre Comment ce que je sais le dire de mon mieux Parce que c'est très beau la jeunesse sans doute Et qu'on en porte en soi tout d'abord le regret Mais le faix de l'erreur et la descente aux soutes C'est aussi la jeunesse à l'étoile des routes Et son lourd héritage et son noir lazaret […] Charlatan de soi-même on juge obligatoire Ce qu'un simple hasard vous a fait prononcer Demain ce n'est qu'un son jeté sur le comptoir Ce qu'on peut à vingt ans se raconter d'histoires Et l'avenir est tributaire du passé On se croit libre alors qu'on imite On fait l'homme On veut dans cette énorme et plate singerie Lire on ne sait trop quelle aventure à la gomme Quand bêtement tous les chemins mè

Pourquoi je ne regarderai plus #ONPC

I l faut que j'arrête de regarder “ On n'est pas couché ”.  En nostalgique des émissions de “ Tout le monde en parle ”, il m'arrive souvent de regarder France 2 le samedi soir. Après des années à écouter Zemmour en prime time nous répéter les mêmes refrains réactionnaires - ce qui était déjà assez pénible, bien souvent - j'espérais que les choses allaient s'arranger. La fois de trop Mais hier, c'était la fois de trop . Laurent Ruquier a trouvé intelligent d'inviter en guest star  sur son plateau l'auteur d'un ouvrage controversé qui soutient que notre société est victime d'un phénomène “ d'ensauvagement ”. Un livre dans lequel l'auteur accumule des faits divers morbides, accompagnés de statistiques soigneusement sélectionnées, pour “ arriver à la conclusion (parfaitement explicite) que tout cela est de la faute des Arabes et des Noirs et qu'il faut ouvrir des centaines de milliers de nouvelles places de prisons pour l

Gainsbourg

G ainsbourg disparaissait le 2 mars 1991. Il y a 22 ans, jour pour jour. Hommage sur le site de l'Ina.fr aujourd'hui : une vidéo, chez lui, de la ballade de Melody Nelson.