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Articles

Affichage des articles du février, 2010

Le roman inachevé

“Les plus beaux livres sont écrits dans une sorte de langue étrangère” disait Proust . J'aimais bien cette phrase, auparavant. Mais je ne sais pas si je la trouve très juste, au fond. Je crois même que c'est exactement l'inverse. Les plus beaux livres que je lis sont souvent écrits dans une langue qui m'est étrangement familière.  C'est le cas par exemple du Roman inachevé  d'Aragon. En parcourant ce livre à mes vingt ans,    j'avais le sentiment de lire le témoignage d'une vie. Et de fait, je crois que ce livre s'adresse avant tout aux jeunes lecteurs. “Parce que c'est très beau la jeunesse sans doute / et qu'on en porte en soi tout d'abord le regret / Mais le faix de l'erreur et la descente aux soutes / C'est aussi la jeunesse à l'étoile des routes / Et son lourd héritage et son noir lazaret”. Je pense sincèrement qu'il faut lire ce roman, à la fois poétique et profond, lorsque l'on a vingt ans. Et le relire

Ça, c'est fait.

Lundi dernier, je passais mon code à Lille. Pourquoi à Lille ? Parce que que je m'étais inscrit en début d'année universitaire, que ça coûtait moins cher, que c'était à deux pas de chez moi, et pour d'autres raisons encore, peut-être… La journée aurait pu être particulièrement maussade. Il pleuvait sur Lille. J'avais quelques heures pour réussir mon examen, et rentrer à Paris pour retourner au boulot. À vrai dire, je n'étais pas particulièrement optimiste, dans la mesure où j'avais passé peu de temps à réviser mon code de la route. Sur Internet, principalement, j'avais effectué quelques tests, dont les résultats n'étaient pas très réguliers. Je connaissais l'enjeu. Je connaissais la règle. Cinq fautes. Il ne fallait pas que je commette plus de cinq fautes… Dans la salle d'examen, il y avait un peu de tout. Des lycéens hyper stressés, des trentenaires un peu perdus, des hommes, des femmes, des petits, des grands… À ma droite, un Lillois à la

Miroir, oh mon miroir…

Voilà longtemps que je n'ai rien posté sur ce blog qui soit en rapport avec mon master de communication . Je n'ai pourtant pas oublié ce que j'ai appris ces derniers temps, ou du moins pas tout oublié. Je crois même avoir acquis quelques réflexes, et je ne reste pas de marbre, par exemple, lorsque j'assiste au lancement de la nouvelle campagne de recrutement de l'armée de Terre ("devenez vous-même"). J'ai désormais une vague idée du travail qui est fait en amont, pour ce type d'opérations publicitaires, et je reconnais que je trouve ça intéressant. Un autre exemple me vient à l'esprit. J'ai récemment appris sur le site de l'Atelier (que je vous invite bien entendu à consulter régulièrement) qu'un système était en développement pour faire des miroirs des toilettes publiques - les toilettes des aéroports, notamment - des panneaux publicitaires. Voici un extrait de l' article en question (écrit par Nathanael), qui explique un peu

Le blog de Sartre

Quand on y pense, heureusement que Sartre n'avait pas de blog… Ç'aurait été particulièrement laborieux. Il suffit de lire cet extrait de la Nausée  pour s'en rendre compte. Quel esprit torturé… “La pensée, c'est moi qui la continue, qui la déroule. J'existe. Je pense que j'existe. Oh! le long serpentin, ce sentiment d'exister - et je le déroule, tout doucement... Si je pouvais m'empêcher de penser! J'essaie, je réussis : il me semble que ma tête s'emplit de fumée... et voila que ca recommence: "Fumée... ne pas penser... Je ne veux pas penser... Je pense que je ne veux pas penser. Il ne faut pas que je pense que je ne veux pas penser. Parce que c'est encore une pensée." On n'en finira donc jamais? Ma pensée, c'est moi: voilà pourquoi je ne peux pas m'arrêter. J'existe par ce que je pense... et je ne peux pas m'empêcher de penser. En ce moment même - c'est affreux - si j'existe, c'est parce que j'

La petite maison

“La petite maison”. C'est ainsi que l'on nomme le studio dans lequel Julie et moi vivons en ce moment. Certes, c'est une “petite maison”. Avec une petite porte. Deux étages. Trois niveaux. 10 mètres carré sur 10 mètres carré sur 10 mètres carré. Une petite salle de bain, avec un lavabo. Une petite cuisine, avec un évier. Une petite salle à manger, avec une petite table et quelques petites chaises. Mais un grand confort, puisqu'il y a tout de même une baignoire dans la petite salle de bain. Contre toutes attentes, elle ne se situe pas dans la prairie, mais au cœur de Paris, à une centaine de mètres du Panthéon. Dans la petite rue de Lanneau, juste à côté du restaurant le Petit Prince . Et je n'invente rien.  J'y avais passé un peu de temps, il y a quelques années, en préparant mes concours. J'y suis de nouveau. Et c'est vraiment cool. Je tenais à le dire ce soir. Et surtout à évoquer sur mon blog ce lieu singulier, qui fait partie intégrante de ma vie pr

Octave Segalen

Je suis oncle, de nouveau. Et heureux, de nouveau. Voici Octave Segalen, à deux jours. 

Par -9 dehors, ça donne envie…

Littérature & nourriture

Je ne sais pas pourquoi ça m'est venu, mais en dînant ce soir avec Julie, aux Tambours, rue Montmartre, je me suis dit que j'allais poster les extraits qui suivent sur ce blog. Des extraits parfaitement écrits, qui incarnent même pour moi une certaine idée que je me fais de la littérature. Ces trois passages évoquent le rapport à la faim, à la soif, mais aussi au goût, à la délectation, au rythme d'ingurgitation. J'espère que vous avez un creu, au moment où vous lisez ces lignes… La figue “Voilà l'un des rares fruits, je le constate, dont nous puissions, à peu de choses près, manger tout : l'enveloppe, la pulpe, la graine ensemble concourant à notre délectation ; et peut-être bien, parfois, n'est-ce qu'un grenier à tracasseries pour les dents : n'importe, nous l'aimons, nous la réclamons comme notre tétine ; une tétine, par chance, qui deviendrait tout à coup comestible, sa principale singularité, à la fin du compte, étant d'être d'un c

Think different

“Only two things are infinite, the universe and human stupidity. And I'm not sure about the former”.       Albert Einstein.  J'ai parfois l'impression que mon esprit sommeille *. Il y a tant de choses que j'aimerais faire, tant de choses que j'aimerais changer. Ce n'est pas tant que ma vie présente soit à mes yeux imparfaite, mais j'ai de temps en temps le sentiment que je commence à vivre sans y faire attention. C'est l'un des pires penchants chez l'homme, sans doute : oublier qu'il est en train de vivre. C'est aussi l'un de ses penchants les plus naturels.  J'étais dans le train, tout à l'heure. Je devais faire dans la journée un aller-retour à Lille, pour des histoires de papiers à récupérer, de préparation de code, etc. Il se trouve que j'avais retrouvé le matin-même mes écouteurs d'iPod, perdus depuis plusieurs semaines. La corrélation de ces deux événements m'a amené à une certaine prise de conscience. En

Aréoport de Nice

En arrivant à l'aéroport de Nice, je n'ai pas pu m'empêcher de penser à la scène de la cité de la peur. Je n'ai pas réussi à la retrouver dans son intégralité, mais voici deux extraits, de mauvaise qualité, mais tout de même. Ah, et d'ailleurs, je me suis mis à lire les Frères Karamazov. Et c'est très bien.

Envoyé spécial

J'ai l'air de me prendre un peu trop au sérieux ? Oui, d'accord. Mais lorsque je poste une telle photo, assez humiliante en un sens (puisque je suis seul dans un hôtel à me photographier dans la glace de la salle de bain), c'est du second degré, forcément.  N'empêche, pendant deux jours, j'ai été “envoyé spécial". Ce n'est pas rien ça, “envoyé spécial”.  Ces mots sonnent étrangement, je trouve. “ Envoyé spécial ”. Si l'on n'y réfléchit pas, c'est la classe, évidemment. Mais si l'on s'y arrête, ne serait-ce qu'une seconde, et qu'on les observe attentivement, ils sonnent un peu faux. Envoyé de quoi, envoyé où, pourquoi ? Envoyé ? Autrement dit, posté ? Comme un colis, comme une enveloppe ? Envoyé en voyage. Propulsé à quelques kilomètres pour couvrir un événement. Spécial ? Oui, c'est logique. Envoyé spécialement pour couvrir cet événement. Envoyé occasionnel, ça signifie la même chose, mais ce n'est probablement pas as