Voici le premier poème appris par cœur, lorsque j'avais neuf ou dix ans. Je m'en souviens encore. Son auteur est assez méconnu, et je n'ai jamais lu de lui que ce poème, intitulé “Un Secret”, mais il m'a accompagné longtemps durant mon adolescence :
Mon âme a son secret, ma vie a son mystère
Un amour éternel en un instant conçu :
Le mal est sans espoir, aussi j'ai dû le taire,
Et celle qui l'a fait n'en a jamais rien su.
Hélas ! J'aurai passé près d'elle inaperçu,
Toujours à ses côtés, et pourtant solitaire.
Et j'aurai jusqu'au bout fait mon temps sur la terre,
N'osant rien demander, et n'ayant rien reçu.
Pour elle, quoique Dieu l'ait faite douce et tendre
Elle ira son chemin, distraite et sans entendre
Ce murmure d'amour élevé sur ses pas.
À l'austère devoir, pieusement fidèle,
Elle dira, lisant ces vers tout remplis d'elle
“Quelle est donc cette femme ?” - et ne comprendra pas.
Félix Arvers
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