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Articles

Affichage des articles du juin, 2014

Le rêve de la vie

À vingt ans, poète aux abois, Quand revenait la saison rose, J'allais promener sous les bois Mon cœur morose. À la brise jetant, hélas ! Le doux nom de quelque infidèle, Je respirais les frais lilas En rêvant d'elle. Toujours friand d'illusions, Mon cœur, que tout amour transporte, Plus tard à d'autres visions Ouvrit sa porte. La gloire sylphe décevant Si prompt à fuir à tire-d'aille, À son tour m'a surpris souvent À rêver d'elle. Mais maintenant que j'ai vieilli, Je ne crois plus à ces mensonges ; Mon pauvre cœur plus recueilli A d'autres songes. Une autre vie est là pour nous, Ouverte à toute âme fidèle : Bien tard, hélas ! à deux genoux, Je rêve d'elle ! L.H Fréchette [illustration :  'look' by Bernadette Pascua]

Retrouvailles

C e soir, je retrouve ma copine, après vingt jours de séparation. Vingt jours, loin, l'un de l'autre, elle à New-York, moi à Paris. Vingt jours : un laps de temps qui peut paraître à la fois assez court, ou considérablement long, en fonction de ce à quoi on le compare ; en fonction, aussi, de la façon dont les jours passent. Le temps, on le sait, est une valeur relative. Je viens de terminer La Passante du Sans-Souci , de Joseph Kessel (1936). Une histoire d'amour magnifique, qui peut faire pleurer un lecteur sensible, en tout cas l'émouvoir. J'ai dévoré ce roman en 48 heures. L' attente  y tient une place singulière. J'ai déjà écrit, sur ce blog, ce que cela signifiait, aux yeux de Roland Barthes : quand on attend, c'est qu'on est amoureux . Et j'ai pu le mesurer une nouvelle fois, ces dernières semaines. Après vingt jours, je la retrouve enfin. Beaucoup de couples connaissent bien ces séparations régulières, plus ou moins prolongées.

J'ai tant rêvé de toi

J 'ai tant rêvé de toi que tu perds ta réalité. Est-il encore temps d'atteindre ce corps vivant Et de baiser sur cette bouche la naissance  De la voix qui m'est chère? J'ai tant rêvé de toi que mes bras habitués  En étreignant ton ombre À se croiser sur ma poitrine ne se plieraient pas Au contour de ton corps, peut-être. Et que, devant l'apparence réelle de ce qui me hante Et me gouverne depuis des jours et des années, Je deviendrais une ombre sans doute. Ô balances sentimentales. J'ai tant rêvé de toi qu'il n'est plus temps Sans doute que je m'éveille. Je dors debout, le corps exposé À toutes les apparences de la vie Et de l'amour et toi, la seule qui compte aujourd'hui pour moi, Je pourrais moins toucher ton front Et tes lèvres que les premières lèvres et le premier front venu. J'ai tant rêvé de toi,

La nouvelle jeunesse de Vine

V ine revient à la mode . L'application, lancée par Twitter en janvier 2013, et qui permet de partager des vidéos de 6 secondes, en boucle, trouve une nouvelle jeunesse. Les internautes redoublent de créativité. Les agences de communication le réintègrent à leur stratégie social media. Les chaînes de télévision le jalousent secrètement, car on retrouve sur Vine des contenus inédits, impossible à voir ailleurs. La Coupe du Monde profite à Twitter, mais aussi à Vine L'exemple le plus frappant est celui du mondial 2014, où chaque but de la compétition se retrouve sur la plateforme quelques secondes après avoir été marqué. Ce qu'aucun média ne peut se permettre, pour cause de droits à l'image. Le phénomène a été analysé en détail sur Slate.fr (lire : ce que les six secondes d'un vine changent à la Coupe du Monde ). L'Équipe, embarrassée par cette injustice, a malgré tout trouvé une parade. Chaque but est reconstitué sur le compte Vine officiel du journal

Le droit d'oublier l'autre

C 'est désormais un droit bien concret . Depuis le 29 mai, tout internaute européen peut demander à Google de supprimer des liens vers des pages qu'il juge " hors de propos, obsolètes ou inappropriés ". L'arrêt du 13 mai de la Cour de justice européenne trouve donc une application directe. Le droit à l'oubli existe bel et bien. Quand on parle de "droit à l'oubli" , on pense à cette possibilité offerte à n'importe quel utilisateur d'effacer ce qui le concerne, sur Internet. Autrement dit, c'est une façon de retirer de la Toile la part de ses données personnelles qui s'y trouve prisonnière, et comme emmêlée. À partir du moment où l'on sait que le nombre de personnes qui se connectent au moins une fois par semaine est passée de 60 à 72 % depuis 2010 (et que seuls 20 % des Européens n'ont jamais utilisé Internet, soit un tiers de moins qu'il y a quatre ans ), on mesure l'enjeu. On mesure le progrès. Le droit

Harmonie du soir

V oici venir les temps où, vibrant sur sa tige, Chaque fleur s'évapore ainsi qu'un encensoir ; Les sons et les parfums tournent dans l'air du soir ; Valse mélancolique et langoureux vertige ! Chaque fleur s'évapore ainsi qu'un encensoir ; Le violon frémit comme un coeur qu'on afflige ; Valse mélancolique et langoureux vertige ! Le ciel est triste et beau comme un grand reposoir. Le violon frémit comme un cœur qu'on afflige, Un cœur tendre, qui hait le néant vaste et noir ! Le ciel est triste et beau comme un grand reposoir ; Le soleil s'est noyé dans son sang qui se fige. Un cœur tendre, qui hait le néant vaste et noir, Du passé lumineux recueille tout vestige ! Le soleil s'est noyé dans son sang qui se fige… Ton souvenir en moi luit comme un ostensoir. Charles Baudelaire J'ai appris ce poème par cœur la semaine dernière, car j'aimais sa construction originale, et que je

Se sentir juste bien

I l est des moments de la vie où l'on aspire à de belles et grandes expériences, à des passions brutales, à des événements sans précédent ; des moments où l'on peste contre la monotonie, contre le quotidien, contre la morosité de l'existence. Des moments où l'on a besoin d'air, voire de feu.  Des moments où l'on rêve d'une aventure soudaine ( quoique confortable ), qui viendrait vous sortir de cet état-là, faisant de vous le héros, ou l'héroïne, d'un roman qui commence tout juste - il était temps ! - à s'écrire. Il arrive en effet qu'on se sente embourbé dans l'époque, confronté à l'ennui grandissant, piégé par l'incuriosité. Il ne se passe rien. Ah ! Si seulement il se passait quelque chose. N'importe quoi. Juste un instant. Un instant seulement. Pour sortir de là.                                        Il y a d'autres moments où l'on est bien. C'est mon état présent. Rien ne me contrarie, rien ne m

Nouveau départ

P remière nuit dans le 11ème arrondissement. Première nuit dans mon nouvel appartement. Un nouveau chapitre de vie qui commence.  L'occasion, comme toujours , de faire un peu le ménage ; d'ordonner mes affaires, de ranger le vrac de mes pensées, de hiérarchiser mes envies. L'occasion aussi de découvrir de nouvelles rues, de nouveaux espaces qui, peu à peu, deviendront familiers. Il y aura vite de nouveaux repères, de nouveaux lieux de prédilection, de nouvelles habitudes. Et c'est tant mieux. Je comprends les voyageurs, les aventuriers, les découvreurs, pour qui les retours sont intercalaires. Je comprends mon arrière-grand-père qui parcourait le monde en s'interrogeant, et en écrivant. Je comprends celles et ceux qui ont - dans leurs tripes - ce besoin de repartir. De s'immerger dans du nouveau, dans de l'étrange, dans du différent. Ne jamais se sédentariser trop longtemps, tout en préservant et en valorisant ses racines, comme le faisait mon ancêt

Tomorrow was another day

A vec le mondial de foot qui approche, je ne peux m'empêcher de penser à cette chanson. Un homme la sifflotait ce matin dans le bus, par hasard. Je me suis dit que c'était une raison supplémentaire de la publier ici. Les paroles sont en-dessous. Brazil, when stars were entertaining June,  We stood beneath an amber moon   And softly murmured someday soon… We kissed, and clung together   Then - tomorrow was another day   The morning found us miles away   With still a million things to say.   And now, when twilight dims the skies above   Recalling thrills of our love   There's one thing I'm certain of…   Return, I will, to old Brazil.   Brazil, when stars were entertaining June,   We stood beneath an amber moon   And softly murmured somedy soon…   We kissed and clung together   Then - tomorrow was another day   The morning found us miles away   With still a million things to say.   And now when twilight dims the skies abov

La saison de la douleur

  “T out cela se passait au début de novembre de l'avant-dernière année. Un grand fleuve de vie coule entre toi et une date aussi lointaine. À peine si tu peux voir au-delà d'une si aride étendue. Mais pour moi, il semble que tout cela est survenu non pas hier, mais aujourd'hui. La souffrance est un très long moment. On ne peut la diviser en saisons. On ne peut qu'enregistrer ses accès et noter leurs retours. Pour nous, le temps lui-même ne progresse pas. Il tourne. Il paraît entourer un centre unique de douleur. La paralysante immobilité d'une vie, dont le moindre détail est réglé selon un programme immuable, de sorte que nous mangeons, buvons, marchons, nous couchons et prions, ou du moins nous agenouillons pour prier, selon les inflexibles lois d'une règle de fer ; ce caractère d'immobilité, qui, jusque dans le plus petit détail, rend chaque horrible journée identique à la précédente, semble se communiquer à ces forces extérieures dont l'existence

Un peu déconnecté

C ela fait plusieurs jours que je n'ai rien publié sur ce blog. J'ai profité de la semaine de congé pour me déconnecter un peu. Même si, je l'avoue, j'ai pas mal été sur Twitter, vers la fin ; je me suis pas mal checké sur Foursquare, j'ai fait un selfie Instagram au jardin du Luxembourg, et j'ai même téléchargé l'application Secret (un réseau social qui permet de partager du contenu anonymement avec des amis et des amis d'amis). Il me reste des efforts à faire pour me libérer pleinement des habitudes du monde moderne. Mais j'ai quand même pu profiter de ces quelques jours pour lire De Profundis , pour écouter Gotainer, pour voir plusieurs expos, pour me rendre à un festival de musique, pour voir Lorde en concert, pour flâner dans les rues de Paris, pour voir des amis, pour faire du shopping, pour m'allonger dans l'herbe, et pour trouver un nouveau logement. Le tout, en très bonne compagnie. Et il me reste un long samdim pour profiter