À vingt ans, poète aux abois, Quand revenait la saison rose, J'allais promener sous les bois Mon cœur morose. À la brise jetant, hélas ! Le doux nom de quelque infidèle, Je respirais les frais lilas En rêvant d'elle. Toujours friand d'illusions, Mon cœur, que tout amour transporte, Plus tard à d'autres visions Ouvrit sa porte. La gloire sylphe décevant Si prompt à fuir à tire-d'aille, À son tour m'a surpris souvent À rêver d'elle. Mais maintenant que j'ai vieilli, Je ne crois plus à ces mensonges ; Mon pauvre cœur plus recueilli A d'autres songes. Une autre vie est là pour nous, Ouverte à toute âme fidèle : Bien tard, hélas ! à deux genoux, Je rêve d'elle ! L.H Fréchette [illustration : 'look' by Bernadette Pascua]