P our être tout à fait honnêtes avec nous-mêmes, nous devrions savourer le vendredi soir au moins autant qu'on dédaigne le lundi matin. À la sempiternelle question : “comment ça va ?”, il faudrait être capable de répondre, en un sourire radieux : “comme un vendredi soir”, de la même façon qu'on sait déclarer “comme un lundi matin”, après un soupir désespéré. C'est très humain, de broyer du noir , de râler, de se plaindre quand on est malade ; et très inhabituel de se réjouir d'être en bonne santé, de bonne humeur, ou reposé. Le plaisir du dévoreur Il y a une phrase de Schopenhauer qui, de prime abord, peut paraître désespérante, mais qui sonne très juste : “ l'agonie de l'animal dévoré est toujours plus grande que le plaisir du dévoreur ”. J'y repense souvent. Surtout quand un hasard de la vie m'amène à regarder un documentaire animalier. C'est vrai : le prédateur prend un plaisir éphémère à déchiqueter sa proie, et la ...