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Affichage des articles associés au libellé voyage

Sauf Raison Impérative

J 'ai enlevé mes chaussures. Mes pieds glissent dans le sable chaud. Le vent soulève des nuages de poussière fine et dorée qui retombent sur les dunes. À l'horizon, nulle vie humaine. Du sable, du soleil, et ce scarabée qui poursuit son chemin. Quand la nuit sera tombée, le ciel sera - comme hier - plus étoilé que jamais.  Je suis dans le désert mauritanien. Si je regarde le site France Diplomatie , je me trouve dans une zone "déconseillée sauf raison impérative". Il y aurait AQMI plus loin, dans ce même désert. Ici, pourtant, le danger ne se fait aucunement ressentir. Les personnes que l'on croise sont accueillantes, et n'ont pas l'air d'être inquiètes une seconde pour nous. "Sauf raison impérative". Cette formule résonne dans mon esprit. Ai-je une raison impérative de me trouver ici, dans l'Adrar, les cheveux ébouriffés par le sable et le vent, la peau chauffée par le soleil ? Quel devoir impérieux m'amène donc à cette...

Retrouvailles

C e soir, je retrouve ma copine, après vingt jours de séparation. Vingt jours, loin, l'un de l'autre, elle à New-York, moi à Paris. Vingt jours : un laps de temps qui peut paraître à la fois assez court, ou considérablement long, en fonction de ce à quoi on le compare ; en fonction, aussi, de la façon dont les jours passent. Le temps, on le sait, est une valeur relative. Je viens de terminer La Passante du Sans-Souci , de Joseph Kessel (1936). Une histoire d'amour magnifique, qui peut faire pleurer un lecteur sensible, en tout cas l'émouvoir. J'ai dévoré ce roman en 48 heures. L' attente  y tient une place singulière. J'ai déjà écrit, sur ce blog, ce que cela signifiait, aux yeux de Roland Barthes : quand on attend, c'est qu'on est amoureux . Et j'ai pu le mesurer une nouvelle fois, ces dernières semaines. Après vingt jours, je la retrouve enfin. Beaucoup de couples connaissent bien ces séparations régulières, plus ou moins prolongées....

Je ne veux pas quitter

Traverser l'existence

B ien souvent, quand on pense à la vie, on se figure un voyage, un cheminement . On vient de quelque part, on va vers je-ne-sais-où. Comme s'il s'agissait de traverser l'existence , de long en large. Comme si tout n'était que passage, périple, trajectoire. Quelquefois, on s'arrête un instant pour mesurer le segment derrière nous, ou pour entrevoir la suite : ce point de fuite qui s'efface à l'horizon. “I feel like I'm walking a tight rope, without a circus net”. Eminem L'homme marche sur une brèche, en équilibre. Ce que l'on ignore, au début, c'est à quel point cette ligne se transforme en pointillés ensuite. Ce sentiment de ne plus très bien savoir où l'on se trouve, ni pourquoi : cette impression de rêver sa vie . Voyage existentiel Le présent, tel qu'il est, dépend de tellement d'événements, de bizarreries, d'étrangetés. Un voyage dans le temps permet de s'en rendre compte rapidement ( à lire ici ). Tout pourr...

De retour vers Paris

Je suis dans le train, qui file à travers la campagne française. La nuit commence à tomber : bientôt je verrai mon reflet en regardant par la fenêtre. Pour le moment, je vois encore une chaîne de basses montagnes, au loin, et des champs, séparés par des haies, des lacs, et quelques chemins de terre.  Le soleil perce encore les nuages, mais sa lumière faiblit déjà. Il faudra que je termine avant l’arrivée ce livre d’Hemingway - Le Jardin d’Eden -, assez mauvais si je le compare aux deux précédents que j’ai dévoré ces dernières semaines. C’est rassurant, en un sens, de voir que les plus grands romanciers peuvent se planter, de temps à autres. Eux-aussi . J’ai froid aux pieds ; la clim n’est pas très bien réglée, probablement. La plupart des passagers dorment déjà, et ne se rendent pas compte du souffle de fraîcheur qui balaye leurs jambes. Je m’arrête un instant d’écrire, pour regarder ce fleuve que nous traversons : le Rhône. Je reste un long moment absorbé par les paysages, plon...