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Articles

Affichage des articles du septembre, 2014

Time passes slowly

V oilà l'automne. J'écoute Bob Dylan , en sentant le froid qui s'immisce, en voyant les branchages qui tressaillent dans la brise. Des images me reviennent. Les rues de Nantes ; elle, lisant ma lettre, sur le quai ; les boulevards lillois, vers Cormontaigne, qui s'emplissent de feuilles mortes, au petit matin ; les carrefours parisiens, soudain lumineux, dans la nuit qui tombe prématurément. Tous ces lieux métamorphosés, en si peu de temps. Comme toujours. Time passes slowly when you're lost in a dream . Je relis ce que j'écrivais alors, les saisons passées. Je mesure la récurrence des sentiments. Je ne change pas tant que ça, année après année. La même mélancolie vient doucement frapper à ma porte, fidèle parmi les fidèles. Elle n'est pas poisseuse, pas incommodante. Rien à voir avec la solitude ou le désespoir. Elle vient avec le sourire, et son regard tendre se pose sur moi. Time passes slowly when you're searchin' for love .

Du mauvais sang

P armi les personnes que je croise, tous les jours, dans la rue, dans les transports en commun, nombreuses sont celles - sans doute - qui sont préoccupées par des problèmes à venir. C'est à elles, en particulier, que je m'adresse ici. À toutes celles, et à tous ceux, qui se font aisément un sang d'encre.  La peur au ventre J'ai toujours été marqué par cette expression : "se faire du mauvais sang ". C'est étonnant qu'on l'utilise encore, en dépit de son caractère moyenâgeux. Nous ne pratiquons plus les saignées depuis des décennies, mais conservons cette formule étrange. Comme si de l'inquiétude, de l'anxiété, naissait réellement un sang moins "bon", moins "pur", ou de moins bonne qualité. C'est une réalité qu'on connaît tous. On se retrouve dans son lit, la tête dans l'oreiller, l'obscurité est totale, et pourtant… impossible de dormir. Le sommeil ne vient pas. Les pensées, nombreuses, s

Pause salutaire

C ombien j'ai pu m'ennuyer, certains jours, quand j'étais au collège, ou au Lycée ! Je m'en souviens encore assez précisément. Ces heures d'ennui où les aiguilles de l'horloge, au-dessus du tableau noir, semblaient tourner au ralenti. Il n'y avait rien à faire, pour lutter contre ce sentiment. L'ennui s'imposait à moi. C'était terrible. Ces moments sont beaucoup plus rares, aujourd'hui. À part dans certaines réunions, ou certaines salles d'attente, il y a toujours des pensées pour venir me divertir. Le vide, la lassitude, l'impression que le temps s'est momentanément arrêté ; tout cela ne fait plus autant partie de mon quotidien. Forcément (en 2012, déjà, je parlais de l'insatisfaction perpétuelle ), c'est maintenant que j'aspire à ces instants de suspension.  Je pense que la "vie active", pour reprendre l'expression consacrée, souffre de ne pas assez offrir aux individus ces pauses salutaire

Mieux voir

J e me souviens très bien de ce qu'avait dit ma prof de philo, en hypokhâgne, en rendant les premières copies corrigées. Nous étions tous assis, face à elle, fraîchement sortis du Lycée, inquiets de ce premier résultat. Après quelques semaines de cours, les mines étaient déjà déconfites. Nous avions raison d'être inquiets, d'ailleurs. Les notes furent pitoyables. Les meilleurs d'entre nous s'en sortirent avec un sept ou un huit sur vingt.  Sa voix fut douce, tranquille. Elle nous donnait l'un des meilleurs conseils pour l'année qui débutait. L'un des meilleurs conseils pour ma vie future, aussi : " Vous venez de buter sur une pierre. L'important, ce n'est pas la chute. L'important, c'est de ne pas trébucher, à l'avenir, sur la même pierre ".  Move on! Je garde en mémoire ces mots, aujourd'hui. Ainsi que ceux de Jed Bartlet dans l'excellente série The West Wing. Là encore, il s'agit d'un conseil

Des photos, partout, tout le temps…

E n 2014, 40 millions de photos sont publiées, chaque jour, sur Instagram. C'était 5 millions fin 2012 (ce qui était déjà pas mal, entre nous : 58 photos par seconde ). Chaque mois, en France, ce sont près de 190 millions de photos qui sont prises sur l'application.  Tout le monde prend des photos, tout le temps. C'est un changement majeur avec ce que l'on connaissait, il y a quelques dizaines d'années seulement. Tout individu né au début des années 2000 pourra consulter des milliers de photos prises de lui lorsqu'il était enfant, par ses parents, ses frères et sœurs, mais aussi ses oncles, ses tantes, ses cousins, ses voisins, et tel ou tel inconnu, présent le même jour, au même endroit que lui.  Des images, à foison À l'inverse, les personnes de ma génération (et des générations précédentes) n'ont souvent qu'un album de famille, où sont soigneusement entreposés les quelques clichés que l'on connaît par cœur, et que l&

Vous n'êtes pas seul(e) à naviguer sur la Toile

J e n'ai rien contre les phénomènes de masse. Je vois plutôt d'un bon œil le fait que nous nous rassemblions, de temps en temps, pour célébrer un événement sportif, découvrir de nouvelles applications, nous enflammer pour une série américaine, ou nous divertir pour la bonne cause avec un  Ice Bucket Challenge . L'intérêt d'Internet Mais n'oublions pas ce qui fait réellement l'intérêt d'Internet. Contrairement au téléspectateur, l'internaute est libre de naviguer à sa guise, de se perdre, d'avoir ses préférences, ses habitudes. Chacun peut sortir des sentiers battus , se créer son propre environnement culturel, organiser sa veille en fonction de thématiques bien spécifiques. Bien à lui. " Chacun sa route, chacun son chemin ", en quelque sorte. N'oublions jamais de naviguer à notre façon sur la Toile. C'est ce que j'écrivais déjà, en 2011 : "il faut nager non pas à contre-courant, car cela ne mène à rien, mais

Le sentiment d'exister

R ares sont les personnes qui ont un destin hors du commun. C'est probablement l'un des principaux arguments du film Boyhood - au demeurant assez longuet - qui met en scène plusieurs personnages, filmés pendant douze ans. Ceux ci grandissent, ou vieillissent, sans que ne se dégage véritablement de sens à leur existence. Ils franchissent simplement le mur des ans, "sans miracles plein les oreilles", sans événements extraordinaires. La vie passe. C'est tout. Ce que ce film ne montre pas, je trouve, c'est l'intensité de certains moments de vie. J'ai vécu, moi, je le sais, de nombreuses fois, ce sentiment profond d'exister. Celui-ci est né d' une impression, un soir d'automne , lorsque la pluie venait tomber sur les phares des voitures. Il est apparu lorsqu'une fille que j'aimais m'a regardé différemment pour la première fois. Il m'a envahi lors de certains effleurements : ces premiers contacts amoureux, si puissants. I