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Très doucement, plus doucement encore

T rès doucement, plus doucement encore, Berce ma tête entre tes bras, Mon front fiévreux et mes yeux las ;  Très doucement, plus doucement encore, Baise mes lèvres, et dis-moi Ces mots plus doux à chaque aurore, Quand me les dit ta voix, Et que tu t'es donnée, et que je t'aime encore. Le joug surgit maussade et lourd ; la nuit Fut de gros rêves traversée ; La pluie et ses cheveux fouettent notre croisée Et l'horizon est noir de nuages d'ennui. Très doucement, plus doucement encore, Berce ma tête entre tes bras, Mon front fiévreux et mes yeux las ; C'est toi qui m'es la bonne aurore, Dont la caresse est dans ta main Et la lumière en tes paroles douces : Voici que je renais, sans mal et sans secousse, Au quotidien travail qui trace, en mon chemin, Son signe, Et me fait vivre, avec la volonté, D'être une arme de force et de beauté, Aux poings d'or d'une vie insigne. Émile Verhaeren

Un matin

D ès le matin, par mes grand-routes coutumières Qui traversent champs et vergers,    Je suis parti clair et léger, Le corps enveloppé de vent et de lumière. Je vais, je ne sais où. Je vais, je suis heureux ; C’est fête et joie en ma poitrine ;          Que m’importent droits et doctrines, Le caillou sonne et luit, sous mes talons poudreux ; Je marche avec l’orgueil d’aimer l’air et la terre, D’être immense et d’être fou          Et de mêler le monde et tout À cet enivrement de vie élémentaire. Ô les pas voyageurs et clairs des anciens dieux ! Je m’enfouis dans l’herbe sombre          Où les chênes versent leurs ombres Et je baise les fleurs sur leurs bouches de feu. Les bras fluides et doux des rivières m’accueillent  Je me repose et je repars,          Avec mon guide : le hasard, Par des sentiers sous bo...