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Articles

Affichage des articles du juillet, 2010

Jamais

Jamais Jamais, avez-vous dit, tandis qu'autour de nous Résonnait de Schubert la plaintive musique ;  Jamais, avez-vous dit, tandis que, malgré vous, Brillait de vos grands yeux l'azur mélancolique.  Jamais, répétiez-vous, pâle et d'un air si doux Qu'on eût cru voir sourire une médaille antique.  Mais des trésors secrets l'instinct fier et pudique Vous couvrit de rougeur, comme un voile jaloux.  Quel mot vous prononcez, marquise, et quel dommage ! Hélas ! Je ne voyais ni ce charmant visage,  Ni ce divin sourire, en vous parlant d'aimer.  Vos yeux bleus sont moins doux que votre âme n'est belle.  Même en les regardant, je ne regrettais qu'elle,  Et de voir dans sa fleur un tel cœur se fermer.  Alfred de Musset

Je vis toujours des soirées parisiennes

Je reviens d'une nouvelle soirée parisienne , dans cet étrange automne de fin de juillet, pour me coucher de nouveau après une heure du matin. La soirée fût agréable. Un spectacle de Flamenco, pendant lequel je me suis laissé aller à penser à ma vie, absorbé par la musique et l'atmosphère délicieusement hispanique,  les sens emportés par ces plaintes et ces danses d'un autre âge. Comme si j'étais auprès d'un feu, assis, le regard perdu dans les flammes.  Que vais-je faire ? Où en serai-je dans dix ans ? Pourquoi suis-je incapable de délaisser cette obsession ? Cesser enfin de me poser ces sempiternelles questions. Enfin. Pour me laisser porter sereinement par le cours des choses. Suivre mon instinct, comme j'en discutais avec Adrien l'autre soir. Et abandonner en même temps l'illusion d'une liberté absolue, en suivant les conseils de Schopenhauer, que je continue de découvrir (il faudrait peut-être que je varie un peu mes lectures, même si je tiens à

Songe d'une nuit de Jazz

La vie est belle

Quelques jours à la campagne. Bien à l'aise sur une chaise longue. Al Green chantant Let's stay together dans mes oreilles. Le soleil caressant mon visage. Les oiseaux virevoltant sous mes yeux. Les pieds dans l'herbe. Une très légère brise passant dans mes cheveux. Julie à quelques mètres de moi.  24 ans de vie. La belle vie.  Je pourrais être dans une salle d'examen, à passer un test désobligeant.  Je pourrais être fiévreux, dans un lit de vertiges et de sueurs.  Je pourrais être assis, la bouche ouverte, à attendre qu'un dentiste approche son instrument de torture.  Je pourrais attendre en vain la fin d'une soirée pleine d'ennui.  Je pourrais greloter dans une nuit trop froide. A Houlgate par exemple.  Je pourrais être un lundi matin, déjà fatigué par la semaine de travail qui s'annonce. Je pourrais être assis dans un avion de malheur, à craindre pour ma vie. Mais je suis là , dans ce bonheur estival. Bonheur scandaleux.

Surprise

Je ne m'y attendais pas.  Vraiment pas. Bien sûr, comme chaque année depuis mon dernier et jusque là  seul  anniversaire surprise, j'étais un peu paranoïaque. Mais après six ans de suspicion, aux alentours du 23 juillet, j'avais fini par baisser la garde. En plein été, de toute façon, c'était difficile d'imaginer qu'un nombre suffisant de personnes pouvait se rassembler pour me  surprendre.    Et pourtant. Pourtant voilà que, sur le pont des arts, mes amis m'attendaient pour me souhaiter “joyeux anniversaire”. J'étais avec Julie, ne sentant rien venir, et ne voyant  littéralement rien arriver - et pour cause, ma myopie ne s'est pas atténuée au fil du temps - j'entendis soudain à quelques mètres devant moi, sur ma gauche, le chœur de mes amis.  Une très bonne soirée s'ensuivit.  C'est toujours très agréable de voir des amis appartenant à différentes périodes et différents lieux de sa vie se rassembler. C'est d'ailleurs ce qui fai

Songe d'une nuit d'été

Je connaissais mal Paris l'été . J'y passais la plupart du temps qu'un moment, entre deux voyages, entre la Bretagne et le Gers, entre la mer et la montagne, entre le Pouliguen et Craveggia, entre Soucy et Ornézan… voire entre San Francisco et Hong-Kong. J'y restais parfois une semaine, à crever de chaleur, dans ma chambre de bonne de la rue Gay-Lussac. Rarement plus.  Je prends conscience ces derniers jours de la chance que j'ai eue par le passé de pouvoir partir si souvent en vacances, lors de ces mois de juillet et d'août, où les rues de Paris se vident peu à peu pour faire place aux flux de touristes que je vois chaque matin du 27 ou du 21 se presser devant la pyramide du Louvre.  Mais j'aime bien, en fait, ce Paris estival.  Les journées passent plus vite, le ciel est immensément bleu, et les soirées sont très agréables. D'autant qu'il y a beaucoup de choses à faire, le soir, contrairement à ce que je pensais. Hier, je profitais du cinéma en pl

Créer du désir

En publicité, “ la création, c'est créer le désir ” , rappellent Jacques Lendrevie et Arnaud de Baynast. Cela paraît assez évident aujourd'hui. Désir et consommation sont deux termes que l'on associe instinctivement, et le consommateur sceptique se détourne d'autant plus facilement de la communication qu'il suspecte chez elle cette propension à vouloir le séduire, le tenter, le pervertir.  “ La publicité ayant pour objectif, in fine , soit de vendre plus, soit d'opérer un changement d'image positif,  destiné à orienter les comportements en faveur de la marque ou du sujet publicisé, on pourra émettre sur la création un principe simple et valide dans presque 100% des cas : elle est faite pour créer du désir ” ( Le Publicitor ).  Certes, mais le problème est bien là . Comment créer du désir avec du dentifrice, de la lessive, des boites de conserve, ou tous ces autres objets du quotidien auxquels, par définition, nous sommes tous déjà accoutumés ? Voilà la ques

détails de vie

I l est difficile d'écrire sur soi , sur sa vie, de s'écrire en quelque sorte. D'une part parce que cela induit bien entendu un certain narcissisme et une certaine prétention, du moins un égotisme - et de fait. D'autre part parce que, comme l'écrit Robbe-Grillet, “ toute réalité est indescriptible ”, et “ la conscience est structurée comme notre langage (et pour cause), mais ni le monde, ni l'inconscient ; avec des mots et des phrases, je ne peux représenter ni ce que j'ai devant les yeux, ni ce qui se cache dans ma tête, ou dans mon sexe ”. La littérature étant sans issue, simple “ poursuite d'une représentation impossible ”. Robbe-Grillet conclut : “ Il me reste à organiser des fables, qui ne seront pas plus des métaphores du réel que des analogons, mais dont le rôle sera celui d'opérateurs ”.  Je ne sais pas quant à moi si j'écris ici des fables . J'écris simplement quelques phrases, comme on taille dans l'écorce d'un arbre

Laisse béton

Un long week-end se profile ce soir. Je suis déjà chez moi, tranquille, attendant qu'Adrien me rappelle. J'erre un peu sur les sites d'informations, comme ça, pour voir comment va le monde. J'apprends que BP semble avoir trouvé une solution à cette marée noire gigantesque - plus de quatre millions de barils de pétrole déversés dans l'Océan. Je découvre avec surprise que la vache folle "disparaît enfin d'Europe" ( LeMonde ) : je pensais que cela faisait dix ans qu'elle n'était plus d'actualité. Comme quoi. J'apprends également qu'un braqueur de casino a été abattu par la police près de Grenoble. Je l'imagine, préparant son coup, observant les tables et tout cet argent en circulation, dessinant les plans du projet qui vient d'aboutir à sa mort. Je pense à la chanson de Renaud Les Charognards (“Il est deux heures du mat'/Le braquage a foiré/J'ai une balle dans le ventre/une autre dans le poumon/J'ai vécu à Sarcelle

Viva Espana !

De la liberté de vouloir

Un grand ciel bleu . Nous rangeons la petite maison, Julie et moi. Rangement d'été, en quelque sorte. Hier, nous avons fait l'acquisition d'un ventilateur, particulièrement stylé je dois le préciser. La période estivale parisienne sera par conséquent beaucoup plus supportable. Reste à régler la question des moustiques, qui nous épargnent pour le moment, mais que je suspecte de préparer quelque chose, pour émerger prochainement, et ruiner mes nuits de Juillet.  Je continue de découvrir Schopenhauer (je dis ça de façon très naturelle) - en particulier la première partie de l'ouvrage Les deux problèmes fondamentaux de l'éthique , où il disserte sur le sujet philosophique : “La liberté de la volonté humaine peut-elle être démontrée à partir de la conscience de soi ?”.  En gros, il répond que non. Et il ajoute que la question mérite de vraies précisions. Après quoi il démonte le concept de liberté de façon magistrale. Je vous laisse apprécier la qualité de la dissertatio

La musique

La Musique La musique souvent me prend comme une mer ! Vers ma pâle étoile,  Sous un plafond de brume ou dans un vaste éther,  Je mets à la voile.  La poitrine en avant et les poumons gonflés Comme de la toile J'escalade le dos des flots amoncelés,  Que la nuit me voile ;  Je sens vibrer en moi toutes les passions D'un vaisseau qui souffre ;  Le bon vent, la tempête et ses convulsions Sur l'immense gouffre Me bercent. D'autres fois, calme plat, grand miroir De mon désespoir ! Charles Baudelaire

Champagne

Un malheur n'arrive jamais seul. Phrase terrible qui trouve parfois une triste réalité, et qui crée une atmosphère proprement anxiogène, puisque l'on en vient à attendre avec inquiétude les prochains désastres, à craindre la sonnerie d'un téléphone devenue signe de mauvais augure.  Le cas inverse est parfois vrai cependant. C'est la situation que je connais actuellement. D'un point de vue strictement universitaire-scolaire-estudiantin, Julie et moi terminons l'année sous les meilleurs auspices (and love), elle réussissant son rapport de stage et son grand oral, moi mon mémoire et ma soutenance. J'apprends que mon frère a réussi avec succès la présentation de l' INHESJ , qu'Aurélie a eu le Capes d'économie, que Nathanaël intègre l' IFP , que Damien a eu son bac avec mention bien, et 18 en philo s'il vous plaît, que Clémence a validé son année. Bref. Les bonnes nouvelles s'enchaînent, et rendent chaque journée agréable. En ce moment,

Mémoire