Il est difficile d'écrire sur soi, sur sa vie, de s'écrire en quelque sorte. D'une part parce que cela induit bien entendu un certain narcissisme et une certaine prétention, du moins un égotisme - et de fait. D'autre part parce que, comme l'écrit Robbe-Grillet, “toute réalité est indescriptible”, et “la conscience est structurée comme notre langage (et pour cause), mais ni le monde, ni l'inconscient ; avec des mots et des phrases, je ne peux représenter ni ce que j'ai devant les yeux, ni ce qui se cache dans ma tête, ou dans mon sexe”. La littérature étant sans issue, simple “poursuite d'une représentation impossible”. Robbe-Grillet conclut : “Il me reste à organiser des fables, qui ne seront pas plus des métaphores du réel que des analogons, mais dont le rôle sera celui d'opérateurs”.
Je ne sais pas quant à moi si j'écris ici des fables. J'écris simplement quelques phrases, comme on taille dans l'écorce d'un arbre un mot qu'on espère retrouver vingt ans plus tard, avec cette émotion qui est aussi celle de ces instants de déménagement, où l'on se replonge dans ses cartons et ses tiroirs, à trier ses souvenir, à ranger sa vie. Décrire l'indescriptible, peut-être, mais comme l'on raconte un rêve, pour s'en souvenir en partie, pour le faire subsister à défaut de le faire pleinement exister.
Roland Barthes a une autre manière encore de voir les choses.
La voici :
La voici :
“Si j'étais écrivain et mort, comme j'aimerais que ma vie se réduisît, par les soins d'un biographe amical et désinvolte, à quelques détails, à quelques goûts, à quelques inflexions, disons des “biographèmes” dont la distinction et la mobilité pourraient voyager hors de tout destin et venir toucher, à la façon des atomes épicuriens, quelque corps futur, promis à la même dispersion ; une vie "trouée", en somme”.
Voilà ce que je tente de faire sur ce blog : décrire une vie en quelques détails.
Comment ça l'inconscient il est pas structuré comme un langage? ARG...!
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