Cela faisait un moment que je n'avais pas ressenti pareil intérêt pour une application. Certes, il y avait eu Snapchat, et la mode des contenus éphémères ; il y avait eu Secret, et les échanges anonymes. Mais après les premières années des médias sociaux, la découverte de Facebook, le coup de foudre pour Twitter, l'intérêt pour des plateformes comme Pinterest, ou Instagram, je restais un peu sur ma faim.
Des yeux - par millions - pour voir le monde
Voici maintenant du nouveau.
On le sait : les révolutions se déroulent, souvent, par vagues successives. Les applications de streaming vidéo (en particulier Periscope, récemment achetée par Twitter), constituent l'une des ondes les plus importantes de la révolution des médias sociaux, à mon avis.
Ces dernières années, on a pu voir à quel point tout le monde devenait - à son échelle - un média. N'importe quel internaute peut être témoin d'un événement de grande envergure, et le faire connaître à son réseau, d'abord, puis, par ricochets, au monde entier. C'est ce qui m'est arrivé, personnellement, quand j'ai vu, il y a quatre ans, un incendie près du Louvre. Et que je me suis retrouvé dans le Washington Post.
Avec Periscope, chacun devient un JRI (journaliste reporter d'images). Chacun peut filmer, en temps réel, et, toujours en temps réel, partager ce qu'il filme avec des centaines, des milliers, voire des centaines de milliers de téléspectateurs.
C'est exactement comme s'il était possible, de chez soi, de se connecter au smartphone des habitants du monde entier, de Montevideo à Hong-Kong, en passant par Bujumbura et Moscou. Comme s'il était possible de voir, avec les yeux des autres.
Du premier œil aux regards partagés
On le sait : les révolutions se déroulent, souvent, par vagues successives. Les applications de streaming vidéo (en particulier Periscope, récemment achetée par Twitter), constituent l'une des ondes les plus importantes de la révolution des médias sociaux, à mon avis.
Ces dernières années, on a pu voir à quel point tout le monde devenait - à son échelle - un média. N'importe quel internaute peut être témoin d'un événement de grande envergure, et le faire connaître à son réseau, d'abord, puis, par ricochets, au monde entier. C'est ce qui m'est arrivé, personnellement, quand j'ai vu, il y a quatre ans, un incendie près du Louvre. Et que je me suis retrouvé dans le Washington Post.
Avec Periscope, chacun devient un JRI (journaliste reporter d'images). Chacun peut filmer, en temps réel, et, toujours en temps réel, partager ce qu'il filme avec des centaines, des milliers, voire des centaines de milliers de téléspectateurs.
C'est exactement comme s'il était possible, de chez soi, de se connecter au smartphone des habitants du monde entier, de Montevideo à Hong-Kong, en passant par Bujumbura et Moscou. Comme s'il était possible de voir, avec les yeux des autres.
Du premier œil aux regards partagés
Faisons un petit détour par la philosophie, si vous le voulez bien, et replongeons-nous dans ces lignes de Schopenhauer, pour qui "des soleils et des planètes [ne sont rien] sans un œil pour les voir, sans une intelligence pour les connaître".
Bien entendu, la science nous apprend qu'il y avait de l'inorganique avant l'apparition des premiers êtres vivants sur Terre. "La matière a dû subir une longue série de transformations, avant que le premier œil ait pu s'ouvrir". Et pourtant, affirme Schopenhauer, "c'est bien de ce premier œil une fois ouvert (fût-ce celui d'un insecte) que tout l'univers tient sa réalité ; cet œil était, en effet, l'intermédiaire indispensable de la connaissance, pour laquelle et dans laquelle seule le monde existe, sans laquelle il est impossible même de le concevoir".
Bien entendu, la science nous apprend qu'il y avait de l'inorganique avant l'apparition des premiers êtres vivants sur Terre. "La matière a dû subir une longue série de transformations, avant que le premier œil ait pu s'ouvrir". Et pourtant, affirme Schopenhauer, "c'est bien de ce premier œil une fois ouvert (fût-ce celui d'un insecte) que tout l'univers tient sa réalité ; cet œil était, en effet, l'intermédiaire indispensable de la connaissance, pour laquelle et dans laquelle seule le monde existe, sans laquelle il est impossible même de le concevoir".
Le monde n'est que représentation. Il n'est qu'à partir du moment où il se perçoit, et se conçoit.
Fin de la parenthèse philosophique.
Being John Malkovich
Aujourd'hui, de nouveaux yeux s'ouvrent tous les jours, et l'on peut voir à travers eux. Il suffit de se connecter à cette fameuse application, Periscope, et l'on peut, comme je l'ai fait récemment, découvrir la vue d'un Péruvien qui admire le soleil couchant, de sa chambre d'hôtel, ou regarder ce jeune Coréen, qui prépare son petit-déjeuner. Le tout, en direct.
On peut visiter en live les locaux de Twitter, en Californie, ou bien parcourir les rues de Montmartre, embarqué sur le vélo d'un touriste de passage à Paris, et qui recherche en vain le café des deux Moulins (celui d'Amélie Poulain). On peut réagir, et guider ce dernier, lui indiquer la bonne route. Plaisanter avec lui. Being John Malkovich n'est plus de la science-fiction. Très bientôt, on pourra voir avec les yeux de Madonna, de James Franco, ou de Barack Obama. En temps réel.
Je ne sais pas si c'est pleinement réjouissant. Mais ce qui est certain, c'est que le monde des médias va prochainement subir un nouveau bouleversement. D'une ampleur sans précédent, sans doute.
Being John Malkovich
Aujourd'hui, de nouveaux yeux s'ouvrent tous les jours, et l'on peut voir à travers eux. Il suffit de se connecter à cette fameuse application, Periscope, et l'on peut, comme je l'ai fait récemment, découvrir la vue d'un Péruvien qui admire le soleil couchant, de sa chambre d'hôtel, ou regarder ce jeune Coréen, qui prépare son petit-déjeuner. Le tout, en direct.
On peut visiter en live les locaux de Twitter, en Californie, ou bien parcourir les rues de Montmartre, embarqué sur le vélo d'un touriste de passage à Paris, et qui recherche en vain le café des deux Moulins (celui d'Amélie Poulain). On peut réagir, et guider ce dernier, lui indiquer la bonne route. Plaisanter avec lui. Being John Malkovich n'est plus de la science-fiction. Très bientôt, on pourra voir avec les yeux de Madonna, de James Franco, ou de Barack Obama. En temps réel.
Je ne sais pas si c'est pleinement réjouissant. Mais ce qui est certain, c'est que le monde des médias va prochainement subir un nouveau bouleversement. D'une ampleur sans précédent, sans doute.
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