35 % des Français interrogés par TNS Sofres (en juin 2012) affirment avoir déjà posté plus de 100 photos en ligne. Un chiffre parmi d'autres, bien sûr, mais qui illustre assez bien notre époque : celle de la prééminence de l'image. La photographie avait déjà une place de choix dans les années 1980 ou 1990, c'est certain, mais elle est devenue une pièce maîtresse de la conversation.
L'image, élément de langage
Comme le souligne très justement André Gunthert dans cet article (que je vous recommande) : “pour la première fois de son histoire, la photographie traditionnelle est devenue une pratique de niche au sein d'un univers plus vaste, structuré par les mobiles et les réseaux sociaux : l'image communicante”. Et de rappeler qu'en France, en 2011, il se vendait 4,6 millions d'appareils photographiques (deux fois plus qu'à la fin des années 1990) contre 12 millions de smartphones.
Le mobile et les réseaux sociaux sont de fait les deux cœurs d'une même révolution qui transforme en profondeur les usages. On s'exprime aujourd'hui sur les médias sociaux au travers des images. “Plutôt que des conversations à propos des photos, le web a favorisé des conversations avec les photos”, expliquent plusieurs chercheurs, cités dans l'article d'André Gunthert. Nous le savons, nous qui passons chaque semaine plusieurs heures sur Facebook, Twitter, Instagram ou Pinterest : l'image est un élément clé de l'échange. “Comme les statuts ou les autres marques de l'interaction sur les réseaux sociaux, les images sont choisies pour constituer des embrayeurs de communication”.
Atteinte à la pudeur
Au sens figuré, tout ce qu'un internaute publie en ligne constitue d'ailleurs une image globale, celle qu'il donne de lui-même aux autres internautes. Cette fameuse extimité, cette part qu'il offre au regard. Il est à ce propos tout à fait possible de donner à voir une partie de soi-même sans nécessairement se dénuder.
L'expression personnelle sur les médias sociaux peut ainsi accorder une place non négligeable à la pudeur. À condition d'y prendre garde. Quand on sait que les jeunes de moins de 25 ans publient “essentiellement” des photos d'eux-mêmes (85 %), ça fait réfléchir.
On peut malgré tout espérer. Se rappeler ce que disait le co-créateur d'Instagram au SxSW : l'avantage des applications mobiles fondées sur la photographie, c'est qu'elles invitent les utilisateurs à lever la tête, à regarder autour d'eux, plutôt que de fixer éternellement l'écran de leur téléphone.
Commentaires
Enregistrer un commentaire