En 2014, 40 millions de photos sont publiées, chaque jour, sur Instagram. C'était 5 millions fin 2012 (ce qui était déjà pas mal, entre nous : 58 photos par seconde). Chaque mois, en France, ce sont près de 190 millions de photos qui sont prises sur l'application.
Tout le monde prend des photos, tout le temps. C'est un changement majeur avec ce que l'on connaissait, il y a quelques dizaines d'années seulement. Tout individu né au début des années 2000 pourra consulter des milliers de photos prises de lui lorsqu'il était enfant, par ses parents, ses frères et sœurs, mais aussi ses oncles, ses tantes, ses cousins, ses voisins, et tel ou tel inconnu, présent le même jour, au même endroit que lui.
Des images, à foison
À l'inverse, les personnes de ma génération (et des générations précédentes) n'ont souvent qu'un album de famille, où sont soigneusement entreposés les quelques clichés que l'on connaît par cœur, et que l'on regarde de nouveau, de temps en temps, avec une certaine nostalgie. Ce n'est clairement pas le même rapport à l'image.
Tous les chiffres que l'on peut consulter, ici ou là, donnent le vertige. Plus de 350 millions de nouvelles photos sont téléchargées chaque jour sur Facebook. Et 150 millions d'images sont envoyées sur SnapChat quotidiennement. Trois fois plus qu'en décembre 2012. Or, le phénomène a toutes les chances de s'amplifier - encore - dans les années qui viennent.
Sur SnapChat, pour le coup, les images ne durent pas longtemps, par définition, puisqu'elles s'effacent quelques secondes seulement après avoir été envoyées. Mais cela revient en partie au même. Le changement de situation ne cesse de s'accentuer. Le sujet des photos de stars volées, qui se retrouvent sur le Net, n'est pas anodin. Il est l'écume de la vague. La résultante logique d'un phénomène de grande envergure, qui concerne tout le monde.
Photomates
Sur les 5 milliards de mobiles actuellement en service, 4,4 milliards sont dotés d'un appareil photo. Et 82 % des mobinautes prennent des photographies avec leur téléphone. Toutes les catégories d'âge sont donc concernées. Prendre des photos avec son mobile fait partie des principales occupations des homo sapiens sapiens en ce début de XXIe siècle.
Certaines séries, comme Black Mirror, sont là pour nous faire réfléchir à tout ça. En prenant des images, continuellement, on instaure une certaine distance entre nous, et le monde. On finit par ne plus s'intéresser aux choses, telles qu'elles sont, mais à leur représentation.
Au bout de la chaîne, ça donne ça :
Je recherche un restau avec terrasse (& plats instagrammables) dans le 11°. Des idées ? merci.
— Capucine (@CapucinePiot) September 8, 2014
Oui, vous avez bien lu…
Alors continuons de prendre des photos ; mais mesurons aussi, autant que possible, l'impact de ce changement d'usages.
Alors continuons de prendre des photos ; mais mesurons aussi, autant que possible, l'impact de ce changement d'usages.
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