Combien j'ai pu m'ennuyer, certains jours, quand j'étais au collège, ou au Lycée ! Je m'en souviens encore assez précisément. Ces heures d'ennui où les aiguilles de l'horloge, au-dessus du tableau noir, semblaient tourner au ralenti. Il n'y avait rien à faire, pour lutter contre ce sentiment. L'ennui s'imposait à moi. C'était terrible.
Ces moments sont beaucoup plus rares, aujourd'hui. À part dans certaines réunions, ou certaines salles d'attente, il y a toujours des pensées pour venir me divertir. Le vide, la lassitude, l'impression que le temps s'est momentanément arrêté ; tout cela ne fait plus autant partie de mon quotidien.
Forcément (en 2012, déjà, je parlais de l'insatisfaction perpétuelle), c'est maintenant que j'aspire à ces instants de suspension. Je pense que la "vie active", pour reprendre l'expression consacrée, souffre de ne pas assez offrir aux individus ces pauses salutaires. Il y a bien sûr la pause café, voire la pause clope, mais on manque incontestablement de récréation dans la vie professionnelle. On court trop souvent derrière notre emploi du temps.
L'ennui a pour intérêt de forcer l'imagination et la créativité ; c'est ainsi que j'ai appris à dessiner. En m'ennuyant dans les salles de classe. C'est aussi la meilleure façon de trouver un sujet pour écrire, par exemple, comme le souligne Michel Houellebecq, dans le film "L'enlèvement" qui mérite d'être regardé, je pense.
Il faut savoir faire des pauses. "Marquer l'arrêt", comme nous l'apprennent les cours de conduite. Ne pas se contenter d'un cédez-le-passage, d'un arrêt provisoire, qui comprend déjà le redémarrage. Non. Une vraie pause. Appuyer sur le frein. Souffler. Regarder à droite, à gauche. Puis dans le rétroviseur.
Et ne repartir qu'une fois les idées claires, et la voie dégagée.
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