“Only two things are infinite, the universe and human stupidity. And I'm not sure about the former”. Albert Einstein.
J'ai parfois l'impression que mon esprit sommeille*. Il y a tant de choses que j'aimerais faire, tant de choses que j'aimerais changer. Ce n'est pas tant que ma vie présente soit à mes yeux imparfaite, mais j'ai de temps en temps le sentiment que je commence à vivre sans y faire attention. C'est l'un des pires penchants chez l'homme, sans doute : oublier qu'il est en train de vivre. C'est aussi l'un de ses penchants les plus naturels.
J'étais dans le train, tout à l'heure. Je devais faire dans la journée un aller-retour à Lille, pour des histoires de papiers à récupérer, de préparation de code, etc. Il se trouve que j'avais retrouvé le matin-même mes écouteurs d'iPod, perdus depuis plusieurs semaines. La corrélation de ces deux événements m'a amené à une certaine prise de conscience. En vérité, une fois à ma place, j'ai éprouvé une sensation de déjà-vu. Je revivais ce voyage fait cent fois l'année dernière, entre la capitale nationale et l'ancienne capitale européenne de la culture. Je me trouvais là, la tête contre la vitre, à écouter les mêmes musiques, en voyant défiler les mêmes paysages. Je cru même reconnaître le contrôleur moustachu qui interrompit un instant ma nostalgie pour me demander mon billet. Un billet, semblable à tous ces autres, réservés en ligne, tant de fois, et ayant terminé leur courte existence de papier dans l'une des poubelles de la Gare Lille Flandres ou de la Gare du Nord.
Une prise de conscience donc : la bêtise humaine est infinie, et s'incarne dans les habitudes. Il faut prendre le temps de vivre, de faire ce que l'on veut faire, ce que l'on aime faire. Je veux me remettre à dessiner, à écrire, à projeter. Penser, rêver, être libre. “avoir l'œil qui regarde bien, la voix qui vibre”. Revoir certaines personnes qui me manquent, écrire à d'autres. Me balader dans Paris, sur les quais, dans les rues, dans les jardins, avec Julie. Depuis qu'elle est revenue, il y a comme un air de fête. Une nouvelle ère, une sorte de renaissance. Et c'est bien. J'ai envie de partir à la conquête de l'univers, aussi infini soit-il.
* Arthur Rimbaud écrivait, dans Une saison en enfer :
“Je m'aperçois que mon esprit dort.
S'il était bien éveillé toujours à partir de ce moment, nous serions bientôt à la vérité, qui peut-être nous entoure avec ses anges pleurant !… S'il avait été éveillé jusqu'à ce moment-ci, c'est que je n'aurais pas cédé aux instincts délétères, à une époque immémoriale !… S'il avait toujours été bien éveillé, je voguerais en pleine sagesse !…”
Se réveiller, oui, mais sans cesser de rêver... C'est bon, parfois, d'être enfoui dans l'irréel, l'utopique, le délicieux temps perdu, comme dans son oreiller. C'est là que le réveil sonne ou que la mère revient à la charge pour vous faire sortir du lit, les faisant écrouler, les rêves, comme, d'un geste maladroit, une tour de cubes patiemment assemblés.
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