Ce que j'aime particulièrement avec les réseaux sociaux, c'est qu'ils donnent la possibilité à chacun de combiner solitude et sociabilité. D'un côté, le confort, la tranquillité d'un chez-soi, de l'autre, le plaisir de l'échange. On peut à la fois mettre les pieds sur le canapé, ou se promener torse nu dans son salon, et converser le plus sérieusement du monde avec untel ou untel. Le meilleur de l'intimité et de l'extimité, en quelque sorte.
“Un homme seul est toujours en mauvaise compagnie”
Paul Valéry
Le soir, des centaines de millions de personnes, seules, chez elles, se connectent entre elles. La plupart se contentent sans doute d'écouter ce que les autres racontent, mais ça revient au même. Elles sortent en partie de leur solitude pour redevenir - en l'occurrence, passivement - l'animal social qu'elles sont.
Tout le monde ne recherche pas la même chose, en se connectant à Internet, la nuit tombée. Mais c'est une image que j'aime bien : cette solitude partagée.
Je ne suis pas seul à être seul. D'ailleurs, c'est la force de la langue française de pouvoir mettre ce mot au pluriel. Seuls. Nous sommes seuls, avec notre profil Facebook, notre fil Twitter, notre compte LinkedIn, notre présence numérique. Nous sommes seuls, avec nos photos Instagram, avec nos boards sur Pinterest. Seuls à seuls. Seuls au monde.
Seuls, à écouter la même musique, peut-être, à ce moment précis, chez nous. En effet, Shazam permet de constater que les humains du monde entier sont souvent en train d'écouter la même mélodie, du même artiste, au même moment. De même, Spotify a analysé 6,7 millions de playlists dédiées au sport, et en a conclu que le titre le plus populaire pour brûler des calories était "Can't Hold Us” de Macklemore & Ryan Lewis feat Ray Dalton. (Pour info, en France, le morceau le plus écouté est “Leaving You” de Audien et Michael S).
“Enfin seul. Sans s”…
Jules Renard
Jules Renard
Il peut apparaître important, de temps en temps, de se déconnecter de tout, pour vivre pleinement une solitude, bien réelle cette fois. Être seul, au sens étymologique du terme : c'est-à-dire isolé. Se trouver pour un instant (pour un instant seulement) dans une tour d'ivoire, sans accès full wifi. Aller faire un tour dans le désert, sans téléphone portable, ou décider de vivre quelques mois dans une cabane, au Canada. Seul, au sens propre. Pour mieux revenir ensuite vers le monde, vers les autres.
Le paradoxe aujourd'hui, c'est que l'on se retrouve parfois, dans les transports en commun, entouré d'une foule de gens, tous penchés sur leur mobile, nombreux, les uns sur les autres, mais tous ailleurs, en vérité. C'est assez étrange de se sentir ainsi seul, au singulier cette fois, parce que l'on n'a plus de batterie sur son iPhone, par exemple.
Le paradoxe aujourd'hui, c'est que l'on se retrouve parfois, dans les transports en commun, entouré d'une foule de gens, tous penchés sur leur mobile, nombreux, les uns sur les autres, mais tous ailleurs, en vérité. C'est assez étrange de se sentir ainsi seul, au singulier cette fois, parce que l'on n'a plus de batterie sur son iPhone, par exemple.
En attendant, j'aime cette époque où, depuis mon lit, je peux discuter avec mes semblables. Comme une immense pyjama party, où les chuchotements sont nombreux, entre tous ces internautes en apparence isolés (en apparence seulement). Cette époque où, très facilement, il est possible de partager sa solitude avec un alter-ego solitaire.
Solidaires entre solitaires, en somme.
Solidaires entre solitaires, en somme.
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