Combien de bâtons nous mettons-nous nous-mêmes dans nos propres roues ? Quand nous sommes de mauvaise humeur, par exemple, que nous interprétons chaque événement d'une journée à l'aune d'un sentiment diffus, incompréhensible, qui nous échappe en partie. Les portes du métro se ferment un matin sous mon nez, à l'instant même où j'arrive sur le quai, et c'est toute ma journée qui s'en trouve chamboulée ; chaque micro-élément fâcheux venant alors confirmer que ce jour était destiné à être maussade.
"La plupart de nos ennuis sont notre création originale", écrit Paul Valéry dans Tel Quel. Nous sommes bien souvent nous-mêmes à l'origine de ce qui nous arrive et incontestablement à l'origine de la façon dont nous vivons ce qui nous arrive. La réalité brute est rarement ce qui est en jeu. Ce sont nos impressions, nos sentiments, nos doutes, nos névroses, nos inquiétudes qui sont la plupart du temps à l'œuvre.
"I got ninety-nine problems but a bitch ain't one", Jay Z
La façon dont nous percevons les événements de notre vie détermine davantage notre bien-être que les événements tels qu'ils sont. Rien de bien original là-dedans. J'imagine que cela a été théorisé depuis l'antiquité bon nombre de fois. J'aime m'en souvenir aussi souvent que possible, malgré tout. Chercher à objectiver ce qui advient. Revenir à la situation elle-même, épurée, sans ce que j'y mettais auparavant.
Cependant, c'est en lisant une autre formule de Paul Valéry que je révise quelque peu mon jugement aujourd'hui : “Que serions-nous sans le secours de ce qui n'existe pas ?”. Les forces de l'esprit ne sont pas seulement celles qui nous créent des nœuds terribles au cerveau. Elles peuvent aussi être à l'origine de nos passions, de notre courage, de notre audace. De notre espérance.
Ce qui n'existe pas peut aussi nous apaiser, nous rassurer. Croire en sa bonne étoile, en son destin. Sentir son intuition nous guider dans un choix. Se dire que l'on peut y arriver, sans savoir pourquoi rationnellement, mais se le dire quand même. Imaginer. Réaliser ce qui semble impossible.
La force des mythes, des croyances, des espoirs collectifs.
Il faudrait pouvoir choisir dans ce qui n'existe pas les aspects positifs, bienveillants, secourables… et délaisser le lot d'ennuis divers et d'inquiétudes poisseuses qu'il charrie quelquefois.
Illustration © Mind
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