Je suis dans le Sahel. Mes pieds glissent dans le sable chaud des dunes. Ces dernières dessinent des vagues lumineuses à perte de vue, offrant un panorama inédit à mon regard. Le désert est un horizon. Je marche seul dans le soir, découvrant ce nouvel univers, avant de revenir à la tente que nous avons plantée au cœur de cet espace infini de sable et de vent.
Les sensations sont nouvelles. Jamais aucun spectacle de cette nature ne s'est offert à ma vue. Jamais l'air que je respire n'a été aussi doux. J'appréhende les risques éventuels, en escaladant les dunes, en avançant prudemment sur leur cime. Je me demande si d'aventure je ne vais pas me laisser entraîner par le sable, dans une avalanche d'un genre nouveau. Mon imagination se réveille, comme celle d'un enfant : le désert m'évoque des scorpions, des fourmis rouges et des sables mouvants. Quel danger inconnu peut bien me guetter ici ?
Rien n'arrive pourtant. La nature ne me veut aucun mal. Mes pieds peuvent glisser librement dans le sable chaud. Sensations.
Je suis dans un avion, au-dessus de la Baie d'Hudson, au large du Canada. Départ de Paris. Destination : Los Angeles. Je n'ai pas encore vingt ans. Je devine l'hôtesse, à l'arrière de l'appareil, qui pleure, en tenant son visage dans ses mains. Je suis alerte. Certains passagers ont commencé à faire leurs prières. Nous filons dans le ciel à mille km/h, avec une fissure dans le pare-brise de l'avion. Un feu s'est déclenché dans le cockpit et nous devons faire un atterrissage d'urgence sur "une aire de dégagement".
Adrien est à côté de moi. Notre amitié est naissante. Nous nous connaissons depuis quelques mois seulement. Dans une quinzaine de minutes, tout peut s'achever. Je ne réalise pas ce qui se passe, mais, comme tous les passagers, je suis terrifié intérieurement. "Tu vas vivre quelque chose que personne, peut-être, n'a jamais pu raconter" : voilà la pensée qui me vient. Une façon détournée d'imaginer la mort, sans trop lui donner de consistance.
Les roues finissent par crisser sur la piste de cet aéroport de tourisme, et nous sommes sains et saufs. Dans quelques heures nous descendrons de cet appareil infernal par les tobogans. Nous serons sauvés. Soulagement.
Je suis encore enfant. Les skis sont plantés dans la neige. J'ai suivi tant bien que mal mon père à travers les pins. Mon frère est déjà assis, sur le talus. Mes jambes sont légères de fatigue. Nous nous sommes arrêtés après avoir descendu les pistes toute la matinée pour pique-niquer dans un contre-espace qui semble avoir été créé pour nous.
L'odeur des arbres, la fraîcheur de la neige à mes pieds, les rayons du soleil qui traversent les branches et dorent mon visage : tout concourt à l'instant. Le sac qui s'ouvre, les sandwichs préparés que l'on saisit, le goût du pain, du beurre, du jambon et des cornichons. Les jus dont on perce l'opercule avec le bout tranchant de la petite paille.
Plus tard, nous serons de nouveau sur les pistes. Grisés par la vitesse, la liberté, et le plaisir d'être ensemble, mon père, mon frère et moi. Puis ce sera l'heure du retour, de la crêpe au chocolat en bas des pistes, du retour au Chalet pour retrouver ma mère, et mes cousins. Nous construirons un igloo et jouerons le soir à la Torpille. Excitation.
Les sensations sont nouvelles. Jamais aucun spectacle de cette nature ne s'est offert à ma vue. Jamais l'air que je respire n'a été aussi doux. J'appréhende les risques éventuels, en escaladant les dunes, en avançant prudemment sur leur cime. Je me demande si d'aventure je ne vais pas me laisser entraîner par le sable, dans une avalanche d'un genre nouveau. Mon imagination se réveille, comme celle d'un enfant : le désert m'évoque des scorpions, des fourmis rouges et des sables mouvants. Quel danger inconnu peut bien me guetter ici ?
Rien n'arrive pourtant. La nature ne me veut aucun mal. Mes pieds peuvent glisser librement dans le sable chaud. Sensations.
***
Je suis dans un avion, au-dessus de la Baie d'Hudson, au large du Canada. Départ de Paris. Destination : Los Angeles. Je n'ai pas encore vingt ans. Je devine l'hôtesse, à l'arrière de l'appareil, qui pleure, en tenant son visage dans ses mains. Je suis alerte. Certains passagers ont commencé à faire leurs prières. Nous filons dans le ciel à mille km/h, avec une fissure dans le pare-brise de l'avion. Un feu s'est déclenché dans le cockpit et nous devons faire un atterrissage d'urgence sur "une aire de dégagement".
Adrien est à côté de moi. Notre amitié est naissante. Nous nous connaissons depuis quelques mois seulement. Dans une quinzaine de minutes, tout peut s'achever. Je ne réalise pas ce qui se passe, mais, comme tous les passagers, je suis terrifié intérieurement. "Tu vas vivre quelque chose que personne, peut-être, n'a jamais pu raconter" : voilà la pensée qui me vient. Une façon détournée d'imaginer la mort, sans trop lui donner de consistance.
Les roues finissent par crisser sur la piste de cet aéroport de tourisme, et nous sommes sains et saufs. Dans quelques heures nous descendrons de cet appareil infernal par les tobogans. Nous serons sauvés. Soulagement.
***
L'odeur des arbres, la fraîcheur de la neige à mes pieds, les rayons du soleil qui traversent les branches et dorent mon visage : tout concourt à l'instant. Le sac qui s'ouvre, les sandwichs préparés que l'on saisit, le goût du pain, du beurre, du jambon et des cornichons. Les jus dont on perce l'opercule avec le bout tranchant de la petite paille.
Plus tard, nous serons de nouveau sur les pistes. Grisés par la vitesse, la liberté, et le plaisir d'être ensemble, mon père, mon frère et moi. Puis ce sera l'heure du retour, de la crêpe au chocolat en bas des pistes, du retour au Chalet pour retrouver ma mère, et mes cousins. Nous construirons un igloo et jouerons le soir à la Torpille. Excitation.
***
“De nombreux souvenirs, ou le souvenir de nombreuses choses, c'est ce que l''on nomme expérience”, écrivait Hobbes. J'ai plusieurs fois partagé le souvenir d'expériences sur ce blog. De mon accident en Espagne aux phares des voitures, dans la nuit, en passant par toutes les dernières fois. Je prends conscience que de nombreuses expériences vécues m'accompagnent désormais. Elles font ce que je suis. Elles viennent sculpter mes rêves, inspirer mes envies, et parfois nourrir mes peurs.
Faire l'expérience. Tout est là. Ne pas se laisser entraîner par la tiède monotonie du quotidien. Se forcer à ressentir, à percevoir ce qui demeure inaperçu. Prendre une seconde pour éprouver, pour discerner, pour apprécier la lumière, la chaleur, l'originalité de ce que l'on vit.
En bien, en mal, en exceptionnel ou en ordinaire, l'expérience peut s'offrir à celui qui la saisit. Nous vivons dans un monde où nous pouvons voyager, découvrir, imaginer, rencontrer, et même accéder à l'inaccessible. Même les technologies d'aujourd'hui nous ouvrent de nouvelles façons d'expérimenter. C'est ce que je trouve complètement génial avec la Réalité Virtuelle. Je peux voir avec les yeux d'un autre. Je peux plonger dans un environnement complètement différent en une seconde.
Je peux faire l'expérience en un instant de saut en parachute, de découverte spéléologique, de téléportation, et même, bien sûr, de voyage dans le temps.
Je peux faire l'expérience en un instant de saut en parachute, de découverte spéléologique, de téléportation, et même, bien sûr, de voyage dans le temps.
Commentaires
Enregistrer un commentaire