Accéder au contenu principal

Aller de l'avant pour être heureux

"On ne va pas nier qu'on vit une période difficile, et que l'environnement maussade joue un rôle important dans notre ressenti individuel et collectif". Jean-Pierre Ternaux, neurobiologiste au CNRS et coordonnateur de l'Observatoire du bonheur. "C'est le manque de perspective qui mine l'homme. Il a besoin de se projeter pour avancer, et d'aller de l'avant pour être heureux". 

Aller de l'avant. Voilà donc le maître-mot, si l'on souhaite trouver le bonheur. Tendre vers l'avenir, vers ce qui s'annonce, vers ce qui arrivera bientôt. Se créer un horizon, et le fixer résolument. Avoir des objectifs, ou, mieux encore, un idéal. Depuis que ce blog existe, je suis plusieurs fois revenu sur ce sujet. J'avais la phrase de Rimbaud en tête : "il faut être absolument moderne. (…) Tenir le pas gagné". Je considérais qu'en effet, avancer était toujours "la bonne solution". 

"À l'attaque ! Même en vrille, même en vrac". Miossec

Si l'on reste sur place, si l'on ne se rend pas compte qu'on ne progresse plus, on risque de s'embourber. Une autre phrase de Paul Valéry me vient à l'esprit à ce sujet : "les mots sont des planches jetées sur un abîme, avec lesquels on traverse l'espace d'une pensée, et qui souffrent le passage et non point la station". C'est aussi vrai de l'existence : nous ne faisons que passer.

Il n'est pas évident d'aller de l'avant quand un brouillard intense nous cache l'horizon. Quand on ignore tout de l'avenir. Quand l'obscurité nous interdit toute projection, justement.


"En avant !" est aussi le cri du capitaine pour faire sortir les poilus de la tranchée. C'est le sifflet, c'est le clairon, ce sont les tambours, qui tirent les hommes de leur abri pour les exposer au danger imminent. 

Mais ne pas aller de l'avant, c'est se tourner vers les mêmes problèmes sans en chercher la solution. C'est se morfondre, c'est errer indéfiniment dans les mêmes méandres. Il faut inventer, imaginer, trouver des routes inexplorées. L'actualité récente nous démontre que cet impératif vaut toujours, voire plus que jamais.

"On ne peut comprendre la vie qu'en regardant en arrière ; on ne peut la vivre qu'en regardant en avant". Kierkegaard

Allons de l'avant, donc. En gardant à l'esprit ce passage de Jacques et son Maître, de Milan Kundera (publié en 1980) :

"- Dites-moi plutôt où l'on va.
- Est-ce que l'on sait où l'on va ?
- Personne n'en sait jamais rien.
- Personne…
- Alors, conduisez-moi !
- Comment puis-je te conduire, si l'on ne sait pas où l'on va ?
- Comme il est écrit là-haut. Vous êtes mon maître. Et vous avez pour mission de me conduire.
- Oui, mais tu as oublié ce qui est écrit un peu plus loin. C'est bien le maître qui donne des ordres, mais c'est Jacques qui choisit lesquels. Alors, j'attends…
- Bon. Je veux donc que vous me conduisiez… en avant.
Le Maître regarde autour de lui, très embarrassé.
- Je veux bien… mais en avant, c'est où ?
- Je vais vous révéler un grand secret. Une astuce séculaire de l'humanité : en avant, c'est partout.
- Partout ?
- Où que vous regardiez. Partout, c'est en avant.
- Mais c'est magnifique, Jacques, c'est magnifique !
- Oui, monsieur, je trouve cela très beau.
- Eh bien, Jacques, en avant !"

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

L'image parle d'elle-même

35 % des Français interrogés par TNS Sofres  (en juin 2012) affirment avoir déjà posté plus de 100 photos en ligne. Un chiffre parmi d'autres, bien sûr, mais qui illustre assez bien notre époque : celle de la prééminence de l'image . La photographie avait déjà une place de choix dans les années 1980 ou 1990, c'est certain, mais elle est devenue une pièce maîtresse de la conversation .  L'image, élément de langage Comme le souligne très justement André Gunthert dans cet article  (que je vous recommande) : “ pour la première fois de son histoire, la photographie traditionnelle est devenue une pratique de niche au sein d'un univers plus vaste, structuré par les mobiles et les réseaux sociaux : l'image communicante ”. Et de rappeler qu'en France, en 2011, il se vendait 4,6 millions d'appareils photographiques (deux fois plus qu'à la fin des années 1990) contre 12 millions de smartphones. Le mobile et les réseaux sociaux sont de fait les...

Remplacer “Week-End” par un mot français

T ous les lundis, on trouve des gens pour se plaindre . Et tous les vendredis, des gens pour se réjouir. C'est devenu habituel, commun, systématique. Des sites ont même été créés dans cet esprit.  http://estcequecestbientotleweekend.fr par exemple. Bien entendu, il y a des exceptions . Il y a des gens qui ne travaillent pas, ou des gens qui travaillent à temps partiel, voire des gens qui travaillent uniquement le week-end. Cela étant, on retrouve quand même ce rythme, éternel.  Ce qui est assez fou, quand on y pense, c'est que depuis le temps, personne n'a été capable en France de trouver un nom pour désigner le week-end . On utilise ce terme 150 fois par an, dans nos conversations, sans chercher à le remplacer par une expression made in France .  Bientôt le SamDim “Fin de semaine”, la traduction littérale de “week-end” désigne finalement le jeudi et le vendredi, dans le langage courant. Il faut donc trouver autre chose :  Je pr...

Savez-vous ce qu'est un kakemphaton ?

C ultivons-nous un peu, si vous le voulez bien. Nous passons nos journées à nous stalker  les uns les autres, à regarder des photos, à suivre l'actualité, à tel point que nous finissons par oublier d'apprendre. C'est important, pourtant, d'apprendre . Savez-vous, par exemple, ce qu'est un kakemphaton ? Je présume que non, en m'excusant par avance auprès de mes lecteurs les plus érudits, qui pouffent et s'exclament en eux-mêmes : "bien sûr, qui donc ignore ce qu'un kakemphaton est ?" avant de délaisser ce blog pour se replonger dans la Critique de la Raison Pratique.  Maladresse littéraire Le kakemphaton est une figure de style. Ce nom vient du grec " kakos " ("mauvais, laid") et " emphaton " ("parole"). Elle désigne "la rencontre de sons d'où résulte - involontairement - un énoncé ridicule, déplaisant, ou - volontairement - tendancieux".  En gros, c'est lorsque de g...