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Le Selfie, c'est bien. Le Style, c'est mieux.

Dans une chronique relativement bien écrite, publiée dans le très sérieux New-York Times, l'acteur James Franco défendait il y a peu "le sens des Selfies". Pour ceux qui l'ignorent encore, James est l'une des célébrités qui publient le plus de selfies - ces autoportraits du bout du bras. Il est-même surnommé “Le Roi des Selfies” par certains, et son compte Instagram offre, de facto, la possibilité de le voir sous toutes les coutures.

Hello, this is me.

James Franco concluait sa chronique par ces mots :

"I am actually turned off when I look at an account and don’t see any selfies, because I want to know whom I’m dealing with. In our age of social networking, the selfie is the new way to look someone right in the eye and say, “Hello, this is me".


Le selfie serait donc la meilleure façon de savoir, dès le premier contact, "à qui l'on s'adresse". Une sorte de préambule nécessaire, à l'heure des réseaux sociaux. Je reconnais volontiers que je commence moi-même bien souvent par regarder les photos publiées par une personne avant de la suivre sur Twitter. Sur Instagram, idem : mon premier réflexe est souvent de rechercher une photographie de l'auteur(e) des photographies qui sont prises.

Celui que je suis

Idéalement, néanmoins, il y aurait une autre façon de se présenter à un inconnu en le regardant droit dans les yeux pour lui dire "Hello, c'est moi". Cela consisterait simplement à avoir une personnalité qui transparaît dans son expression. En d'autres termes, avoir un style.

Je me souviens de mes années de prépa littéraire, et de certains sujets de dissertations que j'avais. On parlait souvent du style de l'auteur. Du rythme dans l'écriture, de la façon dont les mots déferlaient, du ton adopté, de la singularité du romancier, du choix des formules, etc. Je me souviens notamment de cette citation de Proust : "les beaux livres sont écrits dans une sorte de langue étrangère".


Ainsi, le meilleur selfie qui soit, ce n'est pas un autoportrait au sens propre, avec son smartphone, du bout du bras. C'est plutôt la mélodie que l'on parvient à créer au fur et à mesure de son expression sur les médias sociaux. C'est la cohérence de son expression. C'est l'impression qui se dégage - ou qui devrait toujours se dégager - de ce que l'on publie sur Facebook, Twitter ou Instagram. C'est ce que j'exprimais déjà en soulignant que nous étions, nous tous, des médias (lire : je suis un média), et qu'il nous fallait trouver une ligne éditoriale propre.

Telle est en tout cas ma conviction.
Et cela est d'autant plus vrai pour les marques, qui - malgré tous leurs efforts - ne pourront jamais publier de selfies, au sens premier du terme. Et qui ont pourtant besoin, incontestablement, de se distinguer.

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