Ah, l'éternel retour du déclin facebookien ! C'est devenu une habitude journalistique. À force de prédire la mort d'un site Internet ou d'un réseau social, vous finirez bien par avoir raison un jour. Il est donc tout à fait justifié de répéter année après année que le premier réseau social au monde est mortel. L'exercice est assez simple…
- Étape 1 :
Partez du postulat que Facebook s'essouffle et finira par péricliter.
Cela vous permet de commencer par écrire le titre de votre article : “La fin de Facebook est-elle proche ?”, par exemple.
La forme interrogative est essentielle. Cela vous autorise à dire ce que vous voulez ensuite, sans prendre le risque de vous tromper lamentablement, comme tous vos collègues qui ont annoncé la décadence facebookienne ces cinq dernières années.
- Étape 2 :
Observez les chiffres de fréquentation aux États-Unis. Rien de plus simple : il suffit de faire une recherche Google. Le premier résultat sur lequel vous tomberez est un site tout à fait fiable - socialbakers - où vous trouverez toutes les stats nécessaires. Le journalisme d'investigation est aujourd'hui à la portée du premier venu.
Bien entendu, ne prenez pas en compte les chiffres qui contredisent votre thèse. Qu'importe que des millions de personnes rejoignent la communauté au Brésil ou ailleurs, ce qui est important, c'est là où il y a quelques signes de ralentissement ; c'est-à-dire dans les pays où le réseau est déjà largement implanté, depuis plusieurs années.
- Étape 3 :
Feignez d'analyser les causes d'un tel essoufflement. Première cause : l'apparition de nouvelles plateformes sociales, comme Twitter, Path, ou Pinterest. Vous pouvez même parler du succès d'Instagram, qui va pourtant totalement à l'encontre de votre postulat, puisque Facebook a racheté cette application. Deuxième cause : les craintes des utilisateurs vis-à-vis de l'exploitation de leurs données personnelles. Troisième cause : la progression du mobile, qui pourrait bien fragiliser un réseau social d'abord fondé sur le Web.
- Étape 4 :
Glissez le syllogisme suivant, qui sera l'argument principal de votre article, aussi absurde soit-il :
A - Facebook connaît un succès phénoménal, et une immense popularité.
B - Par le passé, certains sites très populaires ont fini par décliner.
C - Facebook finira par décliner, puisqu'il est populaire.
- Étape 5 :
Vous pouvez conclure tranquillement en rappelant les inquiétudes des investisseurs au moment de l'introduction de Facebook en bourse.
De toute façon, votre article aura du succès, nécessairement, car la plupart des personnes se diront : “c'est vrai, Facebook me lasse un peu, ces derniers temps”.
Et pour vous signaler leur approbation, elles feront machinalement ce qu'elles font quotidiennement : elles appuieront sur “like”, en dessous de votre article, sans même s'en rendre compte.
De toute façon, votre article aura du succès, nécessairement, car la plupart des personnes se diront : “c'est vrai, Facebook me lasse un peu, ces derniers temps”.
Et pour vous signaler leur approbation, elles feront machinalement ce qu'elles font quotidiennement : elles appuieront sur “like”, en dessous de votre article, sans même s'en rendre compte.
The Guardian vient ainsi de nous pondre un énième article sur le thème “Facebook pourrait bien connaître le même sort que MySpace, dans les prochaines années”. J'aime bien ce journal. Mais en l'occurrence, je n'écris pas sur le déclin d'un quotidien qui a perdu 33 millions de £ en 2010, et qui a mille fois plus de chances de mourir après-demain qu'un réseau qui compte plus d'un milliard de membres dans le monde.
Ah, et pour être tout à fait clair : je n'aime pas particulièrement Facebook. Je n'ai aucune action dans cette entreprise. Je préfère de loin Twitter. Mais j'aimerais que les journalistes comprennent une chose : Facebook répond à certaines attentes bien spécifiques :
Un réseau social relativement fermé, où l'on peut partager des nouvelles avec ses proches aisément, en sachant qu'ils auront tous (ou presque) un compte sur la plate-forme.
Tant que cela sera le cas, je continuerai de croire que Facebook est un empire impérissable.
Ah, et pour être tout à fait clair : je n'aime pas particulièrement Facebook. Je n'ai aucune action dans cette entreprise. Je préfère de loin Twitter. Mais j'aimerais que les journalistes comprennent une chose : Facebook répond à certaines attentes bien spécifiques :
Un réseau social relativement fermé, où l'on peut partager des nouvelles avec ses proches aisément, en sachant qu'ils auront tous (ou presque) un compte sur la plate-forme.
Tant que cela sera le cas, je continuerai de croire que Facebook est un empire impérissable.
Merci de m'avoir fait sourire, et de m'avoir rassurée. Je commençais à croire que j'étais la seule à être exaspérée par ce phénomène.
RépondreSupprimerMerci à toi pour le commentaire et le partage. Bon après-midi Jessica !
RépondreSupprimer"Un réseau social relativement fermé, où l'on peut partager des nouvelles avec ses proches aisément, en sachant qu'ils auront tous (ou presque) un compte sur la plate-forme."
RépondreSupprimer=> Donc, combien sont prêts à payer les gens pour avoir un compte sur Facebook ? Parce que s'il n'y a pas de lien avec les marques, Facebook risque d'avoir un problème économique...
Merci à @xavierschreder de me signaler sur Twitter, deux jours après la rédaction de ce billet, que Facebook annonce une excellente santé, notamment en terme de fréquentation : http://www.blogdumoderateur.com/resultats-financiers-trafic-facebook/ :) #CQFD
RépondreSupprimerJe me sentais un peu esseulé sur la question dans mon entourage, merci de m'avoir conforté. Et merci surtout pour m'avoir fait rire :)
RépondreSupprimerMerci à toi pour ce commentaire. :-)
RépondreSupprimerReviens quand tu le souhaites.