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Médias Sociaux : Terminology Sucks

Pas besoin de beaucoup de perspicacité pour prendre conscience que la plupart des termes aujourd'hui utilisés pour qualifier les usages et les métiers liés aux Médias Sociaux nous viennent des États-Unis. Du hashtag au simple “like”, en passant par les Trending Topics, les News Feed et autres Time Lines.

Le Community Manager ne gère aucune communauté

Les traductions ne sont pas évidentes, il faut le reconnaître. Par exemple, tenez : un “community manager” est-il vraiment un “gestionnaire”, ou même un “animateur” de communautés ? Que gère-t-il, sinon éventuellement la confiance des internautes ? 


Admettons qu'une communauté homogène existe - ce qui reste à prouver -, quelqu'un peut-il vraiment l'animer de l'extérieur, la contrôler, la contenir, la faire vivre ? Probablement pas
“Mal nommer les choses, c'est ajouter au malheur du monde”. Albert Camus
Avec le temps, certains mots sont de plus en plus utilisés, et on finit par ne plus les remettre en cause, à aucun moment. Pourtant, on peut aisément s'accorder pour affirmer qu'ils ne semblent pas convenir, quand on y réfléchit à deux fois : “ambassadeurs de la marque”, “fans”, “bloggueur influent”, “génération Y”, “digital natives”… sont indiscutablement des mots-coquillages qui sonnent souvent creux.

Socionautes et Sociopathes

Dans la même veine, il y a les “mobinautes” (internautes se connectant depuis leur mobile) et les “socionautes” (internautes sociaux). En lisant ce dernier terme, je ne sais pas pourquoi, mais je pense immédiatement à sociopathes


Dans le champ lexical moderne, un sociopathe pourrait simplement désigner une personne qui aurait un problème avec les réseaux sociaux. Un problème récurrent, maladif, incurable. 

Comme les “nomophobes”, ces personnes angoissées lorsqu'elles sont loin de leur terminal mobile (le terme vient en effet de “no-mobile et “phobie”). 

Stop ou encore ?

Il faudra donc un jour bosser sérieusement sur les termes relatifs aux médias sociaux, et aux nouvelles technologies en règle générale (“nouvelles technologies” qui ne sont plus tellement “nouvelles”, d'ailleurs, comme je le disais dans un précédent post). 

Ou alors - c'est une option -, on peut continuer à utiliser tous ces termes indéfiniment, mais alors il faut au moins avoir conscience qu'ils ne signifient pas ce qu'ils prétendent désigner, pour la grande majorité d'entre eux.
On peut se dire qu'après tout, ça n'a aucune importance, et parler demain de tablonautes pour les utilisateurs de tablettes, par exemple ;  ou continuer de faire comme si nous ne savions pas que Facebook est tout sauf un réseau social.

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