Quelques semaines après avoir commencé la vie active, lorsque j'avais vingt-quatre ou vingt-cinq ans, une grande campagne de communication a été lancée dans la banque où je travaillais comme Social Media manager.
Des affiches, des spots TV, des publicités online, des dispositifs innovants… l'artillerie lourde avait été sortie pour mettre en avant une formule qui devait marquer les esprits et convaincre, dans un contexte de défiance vis-à-vis des institutions financières.
Cela se résumait à deux mots : Parlons Vrai.
Cette formule m'est revenue à l'esprit récemment.
Bien sûr, beaucoup de choses ont changé depuis. La crise de 2008 est loin derrière nous, la communication n'est plus le cœur de mon activité professionnelle, j'ai quitté la banque en question et, plus généralement, de l'eau a coulé sous les ponts. J'ai pourtant repensé à ces deux mots, mis l'un à côté de l'autre : "Parler vrai".
Il arrive, si souvent, de ne pas dire les choses. On se voit, on prend un verre, avec tel ou tel ami, dans telle ou telle situation, on passe des heures à parler… pour se quitter sans n'avoir rien dit, véritablement. Si je pense aux conversations profondes, au cours de mon existence, celles qui ont changé quelque chose, je me dis que je peux les compter sur les doigts de ma main.
Il faut qu'on parle
Heureusement, en un sens, on n'a pas sans cesse des révélations à faire, des aveux à confirmer, des secrets à confier. Heureusement qu'il est possible de prendre plaisir à des échanges simples, sans prétention, divertissants, autour d'un verre de vin à la terrasse d'un café parisien.
Heureusement, aussi, qu'il est possible de dire beaucoup par une attitude, un regard ou par un sourire. Il y a des confidences qui se passent de mots.
Pour autant, j'aime l'idée de "parler vrai", c'est-à-dire de parler vraiment, lorsque je suis avec des gens qui comptent pour moi. Surtout lorsque l'on est en face à face. Leur dire ce que je pense, au fond. Laisser transparaître ce qui est l'essentiel de ma pensée, sans artifice, sans cette couche de superficiel à laquelle nous sommes désormais habitués sur les médias sociaux.
Je crois n'avoir jamais regretté d'avoir dit ce que je pensais à quelqu'un. Sur le moment, ça demande un peu de courage, quelque fois ; on peut hésiter quelques instants. Mais en fin de compte, c'est toujours bénéfique. "Parler de ses peines, c'est déjà se consoler", écrivait Camus. J'aime assez, pour ma part, de temps en temps, qu'on me parle, qu'on me parle vraiment. De peine, de joie, de doutes, d'espoirs. Qu'importe, du moment que c'est vrai.
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