Nous y voilà. Dans les guirlandes lumineuses des rues, dans le froid qui s'intensifie, dans les écharpes qui s'accumulent, dans la nuit qui s'étale, on le sent bien. Nous y sommes. D'ici quelques jours, ce sera la fin de l'année.
Je ne sais pas très bien si je ressens, moi-même, la fin d'une période. Une fin. Quelle qu'elle soit. Ce n'est jamais anodin. Les jours qui mènent à cette fin d'année devraient être plus lourds, plus emprunts de dramaturgie. On devrait véritablement voir approcher la fin.
Fin de non-recevoir
Si je ne ressens pas vraiment le passage d'une année à l'autre, c'est peut-être parce que cette fin d'année est aussi peu "finale" que les précédentes. L'année ne s'est pas toujours achevée le 31 décembre. C'est même assez récent, à l'échelle de notre Histoire, quand on y pense. Ce n'est qu'en 1564 que l'on a décidé de fixer arbitrairement la fin de l'année, à cette date. Dans la République romaine, l’année commençait en mars et comprenait 355 jours et dix mois. Cette phase nocturne et froide n'était pas une fin en soi.
“Il faut continuellement commencer par la fin.” Stanislaw Jerzy Lec
Et encore aujourd'hui, le 1er janvier ne marque pas le passage à la nouvelle année dans le monde entier. Le Nouvel An chinois, par exemple, est célébré entre le 21 janvier et le 20 février.
The end
Je connais - d'expérience - le goût, souvent amer, de la fin. La fin d'une histoire. La fin d'un moment. La fin qu'on redoute, celle qu'on finit par sentir inévitable. La fin qu'on n'attendait pas, et qui tombe soudainement, comme un couperet. Tombée de rideaux, au beau milieu du film. Celle qui s'installe à l'inverse progressivement. La phase terminale. La fatalité.
Il y a, bien sûr, et bien heureusement, des fins heureuses aussi. Des happy endings. Des fins qu'on aimerait revivre, une nouvelle fois, pour le bonheur qu'elles nous ont procuré. Ces fins qui embellissent tout. Ces cerises sur le gâteau. Ces consécrations ultimes. Ces médailles d'or obtenues après des années de travail acharné.
“Tous les jours rencontrent leur fin.” James Joyce.
En tout état de cause, tout finit un jour. Les bonnes choses ont une fin, comme on dit. Pourvu - pour les meilleures d'entre elles - que ce soit le plus tard possible. Ou que ces fins-là prennent la couleur d'un recommencement. Je vous laisse sur les mots de Churchill, pour conclure : “ce n'est pas la fin. Ce n'est même pas le commencement de la fin. Mais, c'est peut-être la fin du commencement.”
Très joli, tout en finesse…
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