On passe une grande partie de sa vie à attendre. Je me souviens avec précision de certaines heures au collège où je scrutais l'horloge au-dessus du tableau avec une impatience difficilement contenue. J'attendais la libération de la salle de classe, la récréation. Je me souviens aussi de certains rendez-vous amoureux où je passais plusieurs heures - parfois plusieurs jours - à trépigner, en attendant. Attente féconde et délicieuse. J'attendais des retrouvailles, un sourire qui me manquait. Et je savourais cette attente.
C'est ce qu'elle appelait la "pré-joie" (car elle aussi trépignait).
J'aime cette notion de pré-joie ; quand l'attente devient un moment de plaisir anticipé. Quand le bonheur proche vient offrir quelque amuses-bouche pour faire patienter l'impatient. Nous vivons aujourd'hui dans un monde où l'attente est sans cesse combattue et rejetée.
Contre toute attente
Personne ne semble aimer attendre. On fait tout, d'ailleurs, pour ne pas attendre. On s'empare de son mobile, pour ne pas rester inactif et "dans l'attente". Il suffit de regarder les gens dans les transports en commun : chacun s'occupe, comme il peut. Peu attendent véritablement.
La cigarette semble elle aussi avoir été inventée pour tuer l'ennui, et combler l'attente. Elle sert à occuper l'instant. "Je fume une cigarette, et je te rejoins". Elle est une durée, une occupation, une activité.
De l'attente à l'attention
Je pense qu'il faut apprendre ou ré-apprendre à attendre. J'estime énormément les personnes qui sont capables de patienter longtemps sans perdre leur sang froid. C'est pour moi l'une des plus grandes preuves de sagesse.
Pour apprendre à attendre, il faut apprendre à être attentif. Chercher à voir ce qui ne se donne pas immédiatement, ce qui échappe au regard. Poser ses yeux sur les choses, sur les gens. Prendre le temps d'attendre, en quelque sorte. C'est seulement à partir de ce moment là que l'on parvient à voir de nouvelles choses. Et à faire des découvertes insoupçonnées.
Pour apprendre à attendre, il faut apprendre à être attentif. Chercher à voir ce qui ne se donne pas immédiatement, ce qui échappe au regard. Poser ses yeux sur les choses, sur les gens. Prendre le temps d'attendre, en quelque sorte. C'est seulement à partir de ce moment là que l'on parvient à voir de nouvelles choses. Et à faire des découvertes insoupçonnées.
Source images : Julien Tatham
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