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C'était Mieux Après

Le succès incontestable du livre d'Éric Zemmour (en ce moment, 15 000 exemplaires sont vendus tous les jours) a de quoi nous interpeler. Bien entendu, la popularité de cet homme n'est pas toute nouvelle. Pendant plusieurs longues années, il a bénéficié d'une tribune inespérée sur France Télévisions, puis sur les chaînes d'information et les radios nationales. Celui qui s'en prenait quotidiennement à la doxa, à la "pensée dominante", et aux médias, était courtisé de toutes parts et visible partout.

Ce qui est surprenant, c'est de voir à quel point son message séduit. Des centaines de milliers de personne ont envie de lire Le Suicide Français, un ouvrage qui explique, en somme, que "c'était mieux avant", que rien ne va plus, depuis quarante ans, et qu'on aurait mieux fait de naître plusieurs siècles plus tôt.

Le goût du futur

Au-delà même de mes convictions politiques, et notamment féministes, je ne pourrais jamais adhérer aux thèses déclinistes pour la simple raison que j'ai le goût du futur. Je crois que l'avenir nous réserve de belles promesses ; j'ai envie d'y croire, du moins. Je ne peux me résoudre à me morfondre. J'ai envie d'espérer de meilleurs lendemains.

Et je ne pense vraiment pas que "c'était mieux avant". 
Je pense, moi, que c'était mieux après

C'était mieux après la déclaration universelle des droits de l'homme et du citoyen, mieux après l'équilibre des pouvoirs, mieux après le vaccin contre la rage, mieux après l'invention de la morphine,  mieux après la construction des chemins de fer, mieux après l'accès généralisé à l'eau potable. C'était mieux après Martin Luther King. Mieux après Gandhi et mieux après Nelson Mandela. C'était mieux après la péridurale, mieux après la pilule contraceptive, mieux après le droit à l'avortement. 

C'était mieux après, car une foule de gens s'évertuent depuis des siècles à construire, à inventer, à imaginer un avenir meilleur. Quand d'autres se contentent d'écrire des livres en se morfondant. 

Commentaires

  1. “We must accept finite disappointment, but never lose infinite hope.”
    ― Martin Luther King Jr.

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