Accéder au contenu principal

Lucky you


Si tout se passe bien, il faut s'en rendre compte. Il n'est pas facile d'avoir conscience de son bonheur, encore moins de sa chance. On mesure beaucoup plus aisément son infortune. Pourtant, c'est précisément quand la vie vous accorde son plus beau sourire qu'il faut le lui rendre. “On reconnaît le bonheur, paraît-il, au bruit qu'il fait quand il s'en va”. Souvent, c'est trop tard. Il ne vous reste alors que le regret, l'amertume, la nostalgie.

La chance doit se vivre éveillé. Le destin est railleur, et si vous profitez aujourd'hui d'un vent favorable, gardez à l'esprit qu'un vent contraire peut se lever à tout moment. L'idée n'est pas de ternir le moment profitable, bien entendu, mais d'en comprendre le caractère éphémère pour en profiter d'autant plus.

Pendant la faveur de la fortune, 
il faut se préparer à la défaveur”.
Montaigne

Si la vie nous apprend bien une chose, je crois, c'est ceci. La roue tourne, la chance est rarement perpétuelle. Il y a des bad beats, des contrecoups, des surprises. Benoit Poelvoorde cite dans une interview José Garcia à ce sujet : “sois gentil avec les gens quand tu montes l'escalier, parce que tu les recroiseras en descendant”. 


Bien sûr, le pendant de tout cela est pour le moins rassurant : si la chance tourne, elle rattrape aussi le désespéré. Les bonnes choses ont une fin, certes ; mais les mauvaises également. Le temps, en passant, offre de nouvelles possibilités à tout un chacun. Il efface les remords, cicatrise les plaies, rebat les cartes.

Les jeux ne sont jamais faits. Il est toujours temps de se refaire. 
Et si tout va pour le mieux, donc, si la chance vous sourit, ne soyez pas inquiets, mais prenez conscience de votre fortune.


Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Puisqu'il faut vivre avec

J e ne sais même pas par où il faudrait commencer. Ce n'est finalement pas simple d'écrire face à une situation inédite, imprévisible, surprenante, historique. J'ai plutôt l'habitude de décrire ici de petits aspects du quotidien, de partager des réflexions personnelles, sans grande prétention. Soudain, le monde s'écroule. Tenir un blog en pleine crise sanitaire mondiale apparaît quelque peu illusoire.  J'écrivais pourtant, sur ce même blog, il y a plusieurs années maintenant, ce sentiment de vivre depuis ma naissance le temps des crises perpétuelles . J'entendais parler depuis toujours - du moins était-ce mon sentiment - de crise. Crise de l'éducation nationale, crise du travail, crise identitaire, crise de l'hôpital, crise écologique bien sûr, crise migratoire, crise économique, j'en passe et des meilleurs. La crise était devenue la norme. Et c'est de nouveau le cas, il me semble. Nous vivons l'époque d'une crise continue.

Ni pour, ni contre, bien au contraire

C ela fait un moment qu'aucun mot n'a été écrit sur ce blog. Les années passent. Je perds cette - bonne - habitude. Plus globalement, je partage moins mes pensées, mes envies, mes doutes sur les médias sociaux. J'ai un peu du mal à me positionner dans les débats quotidiens, un peu du mal à entrer dans l'arène des polémiques diverses, des controverses incessantes. Je n'ai plus envie ni d'être pour, ni d'être contre. Je ne réclame ni la démission d'untel, ni ne m'emballe pour le respect de la présomption d'innocence.  Je rêve de nuance, de précision, d'intelligence, de juste mesure. Je rêve de discussions, de conversations, où l'on prend autant de l'autre qu'on ne contribue soi-même à faire avancer une juste cause. Les duels exacerbés, systématiques, m'usent peu à peu. J'imagine que je ne suis pas le seul dans cette situation, à contempler sans mot dire les violentes échauffourées des plateformes sociales. Le temps de la jou

Derrière les mots et les images des médias sociaux

J amais il n'y avait eu de si longues périodes de silence sur mon blog. Aucun post depuis février. Je crois que j'avais besoin de prendre un peu de recul. De m'interroger aussi sur ma présence en ligne. Allez savoir si c'est l'âge - le mien, d'ailleurs, ou celui d'Internet - ou autre chose encore : mais on finit par se poser des questions sur ces mots qu'on donne à lire. C'est sans doute à force de consulter les plateformes sociales. Toutes ces images, ces vidéos, ces sourires affichés, qu'on voit quotidiennement. En sachant aussi ce qu'ils cachent. C'est notre époque : nous possédons des outils de plus en plus performants pour communiquer, mais ce que nous communiquons est souvent loin de ce qui nous anime véritablement. Souvent loin de ce que nous sommes. En résulte sans doute parfois un certain mal-être, qui est compensé par ces mêmes outils numériques nous offrant des solutions de méditation ou des cures de sommeil. C'est la montr