Retenez bien ceci : Internet n'est pas miséricordieux. Si, pour une raison ou pour une autre, vous ne vous montrez pas à la hauteur de ce que les gens attendent de vous, ne vous attendez surtout pas à de la compassion ou de la pitié. Vous aurez ce que vous méritez, dans ce monde cruel : des rires et des quolibets.
La honte internationale
Michael Bay - un producteur américain, connu pour avoir réalisé des films d'actions comme Armageddon ou Transformers - vient de le découvrir à ses dépends. Peut-être n'avez vous pas vu ce crash, en direct, devant le monde entier.
Il arrive sur scène à une conférence internationale, pour présenter le nouvel écran Samsung incurvé, mais un problème de prompteur lui fait perdre complètement ses moyens. Il finit par quitter la scène, laissant derrière lui un malaise retentissant.
Auparavant, une telle déconvenue aurait vite été oubliée. Aujourd'hui, c'est différent. Plus de 36 000 tweets ont été publiés à propos de cet incident, selon Topsy. Et tout le monde peut se repasser en boucle l'épisode en question, pour le plus grand malheur de l'intéressé.
Ce dernier s'est d'ailleurs excusé sur son blog personnel. Je lisais hier cette tentative de justification avec une certaine empathie, avant de découvrir les centaines de commentaires acerbes laissés par les internautes dans la foulée: “Haha, Michael, you're a looooser”.
Le droit à l'erreur n'existe pas
Chris Taylor, journaliste chez Mashable, ne s'y trompe pas : “don't walk offstage - The Internet will eat you alive” (“Ne quittez pas la scène, ou Internet vous mangera tout cru”). Sur la Toile, le droit à l'erreur existe encore moins que le droit à l'oubli. Si vous vous plantez, croyez-moi, vous allez en payer le prix fort.
Vous souvenez-vous de ce débat, pendant les primaires républicaines pour désigner le candidat aux élections présidentielles US, durant lequel Rick Perry a définitivement tué ses dernières chances de rester dans la course ? Un simple trou de mémoire, et tout s'écroule :
Cela dure quelques secondes, dans la vie de cet homme politique. Un simple oubli. Une simple erreur de rhétorique (ne jamais commencer une liste en trois points si vous n'êtes pas CERTAIN de vous souvenir précisément de chacun d'entre eux). Pourtant, l'effet sur les sondages a été immédiat, après ce débat, pour ce pauvre candidat républicain.
Pour lui, le verdict était tombé : c'était game over.
Échouer est salutaire
Pourtant, de la même façon qu'il n'est pas grave, a priori, de rater une présentation (même devant des milliers de personnes), il peut être salutaire, parfois, d'échouer. Nous devrions, collectivement, nous méfier de la vindicte populaire 2.0. Nous devrions apprendre à pardonner aux conférenciers, comme aux hommes politiques, comme aux marques, leurs erreurs.
Cela me ramène à l'article que j'avais publié sur le blog de Nicolas Bordas en octobre 2010 : Et si l'échec était la condition du succès ? Voici ce que j'y écrivais, en conclusion :
“De deux choses l'une : soit les médias sociaux deviendront, au fil du temps, le lieu impitoyable où aucune erreur ne sera jamais pardonnée, où les internautes sociaux tétaniseront par leurs réactions virulentes les personnes les plus créatives, contraignant ces dernières à ne livrer leurs idées qu'une fois totalement abouties - ce qui est souvent impossible ; soit, au contraire, ils deviendront l'espace de l'innovation, des tentatives, l'espace où foisonneront les idées, où elles se combineront les unes aux autres. Ils deviendront véritablement le laboratoire du succès”.
Je crois que c'est toujours d'actualité. Je crois aussi qu'il faut accepter qu'une présentation devant les internautes du monde entier peut être stressante, en soi. Les introductions du type : “je suis vraiment heureux d'être là, devant vous”, méritent sans doute d'être nuancées. Nous avons tous à gagner, probablement, à faire preuve d'une certaine indulgence.
Dans le monde impitoyable de l'e-réputation, l'e-répudiation est une épée de Damoclès pour chacun d'entre nous. Ne l'oublions jamais.
Les jeux du cirques sont de retour : pouce levé, pouce baissé ? Chacun est un César...
RépondreSupprimerEn effet ! ;) j'avais d'ailleurs la même image en tête, à propos du like facebookien : http://www.basilesegalen.com/2011/02/petite-histoire-autour-du-like.html
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