La nuit ne se fait plus attendre, l’hiver non plus. Les trottoirs se couvrent de feuilles mortes pour se protéger du froid. Les passants frissonnent, pressent le pas. Les phares des voitures s’allument au milieu de l’après-midi. La journée est loin d’être finie ; pourtant « la couleur du soleil et celle de la nuit se mêlent et se succèdent » déjà. Je ne suis pas né de la dernière pluie, ni de la dernière bourrasque sur le boulevard Saint-Michel. Je connais tout cela.
La semaine dernière, je me suis rendu aux urgences ophtalmiques à six heures du matin. Une vive douleur à l’œil droit que chaque rayon de lumière relançait, intensifiait. Je me suis retrouvé dans cette salle froide, vide, morne, et terriblement lumineuse. Un panneau indique « au minimum » quatre d’heures d’attente. Je prends mon mal en patience.
C'est urgent, soyons patients
« Urgences » est le mot le moins bien choisi du jargon médical. Rien ne semble urgent. Nous sommes nombreux à attendre, à souffrir en silence, et le temps semble suspendu. Il ne se passe concrètement rien. « Patients », en revanche, est le terme adéquat. Nous sommes tous là, éberlués, assommés, fatigués. Nous voyons le personnel de l’hôpital constater que les toilettes sont bouchées, échanger sur la démarche à suivre, puis contacter un plombier. Nous finissons par voir arriver, travailler et repartir, ce dernier. Voilà notre seule distraction. Nous ne ratons aucune miette de ce feuilleton passionnant, car nous n'avons rien d'autre à nous mettre sous la dent.
L’indication lumineuse, au moins, disait la vérité. Après 4h30 d’attente, ce fut mon tour. On m’a diagnostiqué une uvéite antérieure aiguë. En gros, une infection de l'œil. Une semaine d’arrêt de travail, et de nombreuses analyses à faire pour voir ce qui avait provoqué ce mal. Ça allait de la tuberculose à la syphilis, en passant par la maladie de Lyme et le sida. De quoi être tout à fait rassuré, donc.
La vie est là
Je sais aujourd’hui que je vais bien, que je n’ai aucune de ces maladies-là, et que mon œil voit de nouveau normalement. J’ai simplement eu un bilan de santé général (prise de sang et radio des poumons) à vingt-sept ans. Ce n'est pas plus mal.
Quelques jours avant cet épisode aussi soudain que douloureux, je m’étais dit que j’allais écrire un billet de blog qui s’intitulerait « la vie devant moi ». Il faut croire que le destin souhaitait me donner une leçon, en me rappelant la fragilité de l’existence.
Cela dit, ça ne change rien. Aujourd’hui, j’ai le sentiment d’avoir la vie devant moi. De nombreuses rencontres sont encore à venir, de nombreux événements, de nombreux rebondissements. Je vais changer, probablement. L’essentiel sera de ne pas perdre mon fil conducteur, ce qui fait que je suis moi.
Un jour, dans très longtemps j'espère, ma vie sera devant moi, mais différemment. Elle sera sur la table. Elle se présentera à moi. Je pourrai relire mon histoire, repenser à tout ce qui s’est passé, à tout ce que j’ai vécu. Il faut que j'en aie conscience dès aujourd'hui, que je fasse en sorte que cette vie soit la plus belle et la plus heureuse possible.
Pour sourire, ce jour-là.
Pour sourire, ce jour-là.
Je n'aime pas que tu aies à aller aux urgences, et suis heureux que tu ailles bien.
RépondreSupprimerJe t'embrasse,
Nicolas
heureuse que tu ailles bien !
RépondreSupprimerQue tes yeux fonctionnent bien et que les yeux de ton coeur te donnent la vision d'une vie remplie de joie !
Je t'embrasse fort,
Brigitte