Les déclinistes étaient nombreux, dans les années 2000, à être invités sur les plateaux de télévision. Ils venaient nous expliquer que tout finirait mal, que la dette ne se résorberait jamais, que l'économie française était moribonde, que les déficits publics continueraient de s'accroître ad vitam aeternam.
Puis vint la crise, cette crise qui était la plus importante depuis le jeudi noir d'octobre 1929. Ça changeait un peu la donne ; il fallait revoir le discours, puisque la lente déliquescence faisait place à un choc brutal, soudain, qu'aucun des pseudo-prévisionnistes n'avait bien entendu anticipé. À force de vivre dans le temps de la crise perpétuelle, on passe à côté des crises véritables, forcément.
“Ce qui arrive, en fin de compte, ce n'est pas l'inévitable, mais l'imprévisible” Keynes
Aujourd'hui, la grande question que se posent les spécialistes - journalistes, économistes et communicants -, est la suivante : les courbes du chômage vont-elles s'inverser avant la fin de l'année ? Si oui, Hollande aura gagné son pari. Dans le cas contraire, il l'aura perdu. C'est aussi simple que ça. Enfantin, même.
Pour ce qui me concerne, si les courbes s'inversent en janvier ou en février, je trouverai ça cool quand même.
L'avenir nous le dira
On peut toujours se demander ce que sera demain. C'est sain, même, probablement. Surtout en politique, puisque “gouverner, c'est prévoir” (pour reprendre les mots d'Émile de Girardin).
Cela dit, n'oublions pas que les erreurs d'analyse ou de prédictions sont légions. Il faudra un jour faire le bilan de toutes les prévisions erronées.
Et même dans le cas où les études s'avèrent exactes, pertinentes, elles ne suffisent pas. Nous avons trop tendance, collectivement, à vouloir voir ce que sera l'avenir sans comprendre qu'il dépend aussi beaucoup de nous. Vous pouvez faire toutes les analyses que vous voulez, si vous ne vous lancez pas un jour, si vous n'investissez pas, si vous n'inventez pas, vous continuerez de subir l'avenir.
Il en va de même pour la vie personnelle, d'une certaine façon. C'est bien beau de vouloir savoir ce que sera demain. Que vais-je devenir ? Qu'est-ce que la vie me réserve ? Quel temps fera-t-il ? À quoi faut-il se préparer pour affronter cet avenir si proche ? À quelle heure on mange ?
“Oh ! Demain, c'est la grande chose ! De quoi demain sera-t-il fait ?” Victor Hugo
Le mieux, peut-être, est de comprendre que l'on peut agir, dès aujourd'hui. À son échelle. Que l'on peut faire quelque chose, sortir, échanger, discuter, rencontrer des inconnus sur Internet, s'attabler, commencer à écrire un roman, ou à dessiner, faire des plans… imaginer.
Demain sera ce que j'en ferai
Face aux doutes, face à la peur de ce qui vient, face au futur anxiogène, on peut commencer par écouter (chanter ?) que sera, sera. On peut en décrire des évolutions terrifiantes - et je vous recommande chaudement la série britannique Black Mirror si vous aimez vous faire peur en imaginant un monde futuriste effrayant.
On peut aussi tout simplement retrousser ses manches et trouver une façon de l'inventer, cet avenir.
Créer ses propres motifs, pour reprendre cette idée développée dans un précédent billet. “Qui sait si les fleurs nouvelles que je rêve trouveront dans ce sol, lavé comme une grève, le mystique aliment qui ferait leur vigueur ?”. Certes, je n'en sais rien. Mes efforts ne porteront peut-être pas leurs fruits. Mais qu'ai-je à perdre, concrètement ?
Alors que l'automne s'installe doucement, que les feuilles jonchent le trottoir, que les fraîches bourrasques de vent viennent fouetter mon visage, je souris à l'avenir.
Cela fait longtemps que je n'ai plus peur de ce que sera demain.
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