“Il est des pays, où les gens au creux des lits, font des rêves. Ici, nous, vois-tu, nous on marche, et nous on tue. Nous on crève”.
Le jour du défilé du 14 juillet, je jetais un œil distrait au téléviseur pour écouter ce chant que je connais bien : celui des Partisans. À chaque fois que je l’entends, je repense à ceux qui le chantaient véritablement, pour se donner du courage, dans la nuit et la guerre.
C’est un peu comme lorsque je lis une plaque, au détour d’un boulevard parisien, pour apprendre qu’un soldat de 23 ans est mort en libérant Paris. Ça ne me laisse jamais indifférent. Un jour, un autre jeune homme est mort, tué dans mon quartier.
“Nul homme n'est une île, un tout en soi ; chaque homme est partie du continent, partie du large ; (…) la mort de tout homme me diminue parce que je suis membre du genre humain. Aussi, n'envoie jamais demander pour qui sonne le glas : il sonne pour toi” (John Donne).
Il est impossible de vivre, probablement, si l’on songe sans cesse à ceux qui souffrent, qui peinent, qui agonisent, qui pleurent. Impossible, et pas franchement souhaitable, en plus.
Par ailleurs, si nous avons la chance de vivre en paix, ça ne nous empêche pas d’être malheureux, de temps en temps. Pour des raisons qui peuvent paraître plus superficielles, dans un premier temps, mais qui préoccupaient grandement nos ancêtres, malgré les guerres, la famine et la Peste.
Eux aussi avaient parfois simplement le cafard. Comme nous. C’est l’une des leçons simples que je tire de mes lectures récentes. Et c’est une leçon que l’on trouve dans toute la littérature, en fin de compte.
Ce qu’il faudrait, surtout, c’est vivre pleinement le bonheur des autres. Il faudrait mettre en perspective “pour qui sonne le glas” et “la cloche a sonné, ça signifie, la rue est à nous, que la joie vienne, mais oui, mais oui, l’école est finie”. Être heureux de savoir qu’en ce moment, sur Terre, des amours naissent, des heureux événements se produisent, des projets se dessinent, des voyages s'organisent.
Ne pas vivre par procuration, bien entendu, mais prendre un instant conscience que le monde en lui-même vit, avance, progresse, avec tout ce qu’il comporte de joies, d’allégresses, de rencontres mystérieuses, de frissons, d’inattendu, de beauté, enfin.
Après, c'est toujours plus facile à dire quand on est dans son jardin, au soleil, et en vacances. Je vous l'accorde.
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