Accéder au contenu principal

Les pieds dans l'herbe

Me voilà, à la campagne, en short, torse nu, les pieds dans l'herbe, à écrire sur mon ordinateur portable. Il y a un instant, j'étais étendu sur une chaise longue, dans le jardin, profitant du soleil en lisant les correspondances de Georges Pompidou. Les rayons doraient ma peau, la chaleur s'intensifiait, et je parcourais la vie de ce jeune étudiant qui, sans le savoir, allait devenir Président de la République française.

Pour ne rien vous cacher, je ne connaissais pas bien Pompidou. C'était jusqu'à présent pour moi un personnage politique d'une autre époque, dans l'ombre de De Gaulle, dont l'action s'étendait après mai 68 et avant la crise des années 70. Une période qui n'était pas des plus historiques, en somme.

La flemme de Pompidou

Je découvre une personne cultivée, intelligente, subtile, affrontant l'existence avec un regard aiguisé, un sens critique profond, des doutes qui l'assaillent régulièrement. Un jeune homme qui lit sans cesse, et s'interroge sur la vie - et les femmes - en se confiant à son ami, Robert  Pujol. 

Plusieurs fois, j'ai envie de le rassurer. Quand je lis ceci, par exemple : “On n'est jamais heureux, on n'a jamais tout ce que l'on veut ; et l'aurait-on qu'on désirerait autre chose. Et puis, ce qu'il y a de plus décourageant, c'est d'avoir la flemme pour tout. Je sens que je ne ferai jamais rien à cause de cela, ni en littérature, ni en politique”. 

Cette phrase n'est-elle pas formidable ? Écrite le vendredi 9 avril 1930, elle me donne une motivation singulière, ce mardi 16 juillet 2013.


Si même un Président de la République en devenir peut avoir la flemme, et croire qu'il ne fera jamais rien en politique, alors tout est possible. La flemme de Pompidou me donne une pêche considérable. J'ai envie d'écrire mon roman, de composer des morceaux de musique, de réinventer le monde, et presque de travailler - même si c'est mon deuxième jour de vacances.

En mettant les choses au mieux, je ferai un licencié moyen, un Normalien moyen, un sous-secrétaire d'État moyen (…), suivant mes facultés, mais nulle part je ne brillerai”. Tu te trompes, mon cher Georges, tu te méprends. Ta vie t'attend encore, sois donc optimiste et travaille, réfléchis, construis, invente, bientôt tu auras un destin.

Voilà ce que je murmure, sur ma chaise longue, les pieds dans l'herbe.


Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

L'image parle d'elle-même

35 % des Français interrogés par TNS Sofres  (en juin 2012) affirment avoir déjà posté plus de 100 photos en ligne. Un chiffre parmi d'autres, bien sûr, mais qui illustre assez bien notre époque : celle de la prééminence de l'image . La photographie avait déjà une place de choix dans les années 1980 ou 1990, c'est certain, mais elle est devenue une pièce maîtresse de la conversation .  L'image, élément de langage Comme le souligne très justement André Gunthert dans cet article  (que je vous recommande) : “ pour la première fois de son histoire, la photographie traditionnelle est devenue une pratique de niche au sein d'un univers plus vaste, structuré par les mobiles et les réseaux sociaux : l'image communicante ”. Et de rappeler qu'en France, en 2011, il se vendait 4,6 millions d'appareils photographiques (deux fois plus qu'à la fin des années 1990) contre 12 millions de smartphones. Le mobile et les réseaux sociaux sont de fait les

Remplacer “Week-End” par un mot français

T ous les lundis, on trouve des gens pour se plaindre . Et tous les vendredis, des gens pour se réjouir. C'est devenu habituel, commun, systématique. Des sites ont même été créés dans cet esprit.  http://estcequecestbientotleweekend.fr par exemple. Bien entendu, il y a des exceptions . Il y a des gens qui ne travaillent pas, ou des gens qui travaillent à temps partiel, voire des gens qui travaillent uniquement le week-end. Cela étant, on retrouve quand même ce rythme, éternel.  Ce qui est assez fou, quand on y pense, c'est que depuis le temps, personne n'a été capable en France de trouver un nom pour désigner le week-end . On utilise ce terme 150 fois par an, dans nos conversations, sans chercher à le remplacer par une expression made in France .  Bientôt le SamDim “Fin de semaine”, la traduction littérale de “week-end” désigne finalement le jeudi et le vendredi, dans le langage courant. Il faut donc trouver autre chose :  Je propose Samdim

Réinventer : un impératif publicitaire

Pour exister aujourd'hui, une marque doit savoir se démarquer. Au-délà du jeu de mots, excellent par ailleurs, il y a une réalité pratique à laquelle il n'est plus possible d'échapper. Dans la foule de produits et de marques qui préexistent sur un marché, il faut savoir se distinguer pour pouvoir émerger et s'imposer durablement. Les agences de communication ont mesuré l'importance de ce postulat, et ont créé en conséquence leur propre modèle de distinction. Je vous propose de faire le point sur ces différents modèles, afin d'y voir un peu plus clair. Le modèle de disruption Commençons par la disruption . Ce mot peut faire peur de prime abord. Il irait très bien dans la chanson des Inconnus Vice et Versa . Mais ce modèle est très simple en vérité. Il a été inventé par Jean-Marie Dru et ses équipes de l'agence BDDP en 1991. La disruption consiste à sortir des sentiers battus, à créer un nouveau paradigme en inventant une nouvelle vision. Autrement dit, il