J'ai créé ce blog il y a quelques années car je voulais sortir de la léthargie de l'internaute passif qui va d'un site à l'autre en se contentant de recevoir, de lire, de voir, de consommer des contenus divers et variés. Je voulais devenir acteur, prendre ma part, jouer mon jeu. C'est ce que je m'efforce encore de faire aujourd'hui.
Prendre le temps, aussi souvent possible, de jouer ma partition. Me retrouver face à cette page blanche et y inscrire quelques mots, quelques idées. Transmettre quelque chose, quand c'est possible. À qui ? À ces personnes que ce blog m'a permis de rencontrer, à ces fidèles lecteurs qui se connectent, jour après jour, à mon blog, ainsi qu'à tous ces inconnus qui le découvriront dans les semaines, les mois, voire les années à venir. À moi, enfin, qui retrouve souvent, dans un billet du passé, une impression déjà oubliée.
Cela dit, je ne sais pas si je parviens à créer ma propre mélodie. Il y a des sujets qui me tiennent plus à cœur que d'autres, et auxquels j'accorde une plus grande place sur cet espace en ligne. Mais il n'est pas évident de donner une cohérence à son “je”.
Francis Ponge livrait cette définition du “je”, que je trouve tout à fait pertinente :
“Je : cette apparition mince et floue, qui figure en tête de la plupart de nos phrases”.
Si je n'avais pas ce blog, je ne me poserais même pas la question, probablement. J'aurais mon profil LinkedIn, ma Page Facebook, mon fil Twitter, et je me contenterais d'exprimer ce qui me passe par le tête, ou de partager ce qui passe sous mes yeux.
Mais cela revient un peu au même, malgré tout. Car ce “je” est “mince et flou”, difficile à cerner, changeant, mystérieux, “il” m'échappe, se réinvente de lui-même. Je n'en fais pas ce que je veux. Je ne peux pas modeler mon moi profond, comme je le souhaiterais.
C'est la raison pour laquelle l'e-réputation mérite réflexion. Ce que l'on est aujourd'hui n'a peut-être que peu de choses à voir avec celui que l'on deviendra un jour. Et notre “essentiel”, notre “caractère”, notre “identité” n'est pas facile à observer.
On parle souvent, en communication, de “l'ADN de la marque”. On devrait se poser la même question, quand on parle de “personal branding”. Quel est notre ADN personnel ?
Oui, avoir un blog, c'est se confronter à cette exigence : apprendre à se connaître soi-même, autant que faire se peut, en tout cas.
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