Connaissez-vous le Gyromitre comestible ? Il s'agit d'un champignon assez extraordinaire, à la forme étrange (avec ce chapeau brun rouge qui prend la forme d'un cerveau) ; on le trouve surtout en montagne, dans les forêts de l'hémisphère nord, d'épicéas et de landes à bruyères. Il a été consommé pendant de longues années - notamment en France - et pourtant… c'est un champignon mortel.
Un excellent comestible
Son nom latin “Gyromitra Esculenta” signifie bien “Gyromitre comestible”. Et de fait, certains l'ont consommé pendant plusieurs décennies sans encombre, ont savouré sa chair délicate, jugeant même ce champignon comme un “excellent comestible”… avant d'en mourir un jour.
Quand ce champignon vous tue, il ne le fait pas dans la demi-mesure. “L'incubation est longue - jusqu'à 24 heures. Le début des troubles est brutal, marqué par une asthénie, des vertiges, des céphalées, des douleurs abdominales, des vomissements et parfois des diarrhées”.
Cela peut s'accompagner de violents maux de tête, de fièvre et d'une sensation de fatigue intense. “Des troubles neurologiques (convulsions) surviennent ensuite, avec l'apparition, au deuxième ou troisième jour, d'une atteinte hépatique cytolytique qui peut être sévère”. Délire, somnolence, tremblements, apparaissent 36 à 48 heures après le repas. “Il peut y avoir une hémolyse (destruction des globules rouges) et une atteinte des reins” (pour plus d'information, cliquez ici).
Le monde est ainsi fait
Lorsque j'étais enfant, j'avais un livre très bien fait sur les champignons, et ce spécimen me fascinait. Il y avait la fiche descriptive, d'une part, et surtout la note : “3 fourchettes (champignon excellent) et 1 tête de mort (champignon mortel)”.
Ce Gyromitre était l'incarnation-même de la complexité du monde. La preuve qu'il existe des choses absurdes, surprenantes, incompréhensibles au départ, et pourtant bien réelles. Le Père Noël n'existe peut-être pas, mais il reste de la magie (en l'occurrence, de la magie noire, sans doute) en ce bas monde. Et ce n'est pas rien.
C'est de là, peut-être, que j'ai compris l'importance de savoir nous tenir au difficile.
“Les Hommes ont pour toutes les choses des solutions faciles (conventionnelles), les plus faciles des solutions faciles. Il est pourtant clair que nous devons nous tenir au difficile. Tout ce qui vit s'y tient. Chaque être se développe et se défend selon son mode et tire de lui-même cette forme unique qui est son propre, à tout prix et contre tout obstacle. Nous savons peu de choses, mais qu'il faille nous tenir au difficile, c'est là une certitude qui ne doit pas nous quitter”, écrivait Rainer Maria Rilke.
Ce champignon est aujourd'hui interdit à la vente par décret, mais on en trouve encore - à ce qu'il paraît - dans certains marchés ; vendus séchés, en sachet, à quelques irréductibles consommateurs, qui continuent d'en savourer le goût, quitte à en mourir, peut-être, un jour.
Le plus facile : s'abstenir de le ramasser. Donc… ?
RépondreSupprimerDans les conseils du Centre Antipoison, retenons cette remarque : "Toutes les personnes ne sont pas également sensibles à l'intoxication".
Je note aussi avec plaisir qu'il te reste un joyeux doute à l'égard du Père Noël, qui existe peut-être, finalement.
C'est, je pense, l'un de mes plus grands désirs : découvrir un jour qu'en fait, le Père Noël existe bel et bien, et qu'on ment aux jeunes adultes pour mieux les émerveiller ensuite. ^^
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