Accéder au contenu principal

Se défaire de l'insatisfaction perpétuelle

Un être qui s'habitue à tout : voilà, je crois, la meilleure définition que l'on puisse donner de l'homme”. Cette phrase, sublime, est signée Dostoïevski. Je la garde en mémoire, année après année, et j'y repense souvent.

À chaque fois qu'elle me revient, c'est pour mieux se confirmer ; de fait, l'homme s'habitue à tout : au pire comme au meilleur, au difficile comme au simple, au chagrin comme au bien-être.
L'habitude est une somnolence, ou tout au moins un affaiblissement de la conscience du temps” Thomas Mann.
Je sais ce que nous pouvons supporter de tristesse, d'épreuve, de fatigue ; mais je sais aussi à quel point on se satisfait vite d'une situation agréable, auparavant désirée, déjà monotone. C'est l'une des grandes questions humaines au fil des siècles : comment atteindre le bonheur, puisque celui-ci est intimement lié au désir, lui-même périssable ? 


Dans le domaine de la psychologie humaine, les chercheurs ont noté depuis longtemps ce trait essentiel, qui est de s'adapter aux événements de la vie, qu'ils soient heureux ou tragiques”, écrit Daniel Cohen dans son dernier ouvrage. “Quelle que soit l'épreuve traversée par une personne, les indicateurs de satisfaction reviennent très vite à leur niveau initial”, précise-t-il.

Face à cette réalité, il faudrait savoir reconnaître ce qui peut justifier un premier contentement dans une situation présente. Ne pas se satisfaire trop vite, ne pas se lasser, admettre que certains éléments d'aujourd'hui sont à prendre positivement en considération.

Pour mieux réinventer l'avenir, ensuite. Cela va de soi.




Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Derrière les mots et les images des médias sociaux

J amais il n'y avait eu de si longues périodes de silence sur mon blog. Aucun post depuis février. Je crois que j'avais besoin de prendre un peu de recul. De m'interroger aussi sur ma présence en ligne. Allez savoir si c'est l'âge - le mien, d'ailleurs, ou celui d'Internet - ou autre chose encore : mais on finit par se poser des questions sur ces mots qu'on donne à lire. C'est sans doute à force de consulter les plateformes sociales. Toutes ces images, ces vidéos, ces sourires affichés, qu'on voit quotidiennement. En sachant aussi ce qu'ils cachent. C'est notre époque : nous possédons des outils de plus en plus performants pour communiquer, mais ce que nous communiquons est souvent loin de ce qui nous anime véritablement. Souvent loin de ce que nous sommes. En résulte sans doute parfois un certain mal-être, qui est compensé par ces mêmes outils numériques nous offrant des solutions de méditation ou des cures de sommeil. C'est la montr

Puisqu'il faut vivre avec

J e ne sais même pas par où il faudrait commencer. Ce n'est finalement pas simple d'écrire face à une situation inédite, imprévisible, surprenante, historique. J'ai plutôt l'habitude de décrire ici de petits aspects du quotidien, de partager des réflexions personnelles, sans grande prétention. Soudain, le monde s'écroule. Tenir un blog en pleine crise sanitaire mondiale apparaît quelque peu illusoire.  J'écrivais pourtant, sur ce même blog, il y a plusieurs années maintenant, ce sentiment de vivre depuis ma naissance le temps des crises perpétuelles . J'entendais parler depuis toujours - du moins était-ce mon sentiment - de crise. Crise de l'éducation nationale, crise du travail, crise identitaire, crise de l'hôpital, crise écologique bien sûr, crise migratoire, crise économique, j'en passe et des meilleurs. La crise était devenue la norme. Et c'est de nouveau le cas, il me semble. Nous vivons l'époque d'une crise continue.

Pourquoi j'aime la Poésie

J e ne saurais expliquer comment m'est venue l'envie d'apprendre par cœur des poèmes, quand j'avais une dizaine d'années. Bien sûr, il y avait des livres chez moi. Des bibliothèques qui accordaient une place non négligeable à la poésie. Bien sûr, j'aimais ces recueils, qui s'ouvraient d'eux-mêmes aux pages les plus précieuses, offrant ces mots qui disaient tout  en disant  peu . " Il faut peu de mots pour dire l'essentiel ". Bien sûr, j'avais la chance d'avoir, à portée de la main, Aragon, Baudelaire, Éluard, Reverdy ou Rimbaud. Et puis, il y avait mon arrière-grand-père, cet héritage culturel transmis dès le plus jeune âge. Ce Victor Segalen dont je pouvais parcourir les ouvrages originaux. Pour sentir ce papier proche d'un papyrus, soigneusement plié entre deux plaques de bois fines que tenait jointes un ruban. Ça aide, d'avoir ainsi dès l'enfance une admiration pour l'écriture. Et une raison supplémentaire