En entrant dans la conférence “2032 : le futur des villes”, je m’attendais à me plonger dans un discours de science-fiction : imaginer le milieu urbain dans vingt ans, c’est un exercice qui peut amener à certaines élucubrations fantaisistes, en effet. Mais finalement, ça n’a pas tellement été le cas. C’est d’ailleurs ce que j’ai apprécié : il y avait de nombreux exemples parlants.
La ville de Boston, typiquement, a d’ores et déjà expérimenté pas mal de choses, avec le programme Citizen Connect. “En 2009, la question était de savoir si les habitants de la ville allaient utiliser leur smartphone pour signaler à la Mairie des problèmes rencontrés dans leur vie quotidienne”, explique Chris Osgood, co-fondateur de New Urban Mechanics. “Aujourd’hui, nous dénombrons plus de 26 000 alertes proposées par les concitoyens”.
Chacun peut prendre en photographie un problème – quel qu’il soit – et le soumettre aux autorités de la ville, via une application dédiée.
En parlant d’applications, certaines peuvent aussi fonctionner automatiquement. À cette conférence, l’une des applications mobiles présentées (Street Bump) consiste à repérer les irrégularités dans la chaussée. L’utilisateur – un simple citoyen – pose simplement son téléphone quelque part, dans sa voiture. L’application repère sur l’ensemble de son trajet les trous dans la route. À chaque fois que le véhicule connaît un heurt, elle sauvegarde la localisation de celui-ci. Ces informations sont ensuite transmises aux services municipaux qui peuvent effectuer les travaux nécessaires.
“Livrer aux responsables politiques ce type de données deviendra au fil du temps une forme de bénévolat civique”, prédit Chris Osgood.
Un citoyen au coin de la rue
L’un des concepts intéressants mis en avant à cette conférence est justement celui du “micro-bénévolat” (en anglais, “micro-volunteerism”). Le principe est simple, et part d’un double constat : d’une part, il y a de plus en plus de monde aujourd’hui qui possède un mobile dans sa poche, en ville ; d’autre part, peu de gens sont prêts à s’engager pleinement dans une action citoyenne. Le micro-bénévolat consiste à permettre à tout le monde de s’engager pour la collectivité, via quelques contributions momentanées et peu contraignantes.
“Vous êtes au coin d’une rue, vous avez une demi-heure devant vous : que pouvez-vous faire pour aider votre ville, votre quartier ? Comment vous rendre utile, sans vous engager outre mesure ?”, voilà la question qui se pose. L’idée est d’encourager chacun à redevenir citoyen.
“Cela peut passer par le jeu : avec des badges spécifiques, par exemple”, souligne l’intervenant.
“Les gens ont aujourd’hui peur de ce que les marques et les gouvernements font de leurs données”, rappelle Chris Volinsky, des laboratoires de recherche AT&T. “J’ai l’espoir que cela changera un jour, avec la succession de bonnes initiatives de ce type. C’est par des exemples concrets qui montrent que les données récoltées peuvent améliorer la vie quotidienne que l’on fera progresser les choses”, estime-t-il. Avec un système d’opt-in, permettant à chacun de choisir ce qu’il divulgue concrètement comme information (en terme de géo-localisation notamment).
L’enjeu étant de réveiller chez les urbains leur conscience citoyenne ; utiliser les nouvelles technologies pour renforcer le sentiment d’appartenance à la collectivité.
Des applications mobiles citoyennes
Personnellement, je suis assez convaincu par cette idée de micro-engagement citoyen. Si je pouvais savoir, via une application mobile dédiée, qu’une collecte de vêtements se préparait à quelques centaines de mètres de mon domicile, ou bien qu’un appel aux dons était lancé aux habitants de mon quartier, ou encore qu’une bonne action pouvait être effectuée à deux pâtés de maison, ou enfin qu’en envoyant des données physiques sur mon environnement je pouvais aider la municipalité, je serais pour ma part tout à fait partant.
Avec une nuance, toutefois, peut-être.
Dans les rues d’Austin, pendant le SxSW, il y avait une association qui distribuait aux passants un dollar, accompagné d’un badge et d’une note qui disait en substance : “donnez ce dollar au premier nécessiteux que vous rencontrez, et faites le savoir en tweetant votre bonne action avec le hashtag correspondant à notre site Internet”.
Une initiative moins convaincante, pour le coup. De part son caractère publicitaire, notamment, qui fait un peu “mélange des genres”. Même si elle a eu le mérite d’enrichir un SDF ce jour là. Ce dernier, ayant vu tous ces dollars distribués, a simplement demandé à tous les passants qu’il rencontrait d’en récolter un pour le lui donner immédiatement. Et vu le nombre de personnes qui déambulaient par cette après-midi ensoleillée aux alentours du festival, cette idée a probablement été pour lui assez lucrative.
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