Êtes-vous nomophobe ? Voici le titre d’un article du Huffington Post, sur lequel j’étais tombé il y a quelques jours. Comme vous peut-être, je ne savais pas ce que ce terme signifiait. La nomophobie désigne simplement le fait d’être privé trop longtemps de son mobile, et l’angoisse qui en résulte directement (no-mobile-phobie).
Une étude de la société technologique SecurEnvoy indique ainsi que les deux tiers des usagers mobiles souffriraient de “nomophobie”. “Sur mille personnes interrogées, 66 % d’entre elles reconnaissent avoir ressentis des symptômes d’anxiété lorsqu’elles étaient séparées de leur téléphone, la catégorie des 18-24 ans étant la plus touchée”.
Phobie des temps modernes
En y réfléchissant bien, c’est assez normal. “En moyenne, dans les pays occidentaux, une personne consulte son portable 150 fois par jour”, indique l’article du Huffington Post, en se fondant sur une autre étude. Le chiffre est peut-être exagéré, mais l’omniprésence du mobile n’est plus à démontrer. Cette angoisse est donc naturelle, d'une certaine façon.
Sur le fond, en ce qui me concerne, je suis parfois nomophobe, parfois nomophile. Je n’en fais pas une maladie. L’important est, je crois, de savoir faire la part des choses. On en revient aux mêmes préceptes ancestraux : l’essentiel est de ne pas céder à la démesure.
Il faut aussi savoir reconnaître certaines réalités. Il y avait des gazouillis bien avant Twitter, par exemple.
J’étais ce week-end à la campagne, et je m’en suis bien rendu compte. La vraie vie a du bon. Mais il faudrait dépasser l’antagonisme habituel. Nous n’en sommes plus là ; quand on sait par exemple qu’Apple a dépassé aujourd’hui les 25 milliards de téléchargements sur l’App Store. C’est aussi ça, la vraie vie. C’est aussi ça, notre présent, désormais.
Anachorètes connectés
Et puis, dans l’absolu, si j’ai toujours cette envie de partir loin, très loin, parfois - fantasme éternel -, j’aimerais bien partir avec mon téléphone, au moins. La tour d’ivoire sans wifi, très peu pour moi. Si j’ai la chance, un jour, en essuyant avec un piteux sopalin la lampe poussiéreuse d’un génie généreux, faisant apparaître ce dernier devant moi, de pouvoir exaucer trois vœux, croyez-bien que j’exigerais quelques conditions préalables. Je ne suis pas né de la dernière pluie. J'ai appris à déchiffrer les contrats des opérateurs mobiles. La plage, ok, le soleil, ok, la légère brise, ok, les pieds dans la mer translucide, ok, mais aussi un accès Internet haut-débit pour narguer mes amis parisiens.
À ce propos, je suis certain que lorsqu'il y aura la 4G, partout, et que les portables se rechargeront d'eux-mêmes, le nombre de voyageurs intrépides explosera.
J’en connais qui se reconnaîtront dans ce dernier paragraphe. Un, en particulier, qui fait ses vacances sur le dos d'un dromadaire, en tweetant les photos (prises sur Instagram) des oasis resplendissantes, au beau milieu d'un désert paradisiaque, pour les envoyer à ses collègues de bureau.
Mais il a raison. Autant profiter pleinement des chances qui nous sont offertes.
D'autant qu'encore une fois, je sais faire la part des choses.
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