De nouveau, la nuit.
Je suis assis dans mon lit, sous la couette bien qu'habillé, les pieds près du radiateur.
Je me souviens d'une phrase de Rimbaud qui dit redouter l'hiver “parce que c'est la saison du confort”. J'y repense souvent, quand le froid s'installe. Mais la manière dont je suis emmitouflé à l'instant, dans cette chambre assez petite (il faut bien le dire) et pas tout à fait bien rangée (pardon maman), me donne plus le sentiment que je suis dans une cabane perdue au beau milieu de la nuit que dans le confort d'une maison bourgeoise, ou d'un château de province.
Mais j'aime les cabanes. Surtout en hiver, d'ailleurs.
J'ai en mémoire un voyage de classe - en CM1 je crois -, où nos accompagnateurs nous lisaient, chaque soir, un roman qui racontait l'aventure de plusieurs personnages isolés dans une maisonette au cœur de l'hiver, dans un pays enneigé. C'est un souvenir diffus, aujourd'hui, mais je me rappelle du plaisir que j'avais éprouvé en imaginant cette situation : se retrouver à attendre avec quelques personnes que l'on aime que la nuit s'achève, blottis au coin du feu dans une habitation en bois, la porte bloquée par la neige.
J'aime les veillées. J'aime les discussions dans la nuit.
Il n'est pas question de confort, en l'occurrence. Il s'agit de vivre pleinement l'instant présent.
Comme on contemple la montagne, avant de descendre une piste à ski.
Comme on s'endort dans un train à couchettes, bercé par les mouvements et les bruits du wagon qui file dans la nuit.
Comme on attend un enfant à la sortie de l'école.
Comme on scrute le ciel nocturne à l'affût des étoiles filantes, en août, allongés dans le jardin.
Comme on prend conscience, soudainement, au cours d'une soirée à parler et à rire avec des amis qui nous sont chers, que la vie est belle.
Comme on s'arrête un moment, sur un pont parisien, pour voir couler la Seine.
Tous ces moments où l'on s'arrête, où l'on prend du recul. Où l'on prend le temps de regarder.
“Il nous faut regarder ce qu'il y a de beau, le ciel gris ou bleuté, les filles au bord de l'eau. L'ami qu'on sait fidèle, le soleil de demain, le vol d'une hirondelle, le bateau qui revient”.
Inspiré de "Méditer, jour après jour" de Christophe André?
RépondreSupprimerNon, mais je vais y jeter un œil, du coup. :)
RépondreSupprimerLe roman cité :
RépondreSupprimer'' Les enfants de Noé '' de Jean Joubert
Editions Médium
Excellent livre! j'ai adoré.
En effet, je parlais bien de ce livre ! Merci beaucoup, et vive Internet !
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