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Grand froid et crème brûlée

Le grand froid hivernal est enfin là. Ce lundi inaugure le début d'un épisode glacial, qui se traduira par une forte chute des températures - jusqu'à -15°C le matin en plaine - et un temps sec, selon Météo Consult. Le retour à des températures plus clémentes est prévu vers le 8 février”.
Lire cette information dans les journaux est une chose. La vivre concrètement le soir-même, en rentrant chez soi, en est une autre. Je sors du bus, et je sens immédiatement ce long frisson me parcourir l’échine. La nuit enveloppe tout. Le vent balaye le trottoir glacé. Je renoue l’écharpe autour de mon cou, je ferme le long manteau qui me protège, je baisse le front et je presse le pas en affrontant les bourrasques hivernales (note étymologique : « bourrasque vient de l’italien “bora” : “vent du Nord” »). Je n’ai que trois cents mètres à parcourir - quatre cents tout au plus -, mais je suis déjà gelé.

Volutes d'hiver

J’aime la fumée qui sort de ma bouche, à chaque respiration. Je me concentre sur ce plaisir enfantin pour mieux supporter une nouvelle gifle de ce vent venu du Nord. On oublie à Paris que l’on se trouve parfois sur le flanc d'une colline, à la merci de courants d’air cinglants.

Je n'ai pas de gants (“la belle affaire”). Donc, forcément, mes mains sont froides. Mais cela pourrait être pire : je bénie l’inventeur des poches. Un génie, cet homme là (ou cette femme, peut-être ?). Il fait partie de ces quelques créateurs fantastiques : l’inventeur de l’ascenseur, du télé-siège, de la sucette, de la machine à laver, de l’anti-moustique, ou encore de la couette. Ces rares inventions qui, à elles-seules, rendent le monde meilleur.
À l’inverse, il m’arrive souvent de maudire le créateur de la fermeture éclair qui coince, de la chaîne à vélo qui déraille, des semelles qui prennent l’eau. Sans parler de celui qui décida un beau jour que l’on travaillerait 5 jours par semaine, pour se reposer les deux jours restants (le contraire aurait été souhaitable).

Fraîches pensées

Et encore, je me limite ici aux inventions humaines. Je veux dire par là que je mets volontairement de côté les absurdités du monde dans lequel nous vivons : comment en effet expliquer l’existence des angines, des rhumes, des torticolis, des crampes, des caries, des aphtes ? Je sais bien que les voies du Seigneur sont impénétrables, mais tout de même… Si l’homme est à l’image de Dieu, il y a quelques problèmes au niveau des finitions. Je ne fais que constater.




J’arrive chez moi. Je referme aussi vite que possible la porte et me jette vers le radiateur.
Mes doigts réchauffés, je peux écrire ce billet de blog. Ce faisant, je fige quelques mots sur Internet. 

Briser la glace


On parle souvent de “Toile”, ou bien de “Réseau”, mais on pourrait tout aussi bien parler de “glace”. Les sites
online ne sont que des produits surgelés que l’on décongèle le temps d’une visite, ou le temps d’une lecture.

Quand on parle de blog personnel, en particulier, il s'agit bien de cela. En se connectant la première fois, on se trouve confronté à une couche dure et froide, inconnue, dans laquelle se reflète éventuellement notre image. Il s'agit de
briser la glace, peu à peu.

Pour filer la métaphore, et me faire comprendre, j
’aimerais que ce blog soit une crème brulée. Une fine couche caramélisée sur laquelle chacun viendrait tapoter avec sa propre cuiller, pour en tester la résistance, avant de découvrir sa saveur réelle. 
Mais je m’engage beaucoup en disant cela.

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