Accéder au contenu principal

Quitter Facebook est un fantasme

Oh my God, nous sommes bientôt en 2012, et Facebook existe toujours. Contrairement à ce que certains annonçaient, le réseau social ne faiblit pas. 772 millions de personnes sont désormais inscrites sur la plate-forme communautaire, 24 millions en France (soit près d'un internaute sur deux). Les marques y sont omniprésentes. Les médias en parlent sans cesse, et sans l'intervention du CSA les JT de France 2 ou de TF1 continueraient (comme c'est le cas sur CNN ou BBC) de faire de la publicité pour LE réseau social par excellence. 

Facebook : une évidence

Pour la nouvelle génération, Facebook est aussi naturel que le téléphone portable ou Internet. C'est comme si ça avait toujours existé, et ça existera sans doute toujours. Ce n'est pas impossible, d'ailleurs. Tous les empires sont habituellement périssables, mais comme je le disais dans un précédent article, ce site suit le chemin du Frigidaire : il devient générique, incontournable, éternel.


Pas de déclin, si ce n'est quelques abandons momentanés, à la marge, qui permettent d'alimenter la Presse, avec des papiers absurdes sur la fin programmée de ce réseau social. Ça fait vendre des journaux, mais ça ne correspond à aucune tendance tangible.

Certains se trompent encore lourdement, à ce sujet, à mon sens.

Facebook n'est pas Myspace. Tout le monde est sur Facebook aujourd'hui, ce qui n'a jamais été le cas de Myspace. Ce n'est pas le même cas de figure, par conséquent. D'autant que Facebook sait se réinventer. De nouvelles TimeLine arrivent de façon imminente. La plate-forme évolue, s'adapte aux attentes des utilisateurs - en partie au moins -, modifie son interface, intègre de nouveaux modules, prend une avance certaine sur Google. Sans mentionner tout ce qui se passe derrière, en coulisse, toutes les informations que le site recueille, analyse, classifie.

Déconnexion

Bien entendu, l'envie de se déconnecter une fois pour toutes se fait de plus en plus forte. Nombreux sont ceux qui y pensent, souvent. Les inquiétudes liées à la protection de la vie privée amènent beaucoup de personnes à se méfier du réseau social. L'aspect chronophage de la plate-forme renforce ce sentiment. À force d'y passer un temps fou, on finit par douter. Et certaines informations que l'on apprend au détour d'un reportage nous choquent même, quelque fois.


Et puis, pour avoir passé plusieurs week-end loin de toutes bornes Wifi, dans des lieux où la 3G ne passe pas, et ne passera peut-être jamais, où le réseau mobile est pour un moment encore inexistant, je sais le bien que cela procure de vivre pleinement dans le monde réel

La cure de désintoxication facebookienne, quand elle est raisonnablement éphémère, fait le plus grand bien. 

Facebook : l'opium du peuple moderne

Même si parfois, le retour aux nouvelles technologies est quelque peu douloureux.

Ce qui est sûr, en tout cas, c'est que cette envie communément partagée de quitter Facebook un beau matin est un fantasme. Cela ne fait que confirmer la prééminence des réseaux sociaux dans la vie moderne. 

C'est, au pire, une chimère, au mieux une envie semblable à celle que l'on éprouve dans la vie professionnelle : abandonner tout, repartir de zéro.
Ou pour citer les poètes : “partir un jour, sans détour, effacer notre amour, sans se retourner, ne pas regretter, garder les instants qu'on a volés”.

L'illusion du départ volontaire

En vérité, rares sont les personnes qui le font concrètement. L'exode n'est pas pour demain, à mon avis. Cette envie est souvent une illusion de liberté. C'est une façon de se rassurer, de se dire que tout est possible. Mais dans le fond, ça n'a pas de grand impact.

La plupart des personnes se font à l'idée que les plates-formes communautaires sont pérennes, qu'à leur intimité s'ajoute une extimité, qu'il est désormais nécessaire de soigner son personal branding. Nous sommes aujourd'hui aussi l'image que nous donnons de nous-mêmes, et tous ces liens que nous tissons en ligne contribuent à construire notre identité. 


Tous les chiffres convergent : Facebook a un bel avenir devant lui. 
Pour le meilleur, et pour le pire. Le tout est de réfléchir à ce que ça implique, de rester prudent, et, du coup, de chercher à en tirer le meilleur, autant que possible.


Commentaires

  1. Excellent et terriblement vrai, merci :)

    RépondreSupprimer
  2. Un fantasme ? Non, pas pour tout le monde. Attention aux généralités. Je me suis inscrit sur Facebook en octobre 2007 et j'ai quitté ce réseau (a)social le 1er janvier 2010. Je n'y suis jamais revenu et je n'y reviendrai sans doute jamais: mes raisons de départ sont diverses et je ne les développerai pas ici. J'ai d'ailleurs rejoint la communauté des non-inscrits sur Facebook (nous sommes un peu plus de 6 milliards pour information, pas grand monde quoi).
    Je ne suis pas sûr de partager ton analyse sur la pérennité de ce site: je ne t'apprends rien en observant que les générations se suivent et ne se ressemblent pas. Chacune remettant en cause son aînée. Qui nous dit que nos enfants n'arriveront pas à une saturation de communication numérique et se révolteront lors d'un mai 2028 à coups de slogans "Facebook est mort, ne consommez pas son cadavre" ou encore "J'aime pas écrire sur les murs" (véritable slogan de Mai 68, finalement très clairvoyant).
    Enfin, contrairement au téléphone portable ou Internet que tu cites en comparaison, Facebook n'est pas une invention technologique, ni un nouvel outil de communication, elle est un simple service commercial issue d'une invention. un service astucieux, il est vrai. Addictif ,aussi. Mais rien de plus. Ce service est donc tout à fait périssable car dispensable, pouvant être remplacé par un autre.
    En résumé, je ne nie pas la place importante prise par Facebook auprès d'une certaine population: je pense juste que ce succès est "générationnel" et aucunement éternel (donc, à mon avis, le site est encore là pour quelque années mais pas pour le prochain siècle contrairement au téléphone ou internet). A suivre !

    signé: un cousin.

    RépondreSupprimer
  3. J'avais pris soin de préciser que "quelques rares personnes" ont en effet franchi le pas. Tu en fais donc partie.

    Je ne pense pas du tout qu'il s'agisse d'un succès "générationnel" ou que Facebook ne concerne qu'"une certaine population". C'est en ce sens qu'il est différent de la plupart des réseaux sociaux le précédent. Facebook est mainstream. 1 milliard de personnes, bientôt. C'est colossal. Il y a toutes le catégories socio-professionnelles et tous les âges sur cette plate-forme.

    Mais de toute façon, pour savoir s'il perdurera (comme je le pense) ou non (comme tu le penses), il suffit d'attendre. L'avenir nous le dira !

    RépondreSupprimer
  4. Merci pour ta réponse.
    J'ai en effet hâte de voir comment sera analysée dans le futur cette période de l'histoire d'internet.

    RépondreSupprimer
  5. + : on peut construire une image en dehors de toute réalité tangible. Une image virtuelle

    - : Elle pê super mauvaise cette image. Justement ...

    Ps: je connais également qq personnes qui n'ont fait qu'un rbef passage sur ce réseau. Je pense qu'une fois que je serai sortie de mon adulescence ( qui dure ...), je ferai de même.

    RépondreSupprimer
  6. Tout est possible. Encore une fois, certaines personnes réalisent leur fantasme. Elles sont rares, simplement. :)

    RépondreSupprimer
  7. Alors je fais partie des rares personnes qui se sont "suicidée" de Facebook. Désolée le mot macabre, mais, il s'agit bien d'une sorte de suicide social, car aujourd'hui tout le monde y est. Mon choix de vivre sans Facebook est donc marginal. J'ai toujours détestée le conformisme social, même quand j'étais adolescente. J'ai passée 2 ans sur Facebook, complètement accro, comme un drogué pourrait témoigner de son passé de drogué. Mais chaque fois que je me connectait, même si j'avais du plaisir à lire les liens, à publier des vidéos, à rire des blagues de mes "amis", j'avais en même temps le sentiment d'une grande solitude et d'un malaise. J'ai beaucoup déprimée à cause de Facebook. Et je ne me suis pas seulement fait des amis. J'ai eu aussi des ennemis. Il devrait y avoir un bouton pour cela "Acceptez-vous la demande pour être l'ennemi d'un tel?". Il manque aussi le bouton "J'aime pas" avec un pouce à l'envers. J'ai été témoin de la cyberintimidation que des ados de ma famille subissent là-dessus. Au moins dans mon temps on se faisait écoeurer seulement à l'école. Maintenant l'intimidation continue 24h sur 24, même dans la chambre de l'enfant la nuit. Certains ont été poussés au suicide, à cause de Facebook. Pour cette raison, ma fille ne sera jamais sur Facebook, tant qu'elle ne sera pas majeure. Je vais exercer un contrôle stricte pour qu'elle ne s'ouvre jamais un compte Facebook à mon insu.

    RépondreSupprimer
  8. Ce n'est pas contradictoire avec mon billet. Et concernant le pouce inversé et le bouton "j'aime pas", il y a cet autre billet : http://basilesegalen.blogspot.fr/2011/02/petite-histoire-autour-du-like.html

    Bonne journée !

    RépondreSupprimer

Enregistrer un commentaire

Posts les plus consultés de ce blog

L'image parle d'elle-même

35 % des Français interrogés par TNS Sofres  (en juin 2012) affirment avoir déjà posté plus de 100 photos en ligne. Un chiffre parmi d'autres, bien sûr, mais qui illustre assez bien notre époque : celle de la prééminence de l'image . La photographie avait déjà une place de choix dans les années 1980 ou 1990, c'est certain, mais elle est devenue une pièce maîtresse de la conversation .  L'image, élément de langage Comme le souligne très justement André Gunthert dans cet article  (que je vous recommande) : “ pour la première fois de son histoire, la photographie traditionnelle est devenue une pratique de niche au sein d'un univers plus vaste, structuré par les mobiles et les réseaux sociaux : l'image communicante ”. Et de rappeler qu'en France, en 2011, il se vendait 4,6 millions d'appareils photographiques (deux fois plus qu'à la fin des années 1990) contre 12 millions de smartphones. Le mobile et les réseaux sociaux sont de fait les

Remplacer “Week-End” par un mot français

T ous les lundis, on trouve des gens pour se plaindre . Et tous les vendredis, des gens pour se réjouir. C'est devenu habituel, commun, systématique. Des sites ont même été créés dans cet esprit.  http://estcequecestbientotleweekend.fr par exemple. Bien entendu, il y a des exceptions . Il y a des gens qui ne travaillent pas, ou des gens qui travaillent à temps partiel, voire des gens qui travaillent uniquement le week-end. Cela étant, on retrouve quand même ce rythme, éternel.  Ce qui est assez fou, quand on y pense, c'est que depuis le temps, personne n'a été capable en France de trouver un nom pour désigner le week-end . On utilise ce terme 150 fois par an, dans nos conversations, sans chercher à le remplacer par une expression made in France .  Bientôt le SamDim “Fin de semaine”, la traduction littérale de “week-end” désigne finalement le jeudi et le vendredi, dans le langage courant. Il faut donc trouver autre chose :  Je propose Samdim

Tu es mon amour depuis tant d'années

T u es mon amour depuis tant d'années, Mon vertige devant tant d'attente, Que rien ne peut vieillir, froidir ; Même ce qui attendait notre mort, Ou lentement sut nous combattre, Même ce qui nous est étranger, Et mes éclipses et mes retours. Fermée comme un volet de buis, Une extrême chance compacte Est notre chaîne de montagnes, Notre comprimante splendeur. Je dis chance, ô ma martelée ; Chacun de nous peut recevoir La part de mystère de l'autre Sans en répandre le secret ; Et la douleur qui vient d'ailleurs Trouve enfin sa séparation Dans la chair de notre unité, Trouve enfin sa route solaire Au centre de notre nuée Qu'elle déchire et recommence. Je dis chance comme je le sens. Tu as élevé le sommet Que devra franchir mon attente Quand demain disparaîtra. René Char