11 septembre 2011.
Il pleut sur Paris.
Il pleut sur Paris.
Il y a dix ans, jour pour jour, je m'en souviens, le ciel était magnifique, au petit matin. Le soleil étincelait. Ce genre de journée où rien ne semble pouvoir arriver ; où tout est suspendu. Quand il fait beau, on imagine mal le pire. On a tort, sur ce point. Le pire se soucie assez peu des conditions météorologiques.
Dix ans déjà. C'était un mardi. C'est aujourd'hui un dimanche. Je revenais d'une journée de cours au Lycée Lavoisier, assez calme à vrai dire, pour retrouver ma mère, devant la télévision, en plein après-midi. Ça m'avait d'emblée surpris. Et puis je l'avais vu pleurer.
Je crois que je ne savais même pas ce qu'était le World Trade Center à l'époque. J'étais allé à New-York pourtant, quelques années plus tôt, mais je n'avais pas retenu le nom de toutes ces tours dressées vers le ciel. En quelques minutes, j'apprenais leur existence, pour de bon, et elles disparaissaient aussitôt en fumée.
Virgules noires
Dix ans plus tard, je suis chez moi, j'entends les gouttes qui tombent sur le toit, et j'écoute de la musique en écrivant ce billet. Je repense à tout ça. Je ne prends pas la peine de regarder toutes ces images déjà vues et revues des centaines de fois. Mais elles sont présentes à mon esprit, de même que ces virgules noires, pour reprendre les mots du billet du chroniqueur Pierre Georges : c'est le témoignage d'un courtier spectateur des attentats depuis la terrasse de son appartement : “tout ce que je peux vous dire, c'est que je ne pourrai plus jamais fermer les yeux sans voir les virgules tombant du ciel, ces corps courbés comme des virgules noires sautant par douzaines des fenêtres du bâtiment, les virgules qui parfois se tenaient la main”.
Point final
Dix ans après. Dix ans. “Le hasard fait que j'y pense parfois, et toujours, je m'étonne”. Ainsi je fus, ainsi j'ai vécu, moi, ces dix longues années. Il s'est passé tant de choses. J'avais quinze ans le 11 septembre 2001. J'ignorais tout ce que l'avenir me réservait. Je n'imaginais pas toutes les situations auxquelles j'allais être confronté. Je pensais être au XXIe siècle, mais j'y entrais à peine en vérité. Les historiens s'empressaient en effet de changer l'Histoire : la chute du mur de Berlin, n'était pas un point final, en fin de compte, mais un point virgule. Le point final, le point noir qui venait achever le XXe siècle, était bien ce 11 septembre 2001.
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