L'annonce d'une nouvelle fonction développée par Facebook est passée quelque peu inaperçue la semaine dernière. Heureusement, le blog presse-citron a relayé l'information : un module, baptisé “On this day in…” (pour le moment réservé à quelques utilisateurs anglophones), affichera bientôt les statuts passés des membres du réseau. En substance, vous verrez le(s) statut(s) que vous aviez le même jour, il y a un ou deux ans.
Ça n'a l'air de rien comme ça, mais c'est un changement majeur qui mérite d'être souligné. Cette évolution signifie que Facebook cherche à s'inscrire dans l'Histoire.
Du newsfeed au parchemin
Sur les réseaux sociaux, nous sommes habitués à l'immédiat. Un message vient en chasser un autre. Rien n'est plus vieux que le tweet de la veille. Je ne sais pas si vous avez déjà pris le temps de remonter dans vos plus anciens échanges facebookiens, pour savoir ce que vous disiez dans les premiers temps de votre inscription facebookienne. L'expérience est enrichissante, croyez-moi.
Le newsfeed est trop souvent perçu comme un mur d'actualités, sans cesse renouvelées. Mais c'est en fait un long parchemin qu'il est possible de dérouler, pour se replonger dans le passé.
Le newsfeed est trop souvent perçu comme un mur d'actualités, sans cesse renouvelées. Mais c'est en fait un long parchemin qu'il est possible de dérouler, pour se replonger dans le passé.
La généalogie du média social
Plus qu'un trombinoscope, Facebook est un immense arbre généalogique. Vous pouvez d'ores et déjà renseigner sur le réseau social vos liens de parenté, et même annoncer un enfant qui n'est pas encore né ! L'arbre généalogique qui se constitue est par ailleurs un arbre augmenté, qui permettra à vos arrières-arrières-petits enfants de savoir quels étaient leurs ancêtres, ce qu'ils faisaient dans la vie, ce qu'ils aimaient à leur époque, mais aussi de connaître les amis de leurs ancêtres, et de consulter le récit de leurs (nombreuses) interactions.
Car Facebook n'est pas un palimpseste. Ce que l'on écrit sur les réseaux sociaux ne vient pas remplacer les propos que l'on tenait précédemment. Même si c'est l'illusion que nous donnent les plates-formes communautaires. Tout ce que vous dites peut être retenu contre vous. Littéralement.
Presse-citron ne s'y trompe d'ailleurs pas :
“Les archives de Facebook, comme celles des autres réseaux sociaux, sont une véritable mine d'or et, au-delà de l'opportunité supplémentaire d'augmenter encore un peu plus son nombre de pages vues, le site a certainement une idée en tête quant à la valorisation des statuts passés de ses membres”.
Privilégier le long terme
Il faut, une fois pour toutes, comprendre que les médias sociaux ne se limitent pas au temps court, à l'immédiateté, à l'instantané. Quelque soit l'usage que l'on en fait (privé, politique ou professionnel), il faut approcher les plates-formes communautaires en gardant à l'esprit que toute démarche doit s'inscrire dans le long terme. C'est un point fondamental sur lequel est plusieurs fois revenu Rich Mintz, vice président de blue state digital, l'agence qui a géré la campagne d'Obama en 2008 sur les médias sociaux :
“We encourage storytelling, both in the macro sense (campaigns that have a long-terme arc) and in the micro (messages that are rooted in the concrete experiences of real constituents and beneficiaries)”.
Les médias sociaux ne sont pas aussi superficiels qu'ils apparaissent de prime abord.
Le point positif, c'est qu'à partir du moment où nous en avons conscience, nous pouvons aujourd'hui nous projeter dans le futur, écrire à nos descendants, construire le récit des années que nous vivons, ces années de changement, où les hommes se sont mis à former un grand réseau mondial.
Parabole
Une autre manière de dire cela : nous pouvons aujourd'hui diriger nos messages comme les scientifiques orientent leurs immenses paraboles, pour s'adresser aux éventuels extra-terrestres qui vivent à plusieurs années lumières de notre galaxie.
Ce que nous disons, ce que nous échangeons, ce que nous partageons, sera un jour réceptionné, disséqué, analysé. Il faut mesurer ce que cela implique. Les réseaux sociaux engendrent une forme de responsabilité.
Et si, parmi les gens qui viennent de lire ces quelques lignes écrites sur ce blog, il y a un arrière-arrière-arrière petit fils qui s'intéresse à son arrière-arrière-arrière grand père, sache que je suis fier de toi, et j'espère que nous ne t'avons pas déçu, nous, la génération Y, désormais six pieds sous terre.
Bel article, Basile...
RépondreSupprimerC'est effrayant de la part de Facebook de changer les règles du jeu en cours de route. Un statut quelconque écrit il y a un an à la même date est dénué de sens un an après, quel en est l'intérêt ?
Sans même penser que cela peut être très gênant suivant le contenu et le contexte... il va y avoir des drames. Le côté positif est que ça évitera peut-être à certains d'écrire n'importe quoi désormais sachant que ça peut ressortir dans un an. :) Mais on y perdra en liberté de ton tout de même...
Merci ! :)
RépondreSupprimerBasile
RépondreSupprimerYou are so smart!!!!
Sometimes, It disturbs me
Because next to you I feel how simple I am.....and sometimes so stupid.....
Sorry, I wanted to tell you....
Maryvonne
Une Révolution virtuelle
RépondreSupprimerIl en va de même pour la Révolution
Tant qu'elle est virtuelle... elle reste la plus belle.
Bien plus vraie que le réel
Mais le jour où elle se réalise...
Elle fait disparaître le rêve avec elle
Tous les sculpteurs de Révolutions
survivent aujourd'hui grâce au Net...
Vous pouvez les suivre, ils ne vous suivront pas
Parce qu'ils n'échangeront jamais leur possible avec votre réel...
Ni leur poème avec vos problèmes...
http://www.lejournaldepersonne.com/2011/08/une-revolution-virtuelle/