C'est peut-être ce jour ferié, si proche, ou cette soirée, si calme. Ces gens qui partaient en voyage, au beau milieu de la semaine, et que je croisais tout à l'heure, dans la rue. Ils tiraient leurs valises, ou portaient à bout de bras leurs bagages ; où partaient-ils ? qu'importe ! Le plaisir pouvait se lire sur leur visage. C'est peut-être la pluie, qui ne tombe pas, depuis si longtemps. C'est peut-être d'avoir lu quelques pages d'Hemingway, Le vieil homme et la mer, dans le bus qui me ramenait chez moi, en fin de journée. C'est peut-être d'écouter cette chanson, seul, dans cet appartement. C'est peut-être de voir la nuit, à travers la fenêtre.
Je me souviens de mes années d'études, autant dire d'hier, de toutes ces dissertations, qu'il fallait terminer pour le lendemain. Toutes ces nuits passées à réfléchir, écrire, boire du café, lire et relire, puis écrire de nouveau. Ces matins fatigués.
Me voilà devant une fenêtre, de nouveau, et là encore, il fait nuit. Il y a des choses qui ne changent pas.
Change we can believe in
Dire qu'il y a cinquante ans, il n'y avait pas d'ordinateur personnel. Dire qu'il y a trente ans, il n'y avait pas Internet. Dire qu'il y a quinze ans, il n'y avait pas Google. Dire qu'il y a dix ans, il n'y avait pas Facebook. Dire qu'il y a cinq ans, il n'y avait pas Twitter.
Avant tout cela, il y avait les livres, les soirées arrosées, les 33 tours, le téléphone fixe, la télévision.
Tout cela, je l'ai déjà dit sur ce blog. C'est une pensée simple, mais qui m'obsède un peu, sans doute. L'arrivée de nouveaux outils, de nouveaux usages, la transformation relative de nos vies quotidiennes. Face à tout ce qui perdure, tout ce qui demeure. La difficulté de mesurer, de toucher du doigt, le changement. De savoir ce qu'il implique vraiment.
Là où ça se manifeste beaucoup, c'est vis-à-vis de la politique. À mon âge, je n'ai véritablement connu que Chirac et Sarkozy à la présidence de la France. Mais j'ai suivi des heures et des heures de débats passionnés, je connais grosso modo l'ensemble de la classe politique française. Je regarde régulièrement, depuis mes 16 ans, les séances de Questions au Gouvernement, à l'Assemblée nationale. Je sais - ou pense savoir - ce qui est en jeu. Cela dit, quelque chose m'échappe. Comme si l'essentiel me glissait entre les doigts. Je ne saurais dire où l'on en est vraiment.
Like a rolling stone
Mon Macbook, sur les genoux, est là pour me rappeler que certaines choses changent, que des progrès sont faits, pour simplifier la vie, faciliter la communication. Et les livres, dans ma bibliothèque, autour de moi, sont là pour me rappeler que beaucoup de choses ne changent pas.
Mon Macbook, sur les genoux, est là pour me rappeler que certaines choses changent, que des progrès sont faits, pour simplifier la vie, faciliter la communication. Et les livres, dans ma bibliothèque, autour de moi, sont là pour me rappeler que beaucoup de choses ne changent pas.
“Celui qui croit pouvoir mesurer le temps avec les saisons
Est un vieillard déjà qui ne sait regarder qu'en arrière
On se perd à ces changements comme la roue et la poussière
Le feuillage à chaque printemps revient nous cacher l'horizon
Que le temps devant vous jeunes gens est immense et qu'il est court
À quoi sert-il vraiment de dire une telle banalité
Ah prenez-le donc comme il vient comme un refrain jamais chanté
Comme un ciel que rien ne gêne une femme qui dit 'Pour toujours'”
Je dois lire et relire Aragon, encore et encore.
Il faut savoir prendre le temps comme il vient. Se reposer un peu, plutôt que se poser de questions. Passer une soirée tranquille, à écouter Bob Dylan, ou Les Beatles, comme le faisaient peut-être mes parents. Profiter d'un moment agréable, la veille d'un jour férié.
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