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Se résoudre à changer

Nous nous approchons des fêtes de fin d'année qui s'accompagnent, comme chacun sait, de ces résolutions annuelles, coutumières, bien que rarement respectées. Les résolutions amènent à considérer un temps déterminé, un cycle qui s'achève, pour en tirer des leçons et se résoudre à changer quelque chose. Mais c'est aussi et surtout s'engager à suivre les préceptes que l'on vient de se fixer soi-même pour l'année à venir. Si l'on y pense, c'est donc l'acte responsable dans tous les sens du terme.
A l'heure de leur engagement sociétal, les entreprises pourraient d'ailleurs elles-aussi faire la liste de leurs propres résolutions. Mais cela impliquerait d'accepter un état de fait insatisfaisant, ce qui est une étape quelque peu douloureuse, surtout à la fin de l'année, quand il s'agit de faire le bilan. 

Mais les résolutions visent surtout le changement des habitudes. Et c'est en ce sens qu'elles constituent un acte, cette fois, révolutionnaire. Tourner la page, changer de direction, sortir des sentiers battus, se perdre en sous-bois, accepter de prendre des risques. Ou cesser d'en prendre, au contraire. Chercher une certaine stabilité, se concentrer, établir des priorités, se fixer des échéances. Quelque soit le but visé, toute résolution doit être une révolution. 

Pourquoi changer ses habitudes ? 

Au-delà de l'aspect romantique qui consiste à vouloir partir à l'aventure - aspect qui est à relativiser, d'ailleurs, car étymologiquement l'aventure désigne “ce qui doit advenir, ce qui doit arriver”, et ne comporte donc aucun risque réel -, rien n'est plus étrange que de vouloir rompre avec ses habitudes. L'habitude, c'est aller au travail, voir sa famille, ses amis, sortir prendre un verre en soirée, se divertir de temps à autres, ou encore se brosser les dents. Bref, des agissements quotidiens qui sont fondés sur le bon sens. Et participent a priori au bien être individuel.


Pourquoi s'en défaire, donc, au moins en partie ? Pourquoi créer l'ouragan et ne pas se contenter du ciel dégagé, sans nuages, de ce temps alcyonien, de cette douce quiétude, qui nous berçait jusqu'alors ?
Parce que les habitudes avilissent l'homme. Elles transforment sa liberté, sa créativité, en une succession de réflexes qui ne sont pas sans fondement, mais qui ont besoin d'être reconsidérés régulièrement. 
“Un être qui s'habitue à tout, voilà, je pense, la meilleure définition que l'on puisse donner de l'homme”. Dostoïevski.
C'est surtout pour cela qu'il faut penser, dès aujourd'hui, aux résolutions de fin d'année. Les résolutions sont là pour défaire les nœuds les plus emmêlés, pour repenser les systèmes les plus solidement organisés, pour réinventer, en somme. Et rien n'est plus vrai : l'homme est un être qui s'habitue à tout. On s'habitue aussi à la misère, au désespoir, à la violence, au mépris. On s'habitue au meilleur, mais aussi au pire. Et dans les deux cas c'est préjudiciable.

Donc voilà. 

L'idée n'est pas forcément de changer les règles du jeu, mais de changer de stratégie. Et je vous pose la question : 
Quelles seront vos résolutions, cette année ? Quel changement voulez-vous pour votre vie ? A quels bouleversements êtes-vous prêts ?

Commentaires

  1. Il y a tellement à changer en nous, pour voir les autres changer ensemble : la révolution est d’abord intérieure.

    De plus il est s’il est facile de changer un enfant, c’est autre chose pour un adulte beaucoup plus lourd : toutes les femmes savent ça !

    Vincent

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  2. Génial la citation de Dostoïevski.
    J'ai trouvé de quoi méditer pour ce soir, mon errance sur internet n'a pas été vaine, bien au contraire !

    Excellent blog en tout cas,

    DK

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  3. Merci beaucoup, vraiment ! Revenez quand vous voulez !

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