Il est parfois difficile d'être à l'aube de la vie active. Les possibles sont encore nombreux. Chaque choix annihile immédiatement, et la plupart du temps irrémédiablement, toutes les autres options. Tant de choses sont encore en devenir. Bien entendu, j'imagine qu'on se pose encore des questions après vingt ans de carrière, sur le sens de son métier, de sa vie professionnelle. Voire de sa vie tout court, d'ailleurs.
Mais lorsque l'on se situe à la fin de la tranche d'âge 18-24 ans, période charnière selon les sociologues, c'est-à-dire lorsque la jeunesse se dilue peu à peu dans ce qui lui succède, un vertige naît du sentiment que c'est ici et maintenant que tout se joue.
Encore une fois, je crois qu'il arrive à tout le monde - quelque soit sa condition, sa profession, son statut, sa situation familiale - de désirer, certains soirs, tout recommencer. Repartir de zéro, comme on dit. Bien entendu, très peu de personnes franchissent le pas. Car au fond, d'autres motifs les poussent à conserver ce qu'ils ont acquis. Et ce désir ne vient finalement que prolonger un sentiment d'insatisfaction, propre à chacun. Sentiment fondamental, d'ailleurs, puisqu'il nourrit la volonté de changement.
Devenir quelqu'un.
En écoutant le discours de Steve Jobs, tenu à Stanford, on comprend l'importance de suivre son instinct, de faire ce qui nous plaît vraiment, de faire confiance à ses intuitions :
“When I was 17, I read a quote that went something like : “if you live each day as if it was your last, someday you'll most certainly be right”. It made an impression on me, and since then, for the past 33 years, I have looked in the mirror every morning and asked myself : “if today were the last dat of my life, would I want to do what I am about to do today ?” And whenever the answer has been “no” for too many days in a row, I know I need to change something”.
Forcément, ça fait réfléchir. Surtout venant de quelqu'un ayant transformé profondément et durablement le monde. Et Nietzsche aussi, avec sa formule : “Fais ce que tu sais faire, deviens ce que tu es”. Cela pourrait être rassurant en un sens. Mais qui suis-je ? Sinon quelqu'un.
Droit dans le mur.
Ce qu'il faut, c'est ne pas aller droit dans le mur. Se reposer souvent la question. Celle du sens de sa vie.
Et puis désacraliser celle des autres aussi. Car on oublie trop souvent que chacun doute, hésite, regrette, désire, espère. Je lis en ce moment l'ouvrage d'Hugues Le Bret, qui était le directeur de la communication de la Société Générale, au moment de l'Affaire Kerviel. J'imagine ce que cela a dû représenter pour lui. Être au sommet de sa carrière, et découvrir soudain qu'une crise sans précédent risque de bouleverser tout ce qui semblait si solide, quelques jours auparavant.
Affronter l'imprévisible.
Une chance.
Ce qu'il faut, c'est surtout garder confiance. Si tout est encore possible, alors tout va bien. Tant que je suis en devenir, il n'y a rien à craindre, rien à regretter. C'est une chance, finalement, d'être à l'aube de la vie active. Une chance inouïe.
Merci ;)
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