Ceci n'est pas un essai sur le journalisme contemporain. Il y aurait sans doute beaucoup à dire, mais je n'ai pas cette prétention ce soir. Ni le courage d'ailleurs. Je n'ai pas le courage de relever toutes les imprécisions, de partager toutes mes déceptions, de revenir sur toutes mes désillusions. D'autant qu'il me faudrait aussi nuancer, pour dire à quel point j'aime ce mot - “journalisme”. Observer le monde, diffuser sans cesse de l'information, transmettre, analyser, divulguer, rapporter, interroger… C'est un métier fondamental.
Mais un métier qui n'a de sens que dans l'investigation, dans la création ou la recherche incessante de l'information, et la vérification des sources, aussi.
Le journalisme au fond du gouffre
Seulement, aujourd'hui, le journalisme, c'est aussi ça :
Et quatre jours plus tard :
Il s'agit d'un exemple. Mais ça m'a fait un drôle d'effet tout à l'heure. Et j'ai pensé à la famille de ce spéléologue, pleine d'espoir. Soudainement meurtrie. Puis, en rentrant chez moi, dans la rue, je me disais que cette histoire tragique ne me concernait pas. J'en voulais aux journalistes qui s'étaient empressés de crier “il est vivant !”, sans mesurer leurs propos.
Et d'ailleurs, je ne tiens pas à ce que l'on me parle de ces drames du quotidien. Je veux que l'on m'informe, et par là même que l'on me forme. Je veux savoir ce qui se passe dans le monde, je veux que l'on m'explique précisément les enjeux relatifs à la réforme des retraites, par exemple, que l'on replace chaque information dans son contexte historique, économique, culturel. Je veux découvrir de nouveaux artistes, de nouveaux projets, de nouvelles idées. Comprendre ce qui se passe.
Fait d'automne
Ce fait divers ne me concerne tout simplement pas. J'ai conscience qu'il s'agit d'un débat vieux d'au moins un siècle. Les faits divers font vendre. Ils émeuvent, et d'une certaine façon permettent de suivre ce qui advient autour de soi, de s'identifier, d'imaginer différentes situations. Ils font parler, et parfois - trop rarement - réfléchir.
Je préfère simplement lire les anecdotes sur Twitter que dans les journaux, apprendre un fait divers dans les médias sociaux que dans les médias tout courts. Pour se réinventer, dans un contexte en pleine évolution, où l'information devient l'apanage de tout un chacun, le journalisme doit se démarquer par la valeur des contenus qu'il divulgue. Ne pas céder à la facilité.
La campagne de publicité de France Info est belle, mais sonne faux. Le journalisme devrait être une vocation. Et devrait surtout le rester. Une information reprise immédiatement, répétée sans scrupule, toutes les quinze minutes, ce n'est pas du journalisme. Je ne sais pas ce que c'est. Mais ce n'est pas du journalisme.
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