Accéder au contenu principal

Up up and away

Je connais ça. Il est sept heure du matin. Le soleil se lève tout juste. La lumière du jour pénètre peu à peu dans ma chambre mais je ne m'en rends pas compte. Je dors encore. La tête plongée dans l'oreiller. Tout est suspendu. J'aime me représenter cet instant, ces quelques minutes qui précèdent le moment fatidique où le réveil finit par s'enclencher. Car il s'enclenche, l'imbécile. Julie tend le bras, et met fin à cette sonnerie qui vient d'interrompre mes rêves. Elle allume mécaniquement la radio. France Inter. 
Et se rendort aussitôt. 

Je suis fatigué. Au bout de trois quarts d'heure, je finis par émerger un peu. Je prends une décision : aujourd'hui sera une bonne journée. Je me lève, je descends prendre une douche. Je pense à tous ces autres, qui au même moment font à peu près les mêmes gestes que moi, dans leur chez eux. Je me souviens d'une étude selon laquelle un Français sur cinq a le sentiment de n'avoir pas assez dormi lorsqu'il s'éveille, chaque matin.
Ça me rassure un peu.

Paris dans le soleil du matin

Julie dort encore. Je lui souhaite une bonne journée, et je sors dans la rue. Je me dirige vers l'arrêt de bus. 12 minutes d'attente. Tant pis, aujourd'hui, j'irai à pieds. Me voici bientôt sur les quais. Il y a déjà pas mal de monde qui se presse. Mais je m'arrête un instant. Paris est magnifique à cette heure-ci. Je me penche vers la Seine, sur le pont des arts. Je regarde le fleuve, ses courants.
“I'll be up up and away, up up and away, 'cause in the end they'll judge me anyway, so whatever” 
Je serai bientôt assis à mon bureau. Le visage des personnes que je croise dans la rue confirme les statistiques précédemment évoquées. C'est fou comme ils semblent tous en représentation. Ils jouent leur rôle, comme d'habitude. Mais le matin, la plupart des personnes peinent à paraître telles qu'elles aimeraient qu'on les perçoive. Forcément.



Ça me les rend plus sympathiques. Et puis je suis comme elles, avec mes cheveux en épis, séchés par le vent frais du matin, les yeux encore plein de sommeil sans doute.

Prendre le temps de ne pas aller vite

Oui je connais ça. Je connais ces matins. Je les connais et je les aime. J'aime ces moments où la journée n'a pas encore vraiment commencé. Où l'on peut prendre le temps de ne pas aller vite, pour paraphraser le titre d'un article que j'ai lu aujourd'hui. Où l'on est libre d'errer un peu, de regarder ce qui se passe autour de soi, et qui passe. Qui sont tous ces gens, où vont-ils, avec leurs propres problèmes, leurs propres angoisses, leurs propres rêves, leurs préoccupations, leurs espérances, leurs souvenirs, leurs regrets, leur conscience.

Et vous, qui venez de me lire. Avec votre vie, vos convictions, vos remords, vos douleurs, vos errances, vos matins.

Prenez s'il vous plaît le temps de ne pas aller vite, demain, en vous levant. Juste le temps de vivre. 

Commentaires

Enregistrer un commentaire

Posts les plus consultés de ce blog

Derrière les mots et les images des médias sociaux

J amais il n'y avait eu de si longues périodes de silence sur mon blog. Aucun post depuis février. Je crois que j'avais besoin de prendre un peu de recul. De m'interroger aussi sur ma présence en ligne. Allez savoir si c'est l'âge - le mien, d'ailleurs, ou celui d'Internet - ou autre chose encore : mais on finit par se poser des questions sur ces mots qu'on donne à lire. C'est sans doute à force de consulter les plateformes sociales. Toutes ces images, ces vidéos, ces sourires affichés, qu'on voit quotidiennement. En sachant aussi ce qu'ils cachent. C'est notre époque : nous possédons des outils de plus en plus performants pour communiquer, mais ce que nous communiquons est souvent loin de ce qui nous anime véritablement. Souvent loin de ce que nous sommes. En résulte sans doute parfois un certain mal-être, qui est compensé par ces mêmes outils numériques nous offrant des solutions de méditation ou des cures de sommeil. C'est la montr

Puisqu'il faut vivre avec

J e ne sais même pas par où il faudrait commencer. Ce n'est finalement pas simple d'écrire face à une situation inédite, imprévisible, surprenante, historique. J'ai plutôt l'habitude de décrire ici de petits aspects du quotidien, de partager des réflexions personnelles, sans grande prétention. Soudain, le monde s'écroule. Tenir un blog en pleine crise sanitaire mondiale apparaît quelque peu illusoire.  J'écrivais pourtant, sur ce même blog, il y a plusieurs années maintenant, ce sentiment de vivre depuis ma naissance le temps des crises perpétuelles . J'entendais parler depuis toujours - du moins était-ce mon sentiment - de crise. Crise de l'éducation nationale, crise du travail, crise identitaire, crise de l'hôpital, crise écologique bien sûr, crise migratoire, crise économique, j'en passe et des meilleurs. La crise était devenue la norme. Et c'est de nouveau le cas, il me semble. Nous vivons l'époque d'une crise continue.

Ni pour, ni contre, bien au contraire

C ela fait un moment qu'aucun mot n'a été écrit sur ce blog. Les années passent. Je perds cette - bonne - habitude. Plus globalement, je partage moins mes pensées, mes envies, mes doutes sur les médias sociaux. J'ai un peu du mal à me positionner dans les débats quotidiens, un peu du mal à entrer dans l'arène des polémiques diverses, des controverses incessantes. Je n'ai plus envie ni d'être pour, ni d'être contre. Je ne réclame ni la démission d'untel, ni ne m'emballe pour le respect de la présomption d'innocence.  Je rêve de nuance, de précision, d'intelligence, de juste mesure. Je rêve de discussions, de conversations, où l'on prend autant de l'autre qu'on ne contribue soi-même à faire avancer une juste cause. Les duels exacerbés, systématiques, m'usent peu à peu. J'imagine que je ne suis pas le seul dans cette situation, à contempler sans mot dire les violentes échauffourées des plateformes sociales. Le temps de la jou