“Ecrire, au fond, c'est ranger le vrac de sa vie”. Voilà l'une des premières phrases du film Les Poupées Russes, si je me souviens bien.
Pour ma part, je ne sais pas si je range grand chose en écrivant sur ce blog. J'ai presque le sentiment inverse. Chaque post est un objet, un vêtement que j'envoie valser quelque part dans la pièce, en observant l'endroit où il retombe. Je cherche à créer un désordre, pour effectuer éventuellement une sorte d'inventaire, ensuite. Voir ce qui prend plus de place.
Je tente de laisser libre cours à ma pensée. Je pose mes doigts sur le clavier, et je laisse mon esprit errer, tergiverser, imaginer. Je tente de raconter ma vie en quelques détails, pour laisser une trace aussi. De temps en temps je tiens à transmettre quelques bonnes idées, quelques informations substantielles. Et parfois, au contraire, je ne fais qu'écrire ma journée. Comme ça.
Aujourd'hui.
Nous sommes partis, Julie et moi, sous une fine pluie de novembre - qui est tombée sur Paris ce quinze août. Inconscients, nous nous sommes mis en tête d'aller voir l'exposition des photographies de Willy Ronis. Un dimanche, au beau milieu de l'été. Une fois arrivés sur les quais, nous avons vu la foule qui se pressait pour acheter des billets. Un couple s'embrassait à l'entrée, salement. L'attente pour la visite devait être approximativement de trois heures et demi, selon mes rapides estimations.
Bref. Nous avons rebroussé chemin. La pluie s'est mise à tomber plus fort encore. Nous nous sommes abrités un instant dans une librairie. Puis avons de nouveau affrontés les éléments. Arrivés rue des écoles, alors qu'un torrent se déversait sur nous, nous sommes entrés dans le cinéma Le Champo (dont je suis maire sur Foursquare, pour le plus grand désespoir de Lila). Il était seize heures. Nous arrivions pile au moment de la séance d'un film dont je voyais l'affiche chaque soir en rentrant du boulot. Taking off, de Milos Forman. “Le meilleur film de Milos Forman fait en et sur l'Amérique”, comme l'écrit Village Voice. Nous sommes entrés dans la salle obscure. Les pieds trempés. Nous avons enlevé nos chaussures.
Un bon film, très années soixante dix, mais vraiment divertissant. Une famille américaine traditionnelle perdue, dont la fille unique décide un beau jour, à quinze ans, de s'en aller.
Puis nous sommes rentrés chez nous. Et nous nous sommes changés.
De Willy Ronis à Milos Forman, donc. Nous n'avons pas perdu au change, finalement.
Désormais, Julie bouquine dans le lit. J'écoute de la musique. Et j'écris.
Il pleut encore doucement sur la ville.
Vous auriez pu aller boire un café dans le canapé du Reflet pour vous réchauffer. C'est drôle je crois que mon lundi 16 août ressemblait terriblement à votre 15 août. La rue Champollion comme refuge, le même film, et quelques jours plus tard, Willy Ronis, enfin.
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