Accéder au contenu principal

Demain tout ira mieux, tu verras…

Ce qui est assez bien vu, dans le film D'amour et d'eau fraîche, c'est la situation dans laquelle se trouve une personne qui finit ses études, et qui expérimente les aléas de la vie active (par opposition à la vie passive qu'elle avait passée jusque là, bien entendu). Je suis à la fois très bien placé pour en parler, et m'en rendre compte, et paradoxalement trop bien lotis, sans doute, pour quelqu'un du même âge, puisque travailler à l'Atelier BNP Paribas offre une vie réellement agréable. 


Mais tout de même. J'ai peur d'oublier. C'est si facile d'oublier. Tous ces instants d'incertitude, de doutes, ce sentiment d'errance perpétuelle. Faire cinq ou six ans d'études pour se poser les mêmes questions, en fin de compte : où est-ce que j'en suis ? Qu'est-ce que j'ai envie de faire, fondamentalement ? Les choix que je fais sont-ils les bons ?…

Et cette impression de devoir faire ses preuves, sans cesse. Comme un déficit généralisé de confiance dans une société qui anticipe souvent le pire. C'est sans doute le prix à payer dans un monde qui se croit en crise perpétuelle. Depuis ma naissance, je ne compte plus le nombre de discours pessimistes, déclinistes, anxiogènes. Si je prends au hasard n'importe quel sujet politique, n'importe quel thème sociétal - l'école, la santé, la justice, le travail, la recherche, l'industrie, la sécurité, que sais-je encore ? - je ne peux que constater un état de crise permanent, au moins proclamé. 

A force, il devient pesant d'entendre que "le niveau baisse", que "les caisses sont vides", que "l'on ne peut accueillir toute la misère du monde", et toutes ces autres phrases déprimantes. Surtout lorsque l'on a vingt quatre ans, que l'on a envie de construire, de développer des projets innovants, et que l'on voit aussi tout ce qui a déjà fait progresser l'humanité. 

Le pessimisme de la raison. L'optimisme de l'action. 

Pendant ce temps, le mois d'août à Paris se termine doucement. Je commence à découvrir pleinement Twitter (@basiloo), et c'est assez plaisant. Les sujets ne pleuvent pas, à l'Atelier, mais il y a quand même de quoi écrire des articles intéressants, et mener des interviews avec des chercheurs et des consultants marketing. Tout se passe bien, et je peux faire abstraction des incertitudes qui préexistent. 

Commentaires

  1. ahah, good for you !

    En ce qui me concerne, les inquiétudes ne pré-existent pas.. je suis en plein dedans. Et c'est un mélange étrange entre angoisse, espoir et sentiment de se connaître chaque jour un peu mieux.

    Signé: TuSaisQui

    RépondreSupprimer
  2. D'Amour et d'eau fraîche est d'une justesse déconcertante sur toutes ces incertitudes du début de l'âge adulte que nous vivons (plus ou moins;). Et Anaïs Dumoustier est une actrice brillante, fidèle au cinéma d'art et d'essai français, applaudie par les Cahiers du Cinéma: ne la perdons pas de vue!

    RépondreSupprimer

Enregistrer un commentaire

Posts les plus consultés de ce blog

Derrière les mots et les images des médias sociaux

J amais il n'y avait eu de si longues périodes de silence sur mon blog. Aucun post depuis février. Je crois que j'avais besoin de prendre un peu de recul. De m'interroger aussi sur ma présence en ligne. Allez savoir si c'est l'âge - le mien, d'ailleurs, ou celui d'Internet - ou autre chose encore : mais on finit par se poser des questions sur ces mots qu'on donne à lire. C'est sans doute à force de consulter les plateformes sociales. Toutes ces images, ces vidéos, ces sourires affichés, qu'on voit quotidiennement. En sachant aussi ce qu'ils cachent. C'est notre époque : nous possédons des outils de plus en plus performants pour communiquer, mais ce que nous communiquons est souvent loin de ce qui nous anime véritablement. Souvent loin de ce que nous sommes. En résulte sans doute parfois un certain mal-être, qui est compensé par ces mêmes outils numériques nous offrant des solutions de méditation ou des cures de sommeil. C'est la montr

Puisqu'il faut vivre avec

J e ne sais même pas par où il faudrait commencer. Ce n'est finalement pas simple d'écrire face à une situation inédite, imprévisible, surprenante, historique. J'ai plutôt l'habitude de décrire ici de petits aspects du quotidien, de partager des réflexions personnelles, sans grande prétention. Soudain, le monde s'écroule. Tenir un blog en pleine crise sanitaire mondiale apparaît quelque peu illusoire.  J'écrivais pourtant, sur ce même blog, il y a plusieurs années maintenant, ce sentiment de vivre depuis ma naissance le temps des crises perpétuelles . J'entendais parler depuis toujours - du moins était-ce mon sentiment - de crise. Crise de l'éducation nationale, crise du travail, crise identitaire, crise de l'hôpital, crise écologique bien sûr, crise migratoire, crise économique, j'en passe et des meilleurs. La crise était devenue la norme. Et c'est de nouveau le cas, il me semble. Nous vivons l'époque d'une crise continue.

Pourquoi j'aime la Poésie

J e ne saurais expliquer comment m'est venue l'envie d'apprendre par cœur des poèmes, quand j'avais une dizaine d'années. Bien sûr, il y avait des livres chez moi. Des bibliothèques qui accordaient une place non négligeable à la poésie. Bien sûr, j'aimais ces recueils, qui s'ouvraient d'eux-mêmes aux pages les plus précieuses, offrant ces mots qui disaient tout  en disant  peu . " Il faut peu de mots pour dire l'essentiel ". Bien sûr, j'avais la chance d'avoir, à portée de la main, Aragon, Baudelaire, Éluard, Reverdy ou Rimbaud. Et puis, il y avait mon arrière-grand-père, cet héritage culturel transmis dès le plus jeune âge. Ce Victor Segalen dont je pouvais parcourir les ouvrages originaux. Pour sentir ce papier proche d'un papyrus, soigneusement plié entre deux plaques de bois fines que tenait jointes un ruban. Ça aide, d'avoir ainsi dès l'enfance une admiration pour l'écriture. Et une raison supplémentaire