Deux jours, deux nuits, en Bretagne. Là où mon arrière-grand-père, médecin de marine, poète, écrivain, est mort, à la fin du mois de mai 1919 : dans la forêt de Huelgoat. Il part en promenade. On le retrouve mort, trois jours plus tard, au pied d'un arbre. A la main, un exemplaire d'Hamlet - c'est du moins ce que dit la légende. A la jambe, une blessure profonde. Il s'est fait un garrot, mais cela n'a pas suffit. Il a perdu trop de sang.
Quelques jours plus tôt, il écrivait :
“Je n'ai aucune maladie connue, décelable. Et cependant, tout se passe comme si j'étais gravement atteint. Je ne me pèse plus. Je ne m'occupe plus de remèdes. Je constate simplement que la vie s'éloigne de moi…”.
Nombreux sont ceux qui ont pensé qu'il s'était donné la mort - ou du moins laissé mourir.
Peu importe, sans doute. Une chose est sûre : il est difficile de trouver un meilleur lieu pour mourir. Cette forêt bretonne est magnifique. A quelques mètres de l'endroit où on l'a retrouvé chante une rivière. Un vrai trou de verdure. Je l'imagine, la tête reposant sur un tapis de mousse, observant le soleil au travers des feuilles. Serein.
Mais peut-être était-ce bien différent. Peut-être a-t-il crié en vain, pleuré, supplié… Peut-être l'agonie a-t-elle été terrible. Je vais malgré tout rester sur ma première pensée, et me tenir à cette vision romantique. Ces quelques jours ont été très agréables, en tout cas. Merci, Victor, de n'être pas mort ailleurs, dans un lieu morne et froid.
C'est la première version qui est la bonne.
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